Aux confins du vaste Continent, là où les frontières se dissolvaient dans un monde ravagé par les guerres et les sortilèges, se déployait une région sombre et désolée nommée Velen. Abandonnée à son sort, cette contrée était depuis des siècles mutilée par les affrontements et les invasions, métamorphosée en un champ de désolation où seule la faune la plus abjecte et impitoyable pouvait subsister. Les forêts jadis foisonnantes n'étaient plus qu'un dédale de branches décharnées et de racines contorsionnées, où les corbeaux et les vautours célébraient leur macabre sabbat. Les rivières, autrefois pures et limpides, s'étaient depuis longtemps transformées en eaux stagnantes et empoisonnées, emprisonnant les dépouilles de soldats tombés pour leurs terres qui nourrissaient à présents les noyeurs et autres abominations qui pullulaient dans ces marécages.
Aux abords des routes de Velen, parsemées d'ossements et de carcasses de chevaux, il n'était pas rare de croiser des fermes saccagées surplombant des champs en jachère qui ne produisaient plus aucune nourriture depuis que leurs propriétaires avaient été massacrés ou avaient eu la clairvoyance de fuir cette région maudite. Les villages délabrés et les hameaux abandonnés témoignaient de la violence des combats et faisaient échos aux forteresses dévastées et aux bastions démantelés exhalant les souvenirs de batailles sanglantes et des sièges impitoyables qui, de mémoire d'homme, imprégnaient continuellement de sang l'histoire de Velen. Les couleurs autrefois vives des blasons et des étendards s'étaient estompées, laissant place à une morne palette de gris et de brun, reflet de l'agonie d'une terre qui ne demandait qu'à renaître. Le ciel de Velen, constamment voilé de nuages sombres, pesait sur le paysage comme une chape de plomb, écrasant les dernières lueurs d'espoir et d'optimisme qui auraient pu subsister dans le cœur des hommes. Les vents tourmentés, chargés d'odeurs putrides et de murmures déchirants, hantaient les plaines et les collines, portant les échos d'une souffrance sans nom et d'une peur qui rongeait l'âme de ceux qui abandonnaient leurs terres pour un exode tragique et sans fin.
Les quelques habitants ayant réussi à subsister dans cette apocalypse ne formaient plus qu'un peuple meurtri et désespéré, profondément marqué par les privations et les horreurs de la guerre. Les visages émaciés et les regards perdus des villageois trahissaient leur existence empreinte de détresse et de terreur, où chaque jour représentait une lutte acharnée pour la survie et la préservation de la dignité humaine. Ces hommes et ces femmes, malmenés par l'infortune, avaient trouvé refuge dans des hameaux isolés et des villages éparpillés à travers la région. Ils y vivaient depuis dans la crainte perpétuelle des bandits et des brigands qui infestaient les routes et les bois, en quête de femmes à violer, d'argent à voler, ou simplement à mettre la main sur les quelques provisions que les villageois avaient tant bien que mal réussi préserver. Les enfants, décharnés et terrifiés, quand ils ne mourraient pas de faim, restaient le plus souvent cachés dans les recoins sombres des caves et des greniers, tandis que les anciens, accablés par la souffrance et la nostalgie, se complaisent à narrer des légendes d'une époque qu'ils n'ont jamais connue. C'est ainsi que ces âmes éreintées s'accrochaient aux rêves d'un futur plus paisible, cherchant dans les méandres de leur imagination une source d'apaisement et de réconfort face à la réalité cruelle qui les entourait. Les mains calleuses et les épaules courbées par le labeur, ils s'efforçaient chaque jour de préserver une once d'espoir et de résilience, défiant le chaos et l'adversité qui régnaient en maîtres incontestés sur leur quotidien.
C'est dans ce décor de misère, au cœur de ce paysage ravagé et désolé, qu'une silhouette avançait paisiblement, chevauchant un étalon vigoureux à la robe alezane. Progressant avec lenteur sur un sentier boueux, ce cavalier solitaire demeurait insensible aux tragédies qui l'entouraient, qu'ils s'agissent des craquements sinistres des branches ployant sous le poids des pendus en décomposition, victimes de la voracité des corbeaux affamés, ou des chuchotements mélancoliques des feuilles mortes emportées par les vents. L'homme chevauchait avec une détermination inflexible et tenace, comme s'il incarnait l'espoir et l'aspiration à redresser le cours des événements. Son attitude sereine et la démarche confiante de sa monture contrastaient nettement avec l'environnement délabré et la désolation ambiante, inspirant un dégoût mêlé d'envie chez les pauvres hères qui trouvaient encore la force de lever les yeux de l'immonde marasme de boue dans lequel ils vivaient. Son visage, parsemé de cicatrices anciennes, elles-mêmes marquées d'entailles plus récentes, témoignaient de ses nombreux combats et des innombrables épreuves endurées. Ses traits robustes et ses pommettes proéminentes conféraient à son regard d'acier une intensité féline et une profondeur saisissantes de dangerosité. Ses cheveux, d'un blanc immaculé rivalisant avec les neiges éternelles trônant sur les plus hauts toits du monde, tombaient en mèches rebelles, encadrant son visage diaphane et émacié. Sa mâchoire carrée et ses lèvres fines exprimaient de manière naturelle, une détermination et une volonté farouches, tandis que ses sourcils, broussailleux, accentuaient cette expression austère et impénétrable qu'il présentait à quiconque croisait sa route, qu'ils soient monstres, paysans ou rois.
Cet air de guerrier, s'il était passé inaperçu, était réaffirmé par l'étrange armure qu'il portait constamment sur lui. Une cuirasse de sorceleur finement ouvragée, dont les plans de fabrication s'étaient perdus dans l'oubli des âges. Elle avait été conçue pour allier légèreté et résistance, lui permettant de se mouvoir avec rapidité, discrétion et agilité, tout en offrant une protection maximale contre les assauts de griffes, de crocs et d'épées de ses adversaires. Faite de cuir sombre renforcé de plaques de métal et de mailles d'argent, l'armure arborait des symboles mystérieux et des runes ésotériques, lui conférant une aura de mystère et de danger. Les spalières et les gantelets étaient ornés de motifs complexes et entrelacés, témoignant du savoir-faire et de l'expertise des artisans qui avaient façonné cette pièce d'armure inestimable et singulière. Ainsi vêtu, cet étrange cavalier progressait lentement sur ce sentier boueux qui le menait tout droit vers le village le plus proche, où il espérait trouver une auberge pour que sa monture puisse se reposer des semaines de voyage durant lesquelles elle l'avait vaillamment porté jusqu'en ces terres désolées.
Crédit photo : https://hdwallpaperslive.wordpress.com/2021/12/15/the-witcher-3840x2160-4/
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Le Sorceleur - Le prix à payer
FantasíaAu cœur des terres désolées de Velen, ravagées par les affres de la guerre, Geralt de Riv, le sorceleur, se retrouve à nouveau pris dans les mâchoires impitoyables du destin. Chargé du fardeau de défendre les plus vulnérables et de chasser les ténèb...