Chapitre 17

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Je ne m'étais jamais autant téléportée de ma vie, et après avoir fait tant d'aller-retour de cette manière, je commençai à me sentir vaseuse. Dès que je fus de retour sur le plancher de la cabine du capitaine, mes jambes faiblirent et mon estomac se serra. À chaque fois, il m'était de plus en plus difficile de rassembler ces nuages de cendres pour reconstituer mon véritable corps et je craignais qu'un jour, mes flammes finissent le voyage seules. Et si elles surgissaient trop tôt ? Me consumant jusqu'à me trainer aux Enfers sans que je ne le remarque ? Je chassai cette idée de mon esprit, je n'avais pas de temps à perdre, je devais me débarrasser de toute trace de charbon ou de poussière avant que quelqu'un ne se décide à entrer. Je m'empressai d'ouvrir les fenêtres et manipulai le vent pour qu'il fasse le ménage, comme je l'avais déjà fait. Les lattes du couloir grincèrent et je m'activai davantage. À la seconde où la porte s'ouvrit, je vacillai à cause du surplus de magie que j'avais dû mobiliser et je me retins in extremis au rebord en bois du bureau.

— Marcie ? Tu vas bien ? s'enquit Uma.

Sa voix était bien plus douce que celle qu'elle avait adoptée pour parler au roi Arthur ou même pour me parler sous mon autre apparence. Elle avait l'air sincèrement inquiète pour moi et, sans savoir pourquoi, je réalisai que mon cœur se pinçait.

— Oui oui, m'empressai-je de répondre en me redressant. Je vais bien, je suis un peu fatiguée, je ferais mieux de me reposer.

— Tu es sûre ? Ce n'est pas la première fois que je te retrouve dans cet état.

Elle laissa sa phrase retomber lentement sans pour autant cesser de m'examiner. Je lui souris maladroitement et commençai à contourner le bureau pour rejoindre son lit.

— Tu dois peut-être dormir, toi aussi ? m'hasardai-je.

Elle me prêtait sa couchette la nuit, lorsqu'elle était de garde, mais, le jour, elle confiait les commandes du navire à Harry. Peut-être qu'elle en avait encore plus besoin que moi ?

— Non, je passais juste récupérer quelques cartes pour planifier notre itinéraire, je n'ai pas envie de voir Harry improviser notre retour à Auradon.

J'observai Uma passivement avant de réaliser que je n'étais pas censé savoir que nous dirigions là-bas. J'affichai une mine surprise et la dévisageai.

— Nous n'allons pas au Pays des Merveilles ?

— Non, la reine de cendre est venue nous trouver, elle veut qu'on s'y rende pour... eh bien... pour remuer le couteau dans la plaie.

— Ça ne semble pas te plaire, constatai-je. Je croyais que tu avais un passif avec Mal.

Elle pivota vers moi, négligeant ses cartes momentanément, et posa les fesses sur son bureau. Elle s'y agrippa des deux mains et plongea son regard dans le mien.

— Mal n'est pas si mauvaise.

Je dus me retenir de toutes mes forces de ne pas rouler des yeux ; c'était exactement ce que je lui reprochais.

— L'île de l'oubli aurait enfin eu une reine, quelqu'un qui pourrait se battre pour les enfants de vilains. C'est dommage que sa sœur veuille autant tout faire cramer, on avançait dans la bonne direction pour une fois.

Elle avait l'air si sincère que le pincement de mon cœur redoubla d'intensité. Et, à bien y réfléchir, je crois que c'était de la culpabilité. J'avais fini par m'attacher à cette bande de pirates et je me rendais compte qu'ils s'apprêtaient à tout perdre même s'ils se trouvaient du meilleur côté de l'histoire. Je pinçai les lèvres malgré moi et me laissai tomber sur la petite couchette.

— La reine de cendre pourrait faire ça, elle aussi.

— Tu plaisantes ? Personne ne peut régner sur le chaos, on peut le déchainer, l'attiser à la limite, mais le contrôler... Il ne restera plus que le Pays de Merveilles et le peu de ressource qui s'y trouve.

Terminée - Descendants 4 - La nouvelle menace / FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant