Alors que les premières lueurs du jour filtraient à travers les volets clos, illuminant doucement l'intérieur de la taverne, le sorceleur se leva et descendit dans la salle principale. Les corps avaient été évacués et la pièce méticuleusement nettoyée, rendant la bataille d'hier presque imperceptible. Seules quelques traces subsistaient, témoins silencieux des événements de la veille. Des éclats de verre, ici et là, étincelaient sur le sol et de légères taches rougeâtres, absorbées par le bois, étaient encore visibles sur les planches du parquet. La tavernière, fidèle au poste, s'affairait derrière le comptoir, faisant bouillir sa marmite sur un feu de bois crépitant. L'air épuisé, les cernes marqués sous ses yeux trahissaient une nuit blanche de dur labeur, passée à remettre de l'ordre dans son établissement. La femme encapuchonnée avait disparu, laissant derrière elle une aura de mystère. Quant à l'homme qui s'était caché sous la table durant le combat, il était toujours là, assis dans un coin, son regard oscillant entre les traces de sang encore visible et le sorceleur. Ses mains tremblantes trahissaient l'émotion qui l'étreignait encore après les événements de la nuit précédente. La salle principale, bien que presque vide, dégageait une atmosphère lourde et pesante, comme un mélange de soulagement et d'inquiétude face à l'avenir. Les chaises renversées avaient été redressées, les tables essuyées et les débris de vaisselle ramassés, mais le souvenir de la violence qui s'était déchaînée restait gravé dans les esprits des seules deux personnes encore présentes.
Prenant place, le sorceleur entama une portion de la soupe fumante accompagnée de pain rassis que lui apporta la tavernière sans prononcer mot. Il ne put s'empêcher de remarquer que l'homme, dont les yeux trahissaient la nervosité, l'observait. Prenant son courage à deux mains, ce dernier se leva et vint se placer juste en face du sorceleur.
- Je... Je tenais à vous remercier pour hier soir, débuta-t-il, la voix tremblante de nervosité. Si vous n'aviez pas été là, je ne sais pas ce qui se serait produit.
Le sorceleur acquiesça d'un signe de tête, sans interrompre sa dégustation.
- Je l'admets, j'étais terrifié, poursuivit l'homme. Jamais je n'avais été témoin d'une telle violence... Mais vous, vous étiez incroyable. Rapide, précis... On aurait dit un danseur mortel.
Le sorceleur émit un grognement peu engageant pour toute réponse, manifestant son désintérêt pour la conversation.
- Je me disais bien que vous n'étiez pas qu'un simple voyageur. Vous êtes un sorceleur, n'est-ce pas ? Vos yeux... ils ont quelque chose de si singulier...
L'homme marqua une pause, comme s'il avait peur de se méprendre. Après quelques secondes d'hésitation, il poursuivit :
- Dites, ne seriez-vous pas le célèbre Geralt de Riv, le sorceleur aux cheveux blancs dont les ballades de Maître Jaskier narrent les exploits ?
A nouveau, Geralt grogna.
- Incroyable ! Je n'aurai jamais pensé avoir la chance de vous rencontrer un jour, s'exclama-t-il tout en s'asseyant sans gêne à la table du sorceleur. Je pensais les histoires qu'on raconte à votre sujet légèrement romancées, mais il semblerait que vous soyez véritablement exceptionnel, ajouta-t-il les yeux remplis d'admiration. Vous avez vaincu quatre bandits à vous tout seul, sans même avoir eu besoin du barde pour vous sauver la mise.
- Oui, il semblerait que j'ai eu de la chance cette fois, répondit Geralt d'une voix sarcastique et irritée.
- Quel honneur de vous rencontrer, je me nomme Alric.
De plus en agacé, Geralt grogna de nouveau.
- J'imagine, à ces révélations, que vous devez être la personne à qui je dois m'adresser...
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Le Sorceleur - Le prix à payer
FantasíaAu cœur des terres désolées de Velen, ravagées par les affres de la guerre, Geralt de Riv, le sorceleur, se retrouve à nouveau pris dans les mâchoires impitoyables du destin. Chargé du fardeau de défendre les plus vulnérables et de chasser les ténèb...