Chapitre 2

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Il était bien connu que l'école établie à Sherwood était légèrement moins exécrable que celle d'Auradon. Ici, il y avait des enfants d'ouvrier, de fermiers, de personnes tout à fait normales. Pas de princes ni de princesses, pourtant, il y avait bel et bien des gens qui leur ressemblaient, à croire que c'était un standard à adopter dans ce royaume à la mords-moi-le-nœud !

Alors, avec nos vêtements en cuir, nos couleurs vives et nos pantalons déchirés, nous faisions tache. Mais ça n'allait certainement pas nous arrêter, bien au contraire ! Hazel nous avait confectionné des tenues encore plus extravagantes, dignes des plus grands groupes de rock. Même Gene se prêtait au jeu, après deux ans en notre compagnie, il avait fini par prendre le pli de la méchanceté. Et le mieux dans cette histoire, c'était que les élèves de Sherwood se laissaient faire !

Dans cette école, en lieu et place de Bonne Fée, nous avions Marianne, la seule et l'unique. Bien moins à cheval sur le couvre-feu et l'usage des bonnes manières, elle ne savait jamais comment nous contenir. Elle avait accepté notre inscription sans même se soucier d'où nous venions, présumant simplement que les seuls enfants de vilains se trouvaient à Auradon ou sur l'île de l'Oubli. Ce fut là sa première erreur. Sa deuxième fut de ne pas parvenir à nous contrôler.

L'école tomba rapidement sous notre joug. Nous faisions ce que nous voulions, volions les repas, les goûters, les devoirs et même parfois les vêtements qui nous plaisaient directement à ceux qui les portaient. Le plus difficile, fut de retenir mes pouvoirs ; si quelqu'un découvrait qui étaient mes parents, j'aurais été envoyé sur l'île en un éclair. Ou alors j'aurais dû brûler prématurément le monde, chose qui aurait été regrettable, nous ne nous étions clairement pas assez amusés !

Pendant un an, nous avions joué nos cartes efficacement. Gene avait intégré toutes les équipes de sports de l'école, Hazel avait fait amie-ami avec tous les garçons et moi... eh bien j'avais pris le soin de dégager une aura qui en effrayait plus d'un. Moins on me parlait, moins on risquait de découvrir ma nature magique et moins on me dérangeait.

Certes, ce n'était pas le meilleur moyen pour nous trouver des alliés, mais je n'avais pas vraiment le choix. Je devais contenir ce feu qui brûlait en moi. Et puis... Hazel était bien plus douée que moi à ce petit jeu.

Un beau jour, Hazel vint me raconter comment elle était parvenue à séduire Roy, le fils aîné de Robin des bois. Elle m'expliqua à quel point il était prêt à la suivre dans nos projets, à quel point il était bon archer et un excellent voleur, comme son père. Mais, son expression ne tarda pas à se figer, suspendant une de ses phrases dans l'air. Totalement paralysée et couverte d'une épaisse couche de pierre, elle avait été ensorcelée, à n'en pas douter.

Ma rage n'eut besoin que d'une seule seconde pour éclater. Immédiatement, je sentis des flammes lécher ma peau et dévorer les bouquins que je tenais, les détruisant entièrement. Je me précipitai vers l'extérieur, prête à immoler celui ou celle qui venait de faire subir un tel sort à ma meilleure amie, mais... ils étaient tous dans cet état. Les élèves comme les enseignants. Même Gene se retrouvait figé en pleine course sur le terrain de tournois ! Je commençai à prendre de grandes inspirations et essayai de me calmer. Certes, une malédiction s'abattant sur le royaume, mais ce n'était pas en vue de nous arrêter. C'était déjà ça. Mes flammes se clamèrent et je dépoussiérai mon cuir à présent recouvert de cendre.

— Super... grognai-je.

Puis l'idée me vint comme une illumination. Et si ce mauvais sort s'étendait au-delà des bois de Sherwood ? Avec un sourire en coin, je levai une main en l'air, la fit tourner et m'évaporai dans un nuage noirâtre. Immédiatement, je me retrouvai à Auradon, devant cette école aussi grande que propre. D'un ennui mortel...

La nuit commençait à tomber sur les jardins florissants de végétations et je résistai à l'envie de créer une boule de feu pour m'éclairer. J'étais certaine que le maléfice venait d'ici et qu'il y avait quelqu'un dans les parages.

