Chapitre 23

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Aux Enfers, le temps n'était qu'une broutille, une notion tellement abstraite qu'elle ne signifiait plus rien. À quoi bon chercher à quantifier l'éternel ? Ce n'est que dans la vie qu'on compte les heures, les jours, les années. Pourquoi ? Parce que les êtres vivants paraissent avoir terriblement besoin de connaître combien de temps il leur reste.

Pour ma part, aux Enfers, je préférais ne pas savoir. Je ne désirais pas être capable de déterminer combien de temps j'avais pu pleurer et m'apitoyer sur mon sort ; de savoir à quel point j'étais pathétique.

Me ressaisir fut pour le moins difficile. Je n'avais aucune flamme sur laquelle me reposer, plus la moindre braise pour m'animer ou attiser cette colère qui m'aidait à avancer depuis ma naissance. Je devais apprendre à vivre sans ma hargne et ce feu qui faisait de moi un phénix, parce que je l'avais consumé jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Désormais, j'allais devoir grandir avec le vide qui lui succédait. Et c'était tout bonnement douloureux.

Néanmoins, j'avais fini par me relever. L'envie de me détourner de ma peine se fit tellement retentissante que je me décidai à contempler les environs. Du sommet de la montagne, j'observai les vallées en contrebas, les reliefs lointains et, au-delà du Styx, un palais immense aux pierres noir de jais, aux toitures affutées comme des lames et aux fenêtres si étroites que ni de près ni de loin, j'aurais pu découvrir ce qui se cachait à l'intérieur. En somme, un endroit où j'aurais aimé vivre. Quelques bannières à mes couleurs et affichant fièrement un phénix en plein envol, et ça aurait ou être mon nouveau « chez moi ».

Je me redressai, réalisant que cette demeure devait être abandonnée depuis bien longtemps étant donné qu'Hadès s'était retrouvé prisonnier de l'île de l'Oubli et qu'il avait choisi de rester auprès de sa fille... Je pouvais véritablement m'établir là-bas ! Et cette simple idée me remonta le moral. Si je ne pouvais être la reine de cendre chez les vivants, je pouvais sans doute le devenir ici...

Un trône vacant, quoi de plus attirant ? Quitte à être coincée dans les parages, autant en profiter, n'est-ce pas ?

Je pris appui sur mes paumes pour me relever, mais avant même que je puisse achever mon mouvement, un crissement de pas me mit sur mes gardes. Par instinct, j'invoquai une boule de feu dans le creux de ma main, mais rien ne vint, mes pouvoirs de Phénix s'étaient taris. À défaut de mieux, je me tournai vers ceux de Maléfique et une brume verte naquit sous autour de mon poignet. Les yeux plissés, les jambes fléchies, prête à bondir, j'ignorais à quoi m'attendre, mais je préférais me préparer à pallier toutes les éventualités.

— Ouh ! J'ai jamais eu à grimper de pente aussi raide !

La tignasse violette de Mal apparut derrière un pan de roche et, nul doute, il s'agissait bel et bien de sa voix. Les sourcils froncés et sans jamais relâcher mon attention, je l'observai avec méfiance. Que faisait-elle là ? Était-elle morte ? Bon sang ! Combien de temps s'était écoulé ?!

La brume verte s'intensifia et s'épaissit autour de moi. Sans les pouvoirs de mon père, nous étions à armes égales. Non... J'étais plus faible qu'elle. Elle demeurait la fille d'Hadès et sa présence ici l'avantageait bien plus que moi. Venait-elle me torturer ?

Remarquant ma réaction, elle leva immédiatement les mains dans un geste d'apaisement.

— Marcie... doucement... tenta-t-elle de me calmer.

L'appréhension et la légère pointe de peur que je devinais dans son regard me firent réaliser qu'elle n'était pas morte. Pourquoi ? Parce qu'une morte ne craindrait pas la mort, justement.

— Qu'est-ce que tu me veux ? crachai-je.

Un brin essoufflée, elle s'appuya sur une pierre et s'accorda une seconde avant de me répondre.

Terminée - Descendants 4 - La nouvelle menace / FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant