un moment de solitude

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J'avais dû pleurer longtemps car dès que je repris mes esprits, je regardais l'heure. Il était déjà midi trente-cinq ! Je n'avais aucune chance de trouver un restaurant à cette heure, mais ça ne me dérangeait pas, je n'avais pas faim de toute façon. J'avais juste envie de dormir. De dormir longtemps, de ne jamais me réveiller. Mais j'avais un billet d'avion pour ce soir, je ne devais pas le louper, Michael risquait de se fâcher sinon. Je rangeai les quelques affaires que l'on m'avait donné en me demandant si Bastien en serait capable aussi maintenant qu'il était tout seul. En tout cas s'il survivait au poison, bien sûr. Penser à lui me rappela ses paroles dans la forêt : « Il n'y a que les combattants qui peuvent résister et aller jusqu'au bout de leurs rêves non ? » Si, et je comptais bien me battre. J'allais tout faire pour retrouver Bastien, s'il était encore en vie, quoi qu'il arrive. Je me souvenais de son adresse qu'il m'avait dit dans le temple, mais il n'avait pas la mienne. Tant pis, je serais celle qui fera le premier pas. Je devais aussi penser à trouver un nouvel emploi, et ça, ça risquait d'être compliqué. Alimentée d'une énergie nouvelle, je me relevai et descendis dans la rue. Autant profiter un peu de la ville et du climat bien chaud de l'été ici avant de devoir repartir dans les rues polluées de Paris. Même si j'avais pas mal bénéficié de ce soleil ces derniers jours, je savais que celui-ci était le dernier avant très longtemps, puisque je ne pouvais plus compter sur mon travail pour me payer le voyage.

- Attachez vos ceintures, nous allons décoller en direction de la France dans moins de cinq minutes, fit la même voix automatique qu'à l'aller.

Un homme plutôt bien ventru s'installa à côté de moi. Il ne me jeta même pas un regard et sortit son téléphone de sa poche. Le mien devait être en petit morceau maintenant... J'avais encore assez d'économies pour m'en racheter un neuf même si je devais faire attention, car le loyer était cher à Paris et si je ne trouvais pas de boulot dans le mois, je risquais de finir à la rue ou chez mes parents.

Le trajet se passa sans incident. Je peux profiter du paysage malgré mon vertige (je me suis obligée de regarder par le hublot au début, puis j'ai tout de suite adoré ce que je voyais et je ne pouvais plus en décrocher). Bastien me manquait quand même. J'aurai vraiment voulu voir les forêts avec lui à mes côtés, qu'on s'amuse à essayer de retrouver où nous avion été et aussi pour qu'on puisse en parler ensemble. Ne pas savoir où il était m'était insupportable, mais je connaissais aussi la patience, et, pour le moment, elle me disait de rentrer chez moi, que je pourrais probablement établir un meilleur plan dans mon logement, sans le bruit de fond du moteur et des discutions autour de moi. J'avais hâte de rentrer.

Il était onze heures du matin quand j'ouvris la porte de mon immeuble. J'avais réussi à dormir dans l'avion et j'en étais ravie. J'allais pouvoir préparer mon plan au plus vite : trouver Bastien.

Le soir arrivé, j'avais déjà mon plan et un bout de papier. Je griffonnais le plus proprement possible l'adresse de mon logement, suivi d'un petit message :

Je t'attendrai le plus longtemps possible, j'espère que tu ne m'as pas déjà oublié, je t'aime, Laure.

Il était vrai que nous ne nous connaissions que depuis une semaine, tout cela était très court pour une vraie relation. Peut-être étais-je seulement une simple amourette pour lui, rien de plus le temps de survivre ? J'allais bientôt être fixée. Je mettrai ce mot dans sa boite à lettre le lendemain matin.


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