un événement inattendu

perte de mémoire

- Laure, ça va ?

Une voix que je ne reconnaissais pas me fit revenir à la réalité. Où étais-je ? Les murs blancs autour de moi me rappelaient quelque chose, sans que je ne réussisse à savoir quoi. Je voulus me relever, mais je m'aperçus que je ne le pouvais pas. J'étais clouée dans un lit. Je pouvais bouger la tête, ce qui me permis de découvrir le lieu dans lequel j'étais. Il y avait des machines, et une autre personne qui me regardait avec inquiétude. C'était un homme. Il était aussi allongé sur un lit qui devait être semblable au mien, car on était à la même hauteur.

- Laure, ça va ? répéta-t-il.

- Je... Oui... Où suis-je ? Qui êtes-vous ?

- Elle a subi un choc quand ils lui sont tombés dessus, elle a perdu une grosse partie de ses souvenirs. Certains devraient revenir naturellement, et, pour d'autres, il faudra prendre rendez-vous avec un spécialiste ou faire travailler sa mémoire.

- Tu ne te souviens plus de moi ? demanda l'homme alité.

- Je... Non... Où nous nous sommes vus ?

- Vous pouvez aussi essayer de lui parler de souvenirs que vous avez eu tous les deux, peut-être que certaines choses lui reviendront de cette manière.

- Je suis Bastien ! Le crash, le temple, ton voyage en tant qu'aventurière, tout cela ne te dit rien ?

J'avais beau me remuer les méninges, je ne voyais pas de quoi voulait parler cette personne. Quelques choses confuses me revinrent, mais rien de plus. Le dénommé Bastien continua à me raconter une aventure totalement farfelue, peut-être même sortie tout droit de son imagination où lui et moi vivions des aventures tous les deux perdus en pleine jungle. Plusieurs choses me revenaient, en tout cas assez pour savoir qu'il ne me mentait pas, mais le reste était encore très flou. Et j'avais affreusement mal à la tête ! Je sentais qu'elle était entourée de bandages, mais je ne savais même plus pourquoi...

- Tu as été frappée plusieurs fois sur la tête après avoir fait une chute de trois mètres de hauteur. Les urgences sont arrivées juste à temps, tu étais à deux doigts d'y laisser ta peau.

L'image d'une ferme avec des gens peu amicaux me reviens en mémoire. Mais que c'était-il passé à l'intérieur ?

- On risque d'en avoir pour un bout de temps à te faire retrouver souvenirs... soupira Bastien. Mais ne t'en fais pas, je serais là pour t'aider.

- Alors ? Quoi de nouveaux aujourd'hui ? de demanda Bastien dès que j'ouvris les yeux.

- Je me souviens de quelques cours d'histoires que je donnai à mes élèves en attendant que tu rentres. Je me rappelle surtout que j'ai oublié de vérifier s'ils ont fait signer leur évaluation !

Cela faisait déjà trois semaines que j'étais sous surveillance à l'hôpital de Madrid, où je retrouvais à peu près un souvenir par jour. La plupart de mes blessures physiques étaient guéries, on m'avait apprise hier que le bébé allait bien, qu'on m'avait surtout frappée à la tête et que cela n'avait pas provoqué de choc pour l'enfant. Cette nouvelle était un tel miracle que j'avais dû mal à y croire. J'avais peur à chaque visite des médecins qu'ils m'annoncent que l'embryon n'avait pas tenu. En tout cas, je me souvenais d'à peu près tout ce que j'avais fait avec Bastien à quelques détails prêts. Le plus dur à retrouver, c'était mon enfance. Mes parents faisaient comme ils pouvaient pour m'aider mais ils ne se souvenaient pas de tout et presque rien ne me revenait. On m'avait dit qu'avec la patience, ce problème devrait être réglé, alors j'attendais. J'étais surtout contente de ne pas avoir été tuée dans cette bataille. Surtout que je me rappelais maintenant que j'attendais un enfant.

- Le meilleur moyen à vous pour retrouver votre mémoire d'enfance, il suffit d'aller sur des lieux que vous avez connus. Demandez de l'aide à vos parents. Ils savent où vous vous promenez, ce que vous aimez faire, ou, au contraire, ce que vous n'aimez pas. Déjà, revenir chez vous devrais vous aider. J'estime donc que vous pouvez quitter l'hôpital d'ici demain matin. Vos blessures ont bien guéri, ça ne posera pas de problèmes, annonça le docteur en espagnol.

J'étais depuis ici depuis déjà deux mois, et j'allais enfin pouvoir être libérée ! Pour tuer le temps qui était toujours plus long j'avais décidé d'apprendre l'espagnol, et, avec l'aide d'autres patients, j'arrivais à parler la langue pas trop mal, juste qu'il fallait que les gens ne parlent pas trop vite et n'utilisent pas un vocabulaire trop compliqué. J'avais appris Bastien était sorti une semaine plus tôt, et il m'attendait dans un hôtel proche. Il venait me voir tous les jours. Je me dépêchais de lui envoyer un texto pour lui expliquer qu'on pourrait rentrer à Paris d'ici demain. Ça réponse ne tarda pas.

- C'est vrai ?

- Oui, pourquoi ? Tu crois que je t'ai menti ? m'étonnai-je. Je ne serai jamais capable de faire ça !

- Non pas du tout, c'est juste... que Paris m'a manqué ! J'ai hâte de rentrer ! s'enthousiasma-t-il.

- Commence à faire tes valises, il y a un vol demain matin à dix heures !

- Heu... Tu ne veux pas m'aider ? s'inquiéta Bastien.

- Tu es grands, tu vas te débrouiller. Mais je vérifierai demain matin que c'est pas trop n'importe quoi si tu veux.

- Merci <3, répondit-il.

Je posai mon téléphone sur la table de nuit. J'allais me promener un peu dans l'hôpital, voir si je ne pouvais pas apprendre quelques nouveaux mots. C'était toujours utile. Il y avait toujours un ou deux adultes qui trainaient dans la salle de repos. Comme j'en connaissais plein, il me semblait logique que je leur dise au revoir. On se parlait tous les jours depuis deux mois, je trouvais que cela ne se faisait pas de partir du jour au lendemain sans rien dire.