Chapitre 7: Les généraux

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J'étais assis à une table, en face du professeur. Tout le monde me fixait haineusement, à l'exception d'Eleed qui se moquait ouvertement de moi. Tous ceux qui n'étaient pas à l'entraînement de la première plaine au matin avaient entendu parler de l'incident d'une manière ou d'une autre. En quelques heures, la rumeur s'était répandue dans tout le château. Cette idée ne me mettait pas réellement de bonne humeur, mais les moqueries d'Eleed arrivait à me faire sourire malgré les regards assassins des autres guerriers. Le repas se faisait silencieux avant que Vensis ne finisse son assiette en un clin d'œil.

— Tu ne me l'avais pas montrée, cette technique, me reprocha-t-il.

— Je l'aurais fait si personne ne nous avait interrompu, me défendis-je.

Il n'y avait rien de plus réel, nous n'avions pas eu le temps de finir notre entraînement à cause du « petit » problème. Le professeur savait autant que moi que j'étais dans le vrai et n'ajouta rien. Et c'est avec un petit sourire satisfait que je pris une autre bouchée de mon repas.

J'étais arrivé à la dernière cuillerée quand quelqu'un frappa ses deux mains sur la table, ne ratant pas l'occasion de me faire sursauter. C'était une démone aux ailes et à la soyeuse chevelure rouges. Elle portait un joyeux sourire sur ses lèvres ; un peu trop joyeuse pour une guerrière à mon goût.

— Oui ? la questionnai-je.

— J'ai adoré ton petit discours de tout à l'heure. Je passais à côté quand tu t'es emporté, ta glace était super froide ! Plus que n'importe laquelle de celles que j'ai déjà touchées dans ma petite carrière de guerrière. Je n'ai même pas réussi à en fondre un bout ! Je t'assure, moi, je ne me suis pas moquée de toi, on a tous nos traumatismes. Bref, Elyan, c'est ça ? T'as quel âge ? T'es dans l'année de tes dix-sept, non ? Dis, pourquoi tu déteste ton père ?

Elle continua de me parler, me perdant de plus en plus avec le sens de ses questions de moins en moins claires. Elle devait être à la vingtième lorsqu'un Démon aux ailes noires cendrées posa sa main sur son épaule.

— Laisse-le respirer, veux-tu ?

Puis il me regarda dans le blanc des yeux.

— Bonjour, Elyan.

Il y avait un petit sourire amical au coin de ses lèvres, comme si on se connaissait depuis toujours. Ses cheveux noirs bouclés cachaient ses yeux, qui semblaient pourtant me regarder avec sérieux. Il paraissait plutôt musclé sous son t-shirt large. La normalité d'un guerrier en quelque sorte. Je remarquai un tatouage dans son cou qui descendait vers son torse, pour se cacher derrière le bout de tissu noir qui lui servait de haut.

— Euh, hésitai-je. Excuse-moi si c'est impoli, mais t'es qui ?

— Pardon ? Ah oui, excuse-moi. Je m'appelle Elpis, et voici Justice. Nous sommes les généraux de la faction trois. Plus précisément, je suis le bras droit du prince. Nous sommes habituellement accompagnés d'Asteri, mais elle doit être à la bibliothèque, une vraie affamée de romans. Oh, et désolé pour cette furie, elle ne sait pas se tenir.

Il s'inclina légèrement pour s'excuser puis tourna son attention vers Vensis. Sa courtoisie m'étonnait. Elle n'allait pas franchement avec son physique, ni avec sa profession. Je ne me souvenais pas avoir déjà vu un guerrier aussi poli. Même Vensis était un peu plus détendu que lui.

— Bonjour Professeur, dit-il. Excusez mon impertinence, je ne vous avais pas vu.

Elpis s'inclina à nouveau pour saluer le Réincarné alors que la rouge qu'il avait présentée comme s'appelant Justice tentait de piquer le repas d'un guerrier à une autre table. Elle se fit prendre la main dans le sac et le Démon à qui elle faisait face s'énerva. Pourtant elle restait sereine.

Le traître des AngesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant