12. Chemin divergent

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« I'm not like them
But I can pretend
The sun is gone
But I have a light

The day is done
But I'm having fun
I think I'm dumb
Or maybe just happy »,
paroles de la chanson Dumb du groupe Nirvana.

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Trois jours s'écoulèrent. Un week-end. Plus un lundi. Et j'étais exténuée. Fabriquer trente kilos de produits avait été bien plus éprouvant que je l'avais imaginé. C'était même si compliqué que le mardi suivant, en arrivant aux aurores devant la boutique, je dus me retenir de m'effondrer. Je n'avais pas dormi et quasiment pas mangé. J'avais des cernes si larges qu'elles touchaient mes joues. Jamais mal aux mains. Elles étaient si sèches qu'une éraflure pouvait les faire saigner. Chacune de mes inspirations se coinçait dans le peu d'espace au centre de mes poumons. Je me sentais m'asphyxier à chaque pas. Me disloquer chaque seconde.

Mais, peut-être à cause de ma détermination ou grâce à ma volonté, j'avais choisi d'aller travailler.

En entrant dans la boutique encore dans la pénombre, la première chose qui me frappa c'était l'état général. Trois jours séparaient ma dernière venue. Néanmoins, à en juger par la tristesse des plantations et de la poussière jonchant le sol, le lieu n'avait vu personne passer du week-end.

Sérieux ? Mei aussi n'est pas venue travailler ?!

Un pas devant l'autre, tout en refermant derrière moi, je restais abasourdie. Dans un certain sens, moi aussi je n'avais pas été présente. Ce n'était pas entièrement de la faute de Mei. Je lui en voulais toutefois à en crever. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis qu'elle devait aller à l'assurance avec Denki. Si je n'avais été aussi occupée avec mes propres problèmes, j'aurais peut-être pris le temps de comprendre ce qui s'était passé. Mais aussi débile que cela puisse paraître, maintenant qu'un week-end entier découlait de notre dernière rencontre, je ne pouvais qu'admirer l'étendue du m'en foutisme de ma meilleure amie. Son travail ne l'intéressait pas. Le fait que j'avais besoin d'aide non plus. Et ma propre santé ? Je supposais que son silence était plus parlant que toute forme de rejet.

Bon... Je présume qu'il va falloir que je me débrouille seule, aujourd'hui aussi.

Habillée d'un hoodie beaucoup trop épais pour la saison, je me rendis docilement dans l'arrière-boutique pour enfiler un tablier par-dessus. Encore une fois, juste en constatant le manque de professionnalisme de mon amie, j'étais sidérée. Elle avait laissé tout en plan. Absolument rien n'avait bougé.

— HAYAMI !

Soudain, cette voix. Je savais juste l'écoutant à qui elle appartenait. Ça ne faisait même aucun doute.

Merde. Il était prévu qu'il vienne ?!

Un peu soucieuse de devoir me confronter aussi tôt avec le grand patron de la boutique Yamamoto, je replaçais derrière mon oreille une mèche récalcitrante. Puis, dans un profond souffle, je rejoignais le comptoir. Monsieur Yamamoto, bien qu'il n'avait jamais aimé qu'on le dise, était un homme trapu. Il faisait de l'embonpoint depuis que je le connaissais. Et sa calvitie, qu'il essayait la plupart du temps de cacher avec un canotier aussi pourri que sa personnalité, s'allongeait d'année en année.

— Monsieur Yamamoto !, le saluais-je d'un élégant sourire. Bonjour et bienvenue !

Il me toisa de ses petits yeux ridés, ce qui ne présageait pas grand-chose d'agréable.

— Elle est où, l'autre ?

Dans ton c-

— Vous parlez de Mei ?! Euh... Il me semble qu'elle a pris congé, aujourd'hui.

Blooming (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant