7. Colère

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                Le lendemain, ce fut un « toc » discret qui me réveilla. Les yeux à peine ouverts, je jetais un regard au petit réveil posé sur l'étagère. Je me rappelais brièvement avoir étudié la méthode du cadran à aiguilles en histoire, sans pour autant me rappeler de son fonctionnement... Et devais-je répondre, comme avec l'Assistant dont la voix me manquait déjà ? Je m'assis péniblement et lançais, pas très assurée :

- Euh... oui ?

- C'est l'heure du lever, Ealys, m'informa la voix grave d'Omer. Nous vous attendons en bas dans dix minutes pour le petit-déjeuner !

Au fur et à mesure de ses paroles, la mémoire de son discours de la veille me revint. Le président Bart lui-même devait nous rencontrer, aujourd'hui. Et j'allais prendre mon premier repas en compagnie des autres Missionnés...

Je me levais et m'approchais de la petite fenêtre. La lumière du jour pénétrait à flots, mais quand je me fus accoutumée à la lumière, je pus voir que le Nuage rôdait autour des bâtiments de la Base, plus sombre et épais que je ne l'ai jamais vu. Dégoutée, je me reculais d'un pas, et me cognais à une petite vasque blanche surmontée d'un bec en métal. Je la contemplais une seconde, perplexe. S'agissait-il d'un lavabo ? Prudente, j'approchais ma main du bec, et soudain, de l'eau jaillit, en un flux continu et régulier. Puis, lorsque je retirais ma paume, il s'arrêta tout aussi soudainement. Alors, après une seconde d'étonnement, je recueillis un peu d'eau et me l'appliquais sur le visage. Il n'y avait pas de miroir, mais en repensant à la couche de maquillage que je portais pour la Solution, je me remis à frotter frénétiquement. Mon visage ne tarda pas à me picoter et à rougir, mais au moins, je me sentais propre. Faute de mieux, je m'essuyais dans ma manche avant de me diriger vers la porte.

Je sortis de ma chambre en même temps que Tanya Blyth. Son beau visage doré était tiré, et de gros cernes violets cerclaient ses yeux en amande. Elle avait laissé ses cheveux noirs lâchés, et je découvris qu'ils étaient impeccablement lisses et très longs. La jeune femme leva les yeux, et esquissa un petit sourire :

- Salut, Ealys ! Je suis heureuse de faire ta connaissance... j'espère que nous deviendrons amies rapidement !

  Elle hocha la tête en se dirigeant vers le petit escalier du couloir, avant de déclarer timidement :

- Tu sais, à Freetown, je connais très bien ta tante, Cloy...

- C'est vrai ? Répondis-je, surprise. Comme c'est drôle ! Eh bien, nous avons déjà un point commun !

J'ajoutais avec une ironie teintée de résignation :

- En plus d'être des Riches qui doivent supporter de cohabiter avec ceux d'En-Bas...

- Oh, tu exagères, répondit Tanya. Ils ne peuvent pas être si terribles... s'ils ont été choisis, c'est sûrement qu'ils ont des aptitudes extraordinaires ! Nous ferions mieux de devenirs tous amis, tu ne crois pas ?

Je fis la moue, avant d'interroger :

- Tu penses que tu as été sélectionnée pourquoi, toi ?

- Oh, répondit-il avec un petit sourire, c'est sûrement à cause de mon métier... je suis psychologue depuis la fin de mes études. J'avais été major de promotion les quatre ans d'études, ajouta-t-elle avec un sourire discret. Ils ont peut-être pensé qu'avoir quelqu'un comme moi serait une bonne idée.

- Waouh... c'est sûrement ça, acquiesçais-je, impressionnée. Moi, je suis...

J'hésitais une seconde à lui révéler que c'était moi qui avais découvert EA. Puis je me ravisais... inutile de passer pour une arrogante dès le premier jour. Alors, changeant complètement de sujet, je lançais :

EA - La Solution [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant