20. Hors de contrôle

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— Tiens, prends ça.

— Non mais, Shoto, tu ne vas quand même pas me faire utiliser une brosse à dents électrique pour une seule nuit ? C'est... absurde !

Nous étions tous deux debout au milieu de la salle de bain du héros. Je lui avais —gentiment— demandé s'il avait de quoi me nettoyer les dents. Le bicolore était donc parti une minute, ou peut-être deux, avant de débarquer face à moi, un carton de brosse à dents électrique même pas déballé entre les mains.

— Bah quoi ? Je l'ai reçu gratuitement. Pourquoi tu ne pourrais pas l'utiliser ?

Malgré qu'on ne se comprenait pas sur des choses aussi banales, son visage de petit garçon perdu m'interdisait de lui reprocher sa gentillesse.

— C'est juste que... Tu vois, quoi ! Tu n'as pas une brosse à dents toute simple pour moi ?

En face à face avec ses prunelles flamboyantes, je me sentis particulièrement gênée. Il ne s'agissait là que d'une histoire de brosse à dents, pourtant à mes yeux, elle métaphorisait cette distance qui s'amoindrissait entre nous.

— Est-ce que c'est si grave que ça si tu l'utilises ?

— Bah... Un peu.

Je baissais significativement le faciès.

— Hayami.

— Hm ?

Il plia juste assez les genoux pour que je puisse apprécier ses traits dans mon champ de vision limité.

— Il n'y a aucun sous-entendu. Et si ça te gêne tant que ça, tu pourras la ramener chez toi demain, d'accord ?

Il me tendit la boîte flambant neuf pendant que je m'égarais sur son visage trahissant une pointe d'inquiétude.

De quoi j'ai l'air, hein ? À faire tout un foin pour un rien...

— Oui. Désolée... C'est juste que je n'ai pas l'habitude que quelqu'un en fasse autant pour moi.

— Dans ce cas, habitue-toi. Parce que ce n'est que le début.

Il me balança un sourire très révélateur, qui fit arrondir la forme de mes yeux. Ainsi, touchée par ses propos, j'attrapais sommairement la fameuse boite avant de faire un minuscule pas en arrière.

— Est-ce que tu es courant, au moins, que tu es vachement direct avec moi, là ?

Tandis que je déballais peu à peu le contenu du carton sur son évier, le bicolore lâcha un pouffement encore plus éloquent.

— Et alors ? Ce n'est pas bien d'avouer ouvertement ce que l'on pense ?

Je zieutais une misérable seconde dans sa direction pour le constater lui aussi, prêt à se brosser les dents. Cela créa un malheureux déséquilibre en moi. Shoto repoussait sans cesse le mur de mes limites. Il entrait dans mon jardin secret, sans que je le lui aie demandé. Il se montrait si probe avec moi. Il m'obligeait à découvrir ma tendance à m'embarrasser, ainsi que ma fâcheuse habitude à tout nier. Et plus je passais de temps avec lui, plus je devais admettre que cette partie immergée en lui me plaisait.

— Si, c'est une bonne chose.

— Mais ?, questionna-t-il en me proposant le tube de dentifrice.

— Mais... Ça ne te dérange pas que moi, je ne le sois pas ?

À présent que j'avais déballé et assemblé ma brosse à dents, et qu'un peu de dentifrice s'y était posé au bout, je n'avais plus que le choix de loucher vers le héros debout sur ma droite.

Blooming (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant