Chapitre 5: L'entrainement

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Le sol de la plaine était couvert d'herbe sèche et piétinée. Par endroit, l'herbe prenait même feu, victime de la magie. On marcha vers un coin de la pleine, pratiquement vide. Certains nous regardaient, saluant d'abord Vensis avec toute la gentillesse du monde, puis m'observant sans rien dire, méfiants.

Vensis s'arrêta un peu à l'écart des autres, il se distança de quelques mètres et me sourit.

— Vas-y, attaque-moi. Jusqu'à ce que tu sois à terre de fatigue. Ça ne devrait pas durer longtemps.

Il me provoquait, et dire que ça ne fonctionnait pas serait mentir. Et, énervé qu'on ne me prenne pas au sérieux depuis mon arrivée deux jours plus tôt, je ne demandais rien d'autre que me défouler. Je fis circuler ma magie dans mon sang jusqu'à mon pied, la concentrant de plus en plus. En regardant le professeur dans les yeux. Un mince sourire aux lèvres, je frappai sur le sol, libérant ma glace qui s'élança vers lui et l'éleva à une quinzaine de mètres au-dessus du sol. Il se retrouva au sommet d'une montagne gelée, le visage tout à coup un peu moins moqueur.

— Ou jusqu'à ce que tu ne puisses plus sortir de là, lui répondis-je.

Malgré mon sarcasme, je n'étais pas rassuré. Avant de partir, ma magie était bien plus rapide, bien plus haute et froide. Entre ça et lorsque je n'avais pas senti Vensis arriver dans mon dos plus tôt dans la matinée, je commençais à croire que ma force était en chute libre.

Je regardai autour de moi, pensant à autre chose. Les combats avaient cessé. Les démons regardaient le glacier devant eux, inhabitués à en voir un en dehors du champ de bataille. Des regards malsains se tournèrent vers moi, prêts à m'attrapper et me tuer à la moindre occasion qui se présentait.

— Oups ? ironisai-je devant leurs regards de tueurs.

Ceux-ci devinrent plus durs encore, je compris rapidement qu'ils allaient m'attaquer si je ne faisais rien. Si je faisais quelque chose aussi, en fait. Je haussai les sourcils, soufflai, et roulai mes yeux vers le ciel. Ma main sur le glacier, je fis fondre la glace et aspirai la magie qui en sortait, me la réappropriant, laissant mes veines devenir noires quelques instants, jusqu'à ce que ma magie se disperse dans mon sang.

Quand Vensis posa enfin un pied sur le sol de la plaine, il sourit aux guerriers et leur expliqua que c'était lui qui m'avait demandé de l'attaquer et que je le ferais toute la matinée. Et enfin, ils nous laissèrent tranquille, reprenant leur entraînement. Mais il y avait toujours quelques regards.

— Ça ne s'arrêtera pas tout de suite, soufflai-je pour moi-même.

Vensis n'entendit pas.

— Effectivement, tu es bien le fils d'un Roi, affirma-t-il.

J'eus un frisson d'effroi en entendant cela. Que cette phrase pouvait m'énerver. D'entre toutes, elle était la pire insulte qu'on pouvait me dire. Il y avait bien longtemps que j'avais arrêté de me sentir comme son fils. Je n'avais que son sang dans mes veines, et c'était déjà trop pour moi. « Il a créé la chose qui le tuera ». Cette pensée me fit sourire. Je secouai la tête pour passer à autre chose, pour oublier ce frisson.

— On reprend ? demandai-je

— Je t'en prie. Montre-moi toutes tes attaques.

Je n'attendis rien d'autre pour faire ce qu'il m'ordonnait. Jusqu'à la fin de la matinée, je lançai attaques sur attaques, épuisant un peu plus ma magie à chaque seconde. Mes sorts éblouissaient mon professeur, le satisfaisaient, mais aucun ne me faisait le même effet. Vensis finit par le remarquer, à la tête que je faisais sûrement. Ou aux injures que je jetais dans le vide, à tout va, chaque fois que je lançais une attaque et que la magie qui en était l'énergie était bien moins forte qu'espéré.

Le traître des AngesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant