Chapitre 6: Avanie

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Les entraînements s'étaient arrêtés. Tous, aussi curieux les uns que les autres, s'étaient rassemblés autour de nous en un cercle à la limite du parfait. Ils me regardaient bizarrement et commençaient à ricaner.

— Bah ! Ce n'est qu'un faible, au fond, comme n'importe quel Ange finalement ! « Désolé, s'il te plaît », fit l'un d'eux, m'imitant à pleurnicher pour faire rire les autres.

Tous le suivirent dans son hilarité insultante. Je regardai le premier à s'être foutu de moi puis les autres, une pointe d'énervement prenant place dans mon regard. Mes yeux me brûlèrent un instant, alors que je les fixais, le visage lassé d'émotions. Et soudain, certains s'arrêtèrent de rire, ils s'étaient figés. D'autres, qui ne me regardaient pas réellement, continuèrent. Je tournais sur moi-même, pour tous les voir un par un. Ils riaient encore, ceux qui avaient arrêté un instant reprirent. Je roulai les yeux vers le ciel, désespéré. Le seul à ne pas s'esclaffer comme un dégénéré était Vensis. Il restait droit, regardant la scène, prêt à intervenir en cas de besoin.

Ce qu'ils ignoraient, c'était que pendant mes tours sur moi-même, j'avais concentré ma magie dans mes bras, l'air se gelait et devenait bleuâtre autour d'eux. Je sentais que mes bras ne pouvaient pas emmagasiner plus de force. Alors, avant qu'un des Démons ne puisse comprendre ce que je tramais, je levai mes deux bras à mi-hauteur. Avec les paumes de mes mains, je visai les Démons des deux côtés de mon corps.

Je balançai ma magie. Elle se transforma en glace après avoir dépassé la barrière de ma peau. Deux blocs de glace se créèrent de part et d'autre de moi et s'élargirent en arc de cercle, les attrapant au passage. La glace grandit et continua sa route jusqu'à ne plus former qu'un seul énorme cercle de glace, se culbutant devant et derrière moi dans un hurlement du froid. Sans s'être fait blesser, ils s'étaient tous retrouvés piégés, à l'exception de Vensis, qui était trop près de moi pour se faire attraper par mon sort.

Je ricanais de les voir ainsi. Leurs visages avaient effacé leurs sourires moqueurs qui m'énervaient, les remplaçant par une sorte de colère et de haine, sûrement accompagnée d'un peu d'étonnement. J'étais bien plus énervé qu'eux, et ça, la plupart semblait l'avoir enfin compris. Les bruits de la plaine avaient changé. Les cris de guerre au loin et les moqueries du cercle de Démons autour de moi étaient devenus des râles de mécontentement, et de douleur pour certains. Se faire comprimer dans de la glace n'était pas vraiment très confortable, pour avoir déjà essayé. De plus, ma glace était l'une des plus insupportables, je le savais très bien.

Le professeur lâcha un soupir d'exaspération.

— Elyan, lâche-les.

Je l'ignorai.

— Vous savez... commençai-je.

Leurs regards noirs posés sur moi, je les énervais, les yeux brillants d'amusement. Un sourire sadique aux lèvres, je continuai en ricanant.

— Si vous ne me faites pas confiance, ne faites pas tomber votre garde ainsi en me riant au nez, clamant que je suis faible. Je le hais peut-être de tout mon cœur, mais dois-je vous rappeler de qui je suis le descendant ? Et puis, si vous me pensez faible car vous avez déjà tué un ou deux de ces Anges aux ailes claires, vous oubliez qu'eux aussi ont tué des centaines de milliers d'entre vous.

— Elyan, ça suffit, dit Vensis.

Je soufflai.

— Vous n'aimez pas entendre la vérité, à ce que je vois.

— Elyan ! insista Vensis. J'ai dit : ça suffit.

J'eus un rictus mais je me tus. Je ne voulais pas risquer d'avoir des problèmes. Je touchais déjà la limite, mieux valait ne pas la franchir. Je me dirigeai vers l'homme qui m'avait ri au nez en premier et posai ma main sous son corps maintenu par la glace à plus d'un mètre au-dessus du sol, ses pieds au niveau de mon menton. Je levai la tête et fixai ses iris rouges, un sourire faussement placide aux lèvres. Je décongelai la glace, qui se transformait doucement en particules de magie que j'aspirais dans la paume de ma main. La magie remontait dans mon sang sans pour autant se mélanger à lui ; mes veines se firent noires jusqu'à ce qu'il ne reste plus un seul bout de glace.

Je dis tout de même une dernière chose avant de partir.

— Apprenez à digérer la vérité. Que voulez-vous ? C'est ce qu'on appelle une guerre, et la nôtre dure depuis toujours.

Le traître des AngesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant