56ÈME CHAPITRE

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Anna se réveilla avec un mal de tête lui donnant l'impression que son crâne allait se fissurer. Le martèlement horrible qui résonnait dans sa tête semblait ne pas vouloir cesser

La douleur redoubla et elle tint sa tête endolorie à deux mains. Elle serra les dents. En essayant de se lever, ses jambes flageolantes refusèrent. Donc elle se laissa coucher sur le lit le temps que la migraine passe

À plat dos sur le matelas, elle revit une partie de son passé défiler sous ses yeux. Elle poussa un cri strident en se recroquevilla, les jambes ramenées sur le front. Une vague de douleur lui vrilla les tempes

Depuis qu'elle a vu la silhouette d'Isaac dans le jardin, des cauchemars se sont succédé, d'avantage de mauvais souvenirs lui revenaient en mémoire. C'était une vraie torture

Une demie-heure plus tard, la migraine s'était calmée. Ses jambes arrivant à soutenir son corps. Elle se mit hors du lit, tourna le regard et tomba sur un bouquet de fleurs posé sur son chevet avec un bout de papier. Elle se saisit de la feuille et lit la petite note : "Prends ces fleurs en guise d'excuses pour le comportement de ma sœur. JE T'AIME" HOUSSEIN

Elle accueillit ce message froidement. Elle ne manifesta aucune émotion et se contenta juste d'aller au-devant du miroir

L'image qui s'y reflétait la dégoûtait au plus haut point. Un visage affligé, un Rimmel dégoulinant le long des joues, cheveux en bataille, un corps aux abois

Cela faisait des années qu'elle ne s'était plus revue sous cette apparence. Depuis qu'elle s'est sauvée des mains de son bourreau. Elle ressortait toujours réduite en pièces aux lendemains des ébats avec les clients infâmes d'Isaac. Elle voyait le reflet de l'ancienne Anna dans la glace

Précipitamment, elle s'enfonça dans la salle de bains. Une fois qu'elle a été débarrassée de cette image répugnante, elle noua ses cheveux sombre en chignon puis descendit les escaliers quatre à quatre avant de s'arrêter tout d'un coup devant le regard furibond de sa belle-mère

Elle ne l'a jamais regardé avec tant de mépris. Anna savait qu'elle était désormais en guerre avec toute la famille

MAMAN : Tu vas où ? Retrouver ton amant ? <<dit-elle de but en blanc>>

ANNA : Vous avez décidé de croire votre fille !

MAMAN : Oh Anna arrêtes ce jeu ! Avec moi tu peux montrer ton vrai visage. Tous ceux qui étaient présents hier savent que ma fille n'a rien inventé

ANNA : Sauf votre fils. Lui, il croit dur comme fer que je suis l'incarnation par excellence de la fidélité. Et c'est bien dommage pour vous !

Anna ne se départait jamais de son impitoyable sévérité quand il s'agissait de se défendre. La mère de Houssein n'avait pas en face d'elle la fille impuissante qui pleurait abondamment hier, mais plutôt la fille forte, fruit de longues années de souffrance

MAMAN : Tu ne l'aimes pas. Tu ne l'as jamais aimé

ANNA : C'est à Houssein d'en juger si je l'aime ou pas

MAMAN : Combien tu veux pour sortir de sa vie ? <<demanda-t-elle désespérément>>

Cette proposition prit Anna de court. Mais en même temps elle avait conscience des sacrifices qu'était prête à faire une mère pour le bonheur de son enfant

Soudain, elle se mit à imaginer si sa mère était encore de ce monde. Elle n'aurait sûrement pas connu une trajectoire aussi dramatique, elle ne serait pas devenue ce qu'elle est devenue. Son cœur se serra à l'idée que sa mère aurait pu la sauver de l'enfer

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