4. Plonger dans l'inconnu

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« This is what makes us girls
We don't look for heaven and we put our love first
Don't you know we'd die for it ? It's a curse
Don't cry about it, don't cry about it

This is what makes us girls
We don't stick together 'cause we put our love first
Don't cry about it, don't cry about it
It's all gonna happen »,
paroles de la chanson This Is What Makes Us Girls de Lana Del Rey.

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Tout comme l'avait prévu ma fidèle et indécourageable amie, je foulais en sa compagnie, trois jours plus tard, le nouveau stade national de Tokyo, nommé Shin Kokuritsu Kyōgijō. Le concert de Kyoka Jirou avait lieu à 20h00. Et forcément, comme pour ne pas changer, Mei m'avait fait venir dès 18h00, pour être sûre que nous ne loupions rien de la soirée.
En arrivant sur place, nous avions été surprises par deux choses. La première, c'est le monde présent. Tout comme elle me l'avait expliqué, le stade entier était complet. Les gens s'étaient rués sur le moindre billet pour être sûrs de participer à l'événement de l'année. Quant à la seconde chose qui nous surprit, ce fut la découverte de la valeur de nos billets. Peut-être que le manager de Kyoka s'était montré trop généreux, ou peut-être que la talentueuse héroïne ne voulait en aucun cas que l'histoire banale à laquelle nous avions participé s'ébruite. Dans tous les cas, nous avions eu droit à des places VIP. Ce qui avait plus qu'enchanté Mei lorsqu'elle l'apprit.

Ces places étaient certes tombées du ciel, mais rien de tout ce que pouvait nous offrir Kyoka ne changerait la sombre impression que j'avais eue d'elle et de son amie. L'argent était sans aucun doute ce qui nous permettait de vivre, mais il s'agissait aussi du plus grand fléau de notre époque. J'en avais conscience, en tout cas bien plus que ma meilleure amie.

Lorsque nous nous rendîmes compte de la valeur de nos billets, nous n'eûmes pas le temps de reprendre nos esprits qu'un gentil homme du staff nous conduisait déjà jusqu'à la salle des privilégiées. Le saint Graal de tous ceux qui sont rémunérés annuellement à cinq chiffres ou plus. En entrant dans la pièce, ma première impression fut de laisser de côté mes pensées cyniques, afin d'observer l'immense vitre donnant une vue panoramique sur la scène, ainsi que sur la fosse déjà pleine à craquer. Toutefois, dès l'instant où mes yeux se posèrent sur la table où se trouvait de quoi se sustenter pour toutes les occasions, j'eus un rejet. Le premier. Il m'était tout bonnement impossible de me réjouir, et encore moins d'apprécier un traitre instant ce moment. À contrario de Mei, enthousiaste au possible, qui semblait aussi à l'aise que dans sa salle de bain.

— Hé, Haya !, déclara-t-elle. Tu as vu tout ça ?! Ils ont même cette boisson qu'on ne trouve qu'en Europe !

— Ah... Hm, ouais.

J'avais croisé les bras, sans faire exprès. Mei ne tarda pas à sentir la lourde atmosphère qui accompagnait la moindre de mes paroles. D'un air de préjugé, la blonde se tourna vers moi. Je pouvais ressentir l'intensité derrière ses yeux marron, comme la première pierre d'un homme condamné.

— Qu'est-ce que tu as encore ? Ça ne plaît pas à madame rabat-joie ?

— Si. Bien sûr que si., soupirais-je.

— Alors quoi ?! Pourquoi est-ce que tu as l'air aussi blasée ?

— Je ne suis pas blasée, Mei.

— Si. Bien sûr que si, tu l'es, Haya ! Rien qu'à voir la tête que tu fais, on dirait que tu es en train de vivre le pire jour de ta vie.

— N'exagère pas non plus, s'il te plaît.

Elle tapa du pied.

— Pardon ?! Selon toi, c'est moi qui exagère ? Tu as la chance d'être conviée à un concert d'exception, avec en prime une place d'exception ! Et tu ne trouves rien de mieux à faire que de tirer la tronche ! Donc, à choisir ce n'est pas moi qui-

Blooming (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant