Blooming (Shoto fanfiction)

21. Le point de non-retour

Tu sais, Shoto, j'ai mis longtemps à comprendre que le diable n'avait pas besoin de toquer à la porte. Parce que, depuis le début, c'était moi qui l'invitais à entrer.

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𝙱𝙰𝙼 !

— YUSUKE, T'ES LÀ ?!

En arrivant au seuil de mon appartement, aux alentours de cinq heures du matin, je découvris la porte d'entrée grande ouverte. Avec une pointe de doute quand même, je m'engouffrais dans mon logement. Bien que les différentes salles vivaient dans l'insalubrité et un désordre sans équivoque, rien ne présageait la panique qu'avait eue mon frère au téléphone. Ainsi, parcourant pièce après pièce, allant de la cuisine à la buanderie, rien ne me parut étrange. Jusqu'à ce que j'entre dans notre salle de bain.

Parmi la moisissure le long des joints, l'humidité ambiante qui faisait poisser le plafond, je reconnus une main inerte, dans notre baignoire. Malgré que j'aurais pu me pétrifier, entre ma douleur à la tête, ma fatigue d'avoir quitté précipitamment l'appartement de Shoto et l'obscurité de la pièce, rien ne m'empêcha d'avancer vers l'acrylique du bain.

— Oh mo-

Une main plaquée sur la bouche, le son de terreur au fond de mes entrailles ne put jamais s'échapper. Parce que, sous mes yeux écarquillés à l'extrême, dans cette baignoire que je connaissais dans les moindres détails, il y avait un cadavre.

Un humain. Une personne. Le membre d'une famille. Voilà le genre de réflexions qui me traversaient au fur et à mesure que mes pieds refusaient de reculer.

Non, ce n'est pas poss-

— Ah, tu es là., m'interpela une voix familière.

Prise au dépourvu, j'eus un mal fou à me tourner vers mon interlocuteur. Qui n'était d'autre que Yusuke, bien plus serein que lorsqu'il m'avait appelé.

— Qu'est-ce que-

Grâce à son visage livide, qui aurait presque pu toucher le carrelage, et sa main gauche levée, ma bouche se décida à rester résolument close.

— Sérieux, t'en as mis du temps.

J'arquais mon expression la plus sévère, à moitié traumatisée que le corps gisant dans notre baignoire ne lui fasse aucun effet. Dès qu'il la constatait, mon frère ouvrit à son tour des yeux immensément grands.

— Euh... Hein... Mais... Qu'est-ce-, balbutiais-je. C'est toi, qui-

Il haussa si platement les épaules que je crus m'évanouir.

— Hayami, ne fais pas ta sainte nitouche ! Tu crois que j'ai eu le choix ?! Ils ont débarqué ici, il y a presque une heure ! Je t'avais prévenu, on ne joue pas avec des gens comme eux... Que voulais-tu que je fasse, hein ?! Ils voulaient se venger ! J'aurais peut-être dû les laisser faire, selon toi ?!

Son explication dans les oreilles, je demeurais mortifiée. Parce que mon frère parlait de tuer un type comme s'il s'agissait d'un acte affublé de bonté. Il en parlait avec ce ton si détaché, alors qu'un macchabée attendait sagement au fond de notre baignoire.

De cette même baignoire où je me lavais tous les jours depuis mes sept ans.

Je... Je... Comment en est-on arrivés là ?

Aussi traumatisant que soit cet instant, ma cervelle continuait de tourner dans tous les sens. Je me posais un milliard de questions. Toutes plus effrayantes les unes que les autres. Car, à partir de maintenant, tout ce que j'étais sur le point de faire me définirait à tout jamais.