Terminée - Descendants 4 - La nouvelle menace / Fanfiction

Chapitre 18

Notre voyage se déroula à une vitesse impressionnante. Le vent que je précipitais dans les voiles nous permettait de fendre l'air et de survoler les terres. Par moment, nous traversions un nuage et une brume nous enveloppait, déposant une fine pellicule humide sur nos vêtements et notre peau.

Je n'avais pas oublié ce baiser inattendu, mais je ne parvenais pas à traduire mes émotions en pensées claires, si bien que je préférais me concentrer sur la magie que j'invoquais.

Nous avions voyagé toute la journée et, quand le crépuscule nous nimba d'une douce lueur orangée, Uma se réveilla pour prendre la relève. L'angoisse montait peu à peu. Plus nous nous approchions d'Auradon, plus je sentais mes muscles se contracter et mes tendons me tirailler. Heureusement, je n'avais aucune difficulté à trouver le sommeil après une journée si éprouvante et je m'assoupis en imaginant la tête de Mal lorsqu'elle verra le bateau pirate surplomber son palais, son école de petites princesses ; sa vie.

Étrangement, j'avais horriblement mal dormi. Je n'avais pas pour habitude de faire des cauchemars, mais celui qui m'avait aminé était des plus saisissants. Des volutes d'un blanc éclatant m'enveloppaient et me brûlaient de bas en haut sans pitié. Le froid mordant s'insinuait tellement profondément dans mes chairs qu'il atteignait chaque parcelle de mon corps, solidifiant mon sang et givrant mes muscles. L'air dans mes poumons déchirait tout sur son passage et j'avais l'impression que ma trachée allait finir par se bloquer complètement.

Cette souffrance fut terrible et mon cœur n'avait jamais cessé de s'accélérer, si bien qu'à mon réveil je remarquai qu'il était à deux doigts d'imploser. Le cerveau toujours imprégné de ces visions d'une pureté qui me retournait l'estomac, je ne voyais plus que ce nuage de cristaux de gel flotter vers moi, me ciselant la peau et me piquant les nerfs.

Un sentiment que je n'avais encore jamais ressenti auparavant emprisonna ma poitrine et ma respiration se fit lourde. J'avais une subite envie de bouger, de retrouver Harry sur le pont et d'oublier cette illusion qui n'avait cessé de me glacer le sang.

Sans surprise, Harry était déjà levé, perché sur le haut d'une des plus grandes voiles. Les jambes s'agrippant de part et d'autre du bois, il veillait à réparer l'une des attaches qui permettaient au tissu de prendre l'air correctement. Je me postai sous lui, portai ma main au-dessus de mes yeux et me dévissai la nuque pour parvenir à le voir. Un poing sur la hanche, je courbais légèrement le dos vers l'arrière pour l'observer s'emmêler les doigts dans les cordages.

— C'est moi qui ai fait ça ? demandai-je bien assez fort pour qu'il puisse m'entendre.

Il se pencha sur le côté pour me chercher et manqua de tomber. Lorsque je le vis perdre en stabilité et qu'un de ses outils dégringola vers moi, mon cœur se serra si fort qu'il expulsa l'intégralité du sang qu'il contenait pour l'envoyer sans mon visage. — Heureusement, un rire s'échappa de sa gorge et la peur me quitta.

La... peur ? Avais-je vraiment eu peur ? C'était inédit !

— Il faut avouer que tu n'y vas pas de main morte avec les voiles !

J'esquissai un sourire satisfait qui, je l'espérais, dissimulait la crainte qui brillait toujours dans mes yeux. Depuis quand étais-je capable de ressentir une émotion si... faible ? Je serrai les dents, ravalant mon interrogation et jouai avec mes doigts pour appeler une petite brise. Le vent glissa sur le visage d'Harry et souleva quelques-unes de ses mèches brunes.

— Tu veux bien attendre que je descende ? s'exclama-t-il en riant. Tu vas vraiment finir par me faire tomber.

Il arborait un sourire espiègle tout en se levant. Sans craindre la chute, il marchait d'un pas assuré sur la partie horizontale du mat, les bras écartés. Il enroula son crochet dans une corde et se laissa glisser, largement ralenti par la friction du métal sur les fibres rêches. Le bois craqua sous son poids et je retins mon souffle. Je n'avais pas réalisé qu'il se retrouverait si proche de moi.