Chapitre XXVIII - Un rempart entre tempête et innocence

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Lorsque le monde arrêta de tourbillonner autour d'eux, Geralt, Alric, Mira et Kavka se trouvèrent plongés en plein cœur d'une immense marée humaine. Des centaines de personnes s'agitaient autour d'eux dans une danse chaotique d'effroi. La foule bruissait comme une mer déchaînée, des cris de panique montant et retombant en vagues déchirantes. Chacun semblait fuir quelque chose que personne, dans la petite troupe, n'avait encore identifié. Les gens paniqués se déplaçaient comme un organisme gigantesque aux mouvements incontrôlables et finit par les engloutir. Pris dans le tumulte de cette foule en panique, Geralt enlaça Mira contre lui, formant, pour la petite fille, un rempart protecteur de muscle et de détermination contre la mer déchaînée qui les assaillait. Dans ses bras, la fillette se lovait contre lui, sa silhouette fragile se fondant dans la vigueur rassurante du Sorceleur, comme si elle tirait de sa force le courage de résister à l'épreuve. Les yeux de chat de Geralt, déchiffraient le tumulte, balayant les mouvements erratiques de la foule, leurs lueurs de détermination en contraste frappant avec le pandémonium environnant. Lorsqu'il réalisa que rien ne pourrait endiguer ce flot irrépressible, Geralt libéra sa main droite, ses doigts se mouvant dans une configuration connue. L'aura lumineuse de Quen se matérialisa aussitôt, enveloppant les deux compagnons d'une barrière rassurante, un écrin inviolable face à la déferlante humaine. L'océan de peur se fracassait contre le bouclier, mais leur cocon demeurait inébranlable, comme un rocher dressé en plein milieu d'un torrent tumultueux. Ainsi protégés, ils attendirent que la tempête humaine s'épuise, laissant derrière elle une avenue étrangement calme, jonchait de corps piétinés qui ne se relèveraient plus. Aussitôt, son instinct de Sorceleur reprit le dessus. Il scruta l'horizon, cherchant trace d'Alric et Kavka perdu un peu plus tôt. Bien que rassuré de ne pas les apercevoir parmi les corps qui gisaient au sol, son soulagement fut cependant de courte durée. Un grondement monstrueux retentit dans son dos, faisant vibrer l'atmosphère. Aussitôt, il vit une silhouette monstrueuse émerger au loin, une entité massive et déformée par la rage, irradiant une menace glaciale. Son apparence était le reflet parfait de la panique qu'elle avait causée.

- Un fiellon... souffla Geralt, son regard se faisant plus intense en se fixant sur la bête.

Mira, toujours blottie dans ses bras, leva vers lui un regard inquiet. À travers les yeux écarquillés de la fillette, il entrevit son propre reflet. Ils étaient loin d'être en sûreté.

- Trouve une cachette, Mira. Garde ta cape sur toi et reste discrète. Quoi qu'il arrive, ne te montre pas et attends qu'Alric revienne, lui ordonna-t-il en la posant doucement au sol.

- Et toi, que vas-tu faire ? balbutia Mira, sa voix tremblante de peur.

- Cours ! fut son unique réponse, dans un souffle presque coupé par l'urgence de la situation.

Le fiellon qui apparut au loin était une abomination incarnée, une force primitive de terreur et de destruction. La créature semblait être l'expression ultime de la cruelle ingéniosité de la nature, moulée dans la forme d'un prédateur né pour survivre, et plus encore, pour tuer. Sa carrure titanique, un agglomérat de muscles palpitants et résilients, laissait deviner une puissance phénoménale, capable d'ébranler le sol même sur lequel le monstre se mouvait. Ce colosse, même pour un Sorceleur chevronné, inspirait une peur sourde et tenace. Sa tête cornue trônait sur ce monstrueux ensemble, la mâchoire inférieure exhibant une rangée de dents acérées et sinistres, telles des lames de poignards affamés.

- Merde, gronda Geralt, ses yeux ne quittant pas la bête monstrueuse qui déferlait sur l'avenue.

La bête qui émergeait au bout de l'artère principale de la ville était une variante exceptionnellement rare et mortellement redoutable du fiellon, une sous-espèce dont le murmure de son nom glacé précédait sa présence infernale. Sa robe flamboyait d'un rouge incandescent, comme si l'essence de la créature avait été forgée dans les entrailles bouillonnantes de la terre elle-même. Des zébrures blanches comme l'os lacéraient son corps imposant, conférant une dimension encore plus sauvage à son allure déjà terrifiante. Ces marques distinctives, témoignages du passage du temps sur la bête, ne faisaient qu'accentuer son aura sinistre. Leur quantité était telle que Geralt avait dors et déjà l'intuition que leur face-à-face dépasserait en intensité tous ceux qu'il avait connus jusqu'alors.

Le Sorceleur - Le prix à payerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant