Terminée - Descendants 4 - La nouvelle menace / Fanfiction

Chapitre 5

Notre fine équipe se scindait désormais en deux. D'un côté, Hazel et Gene fricotaient avec nos ennemis, faisant de leur mieux pour paraître gentils et bien élevés ; pour paraître de leur côté. Et, de l'autre, il y avait Roy et moi. Devenu l'homme le plus recherché de tout Auradon, il ne pouvait plus faire grand-chose pour notre cause, excepté de disparaitre, de rester tapi dans l'ombre pour frapper lorsque nous en aurions le plus besoin. Moi-même j'ignorais où il se trouvait, je ne savais pas s'il avait trouvé refuge sur l'île de l'Oubli ou s'il avait choisi de se cacher au nez et à la barbe du roi Ben. Quelque part, je m'en fichais, il avait rempli sa part du contrat, il avait déjà assez affaibli leurs défenses, il avait bien le droit à sa liberté !

Quant à moi, je profitai de mon anonymat pour tâter le terrain. Personne ne connaissait mon véritable visage, ils n'avaient qu'aperçu un masque tout droit sorti des Enfers, constitué de charbons ardants. Je passais pour ainsi dire tout mon temps dans les ruelles sombres et crasseuses de l'île, rêvant de la vie que j'aurais dû avoir. J'aurais dû grandir ici en compagnie de ma mère et de ma demi-sœur, avec Maléfique et Mal. J'aurais dû voler des sucettes à des bébés, j'aurais dû m'amuser à taguer les murs déjà bien chargés de peinture, j'aurais dû terroriser le reste des enfants de vilains.

Je marchais au beau milieu de l'esplanade principale, celle qui donnait un accès direct au pont reliant l'île à Auradon, lorsque je réalisai une chose. J'étais l'aînée et, au-delà d'avoir simplement perdu ma place au sein de ma propre famille, j'avais perdu bien plus : les opportunités de Mal. Ben m'aurait choisi moi, et non elle. J'aurais dû être sélectionné avec ces trois imbéciles, moi, je n'aurais jamais échoué. Mon cœur ne m'aurait pas trahi, le monde aurait déjà succombé depuis bien longtemps !

La mâchoire serrée et les mains secouées de trouble-sauts, je fis de mon mieux pour ne pas nourrir cette rage qui m'habitait. Pas encore, pensai-je, pas encore... Le moment viendra, Mal, où je corrigerai tes erreurs, je te prendrai cette couronne que tu ne mérites pas.

Ma jalousie et ma déception coulaient dans mes veines telles un venin prêt à s'embrasser. Une étincelle, et le monde se consumerait dans une gerbe de feu.

Je fermai les paupières un instant, cherchant à dissimuler la lumière verte qu'ils émettaient, je ne pouvais pas griller ma couverture aussi bêtement ! Une fois ressaisie, je jetai un regard sur l'étendue d'eau qui me séparait de ma demi-sœur. Je me concentrai sur les vagues, faisant d'eux une barrière, une limite que je ne devais pas encore franchir.

Je poursuivis ma route jusqu'à atteindre le port et fus saisi d'un rictus. Un énorme bateau à voile s'arrimait aux bittes du ponton. Tout un équipage s'activait à vive allure, exécutant les ordres d'une capitaine à la mine renfrognée. Je m'approchai d'eux nonchalamment, les mains dans les poches et sifflant un air léger. Je faisais semblant de me promener, de simplement passer par là, de les ignorer même ; pourtant, je peinai à décrocher mon regard de cette fille. Ses longues dreads bleues se balançaient à chacun de ses mouvements et elle vociférait des termes que je n'avais encore jamais entendus. Elle avait l'air puissante et autoritaire. Elle ne portait pas de couronne, mais il était évident qu'elle dirigeait son petit monde d'une main de fer.

Je m'arrêtai sans m'en rendre compte, de plus en plus fascinée par ce vaisseau. Je n'avais jamais pris le bateau de ma vie, mais je m'étais toujours demandé quelles sensations pouvaient provoquer le roulis des vagues et, surtout... les dégâts que pouvait engendrer une bonne grosse tempête. Avant même que je puisse me ressaisir, une pointe glaciale et acérée glissa le long de ma jugulaire. Et malgré mon sang qui bouillonnait, je m'efforçai de garder mon calme, relevant le menton et tentant de me reculer d'un pas. Mon dos rencontra immédiatement un obstacle, ou plutôt... quelqu'un.