En soi, je n'avais pas spécialement envie d'arrêter cette personne, peu importait ses intentions, j'étais même sans doute d'accord avec elle ; simplement, il fallait que je libère mes amis. Moi aussi je désirais tourmenter ce monde, on pouvait bien partager un peu, non ? Qui plus est, il ou elle pouvait se révéler être un allié précieux, idéal.

Je me fis discrète et cherchai d'où provenait toute cette énergie magique que je sentais pulser dans l'air. Puis, une fois la nuit tombée, je vis le dragon. Je contemplai Mal, imposante et redoutable, se battre contre une petite princesse tout en rose. Jamais je ne m'étais sentie aussi soulagée. Elle avait enfin renoué avec sa nature, elle avait jeté ce sort à Auradon, elle était redevenue la digne fille de Maléfique !

Au fond de moi, je me rayonnais de fierté. Elle était encore plus manipulatrice que ce que j'avais imaginé, elle avait berné tout le monde, même moi !

Un sourire éclatant sur le visage, je m'apprêtais à dévoiler ma véritable nature pour aller la rejoindre dans son combat quand j'entendis des voix. Plus loin, au pied de la tour qui accueillait la bataille, deux pirates encourageaient Mal. Et ce fut la première chose qui m'interpella. Je me cachai alors derrière un buisson et observai un peu plus attentivement la scène. Pourquoi était-ce la princesse qui tenait le sceptre de Maléfique dans les mains ? Comment Mal aurait-elle pu pétrifier tout le monde sans ce scep...

La vérité était dure à découvrir et encore plus difficile à avaler. C'était cette princesse qui avait lancé le maléfice, pas Mal. Elle, elle tentait de le défaire. De le défaire.

Une nausée me souleva l'estomac. La fille de Maléfique était une gentille et cette princesse en jupette était méchante. J'avais envie de hurler, de m'arracher des mèches entières de cheveux auburn. Comment Mal avait-elle pu tourner aussi... bien ? Ce n'était pas ainsi que sa mère avait dû l'élever !

Finalement, je préférai partir avant de définitivement griller ma couverture. Cette fois-ci, il n'était plus question de délivrer ma famille de l'île de l'Oubli, j'allais devoir m'occuper de Mal.

À mon retour de Sherwood, j'étais animé par une haine sans pareille. Il était temps de passer à l'action. S'il n'y avait eu que moi, j'aurais déjà dévasté la forêt, mais Hazel — qui avait retrouvé toute sa vitalité — m'avait ralentie.

— Tu veux frapper fort ? Alors, vengeons-nous en bonne et due forme. Privons-les de tout ce qu'ils aiment avant de porter le coup de grâce.

Elle avait toujours su me convaincre et me contenir. Et, cette nuit-là, nous nous étions contentés de peaufiner les derniers détails de notre plan.

Le lendemain, Mal n'avait pas chaumé : elle avait levé la barrière, libérant tous les vilains. Et c'était la meilleure chose qui puisse nous arriver, car tout Auradon était concentré sur leurs nouveaux habitants et non sur ceux qui se trouvaient déjà là. Pour ma part, alors que l'ensemble des prisonniers relâchés débarquaient, fous de joie, je me faufilai dans de sombres rues dégradées de cette île. Seule, je vagabondai, réalisant que j'aurais pu grandir ici si ma mère m'avait gardé auprès d'elle ou si j'étais née à peine quelques années plus tard. Mais même cet étrange sentiment mélancolique ne parvenait pas à entamer mon désir de vengeance.

Je recherchai ma mère toute la journée, mais je ne la trouvai nulle part. Alors, j'étendis mes investigations à tout Auradon, pensant l'avoir loupée au passage, en vain.

J'avais dû passer une semaine entière à écumer tous les trous pourris et grottes sombres où elle aurait pu trouver refuge, mais elle demeurait aux abonnés absents. Et, quand Ben et Mal annoncèrent la date de leur mariage, ce fut la goutte de trop. Il fallait que je fasse quelque chose, et vite. Mais encore une fois, Hazel parvint à me restreindre. Nous devions choisir le moment propice pour voler la baguette de la Bonne Fée et ainsi les priver de toutes leurs chances de contre-attaquer. Nous décidâmes alors de commencer à avancer doucement. D'abord, Hazel, Gene et Roy demandèrent leurs transferts à l'école royale, afin de s'approcher un peu plus de ceux que nous méprisions tant. Quant à moi, j'avais besoin de me contenir. À vrai dire, c'était la seule chose que j'étais capable de faire pour ne pas imploser et devenir totalement incontrôlable. Ainsi, je me trouvais un appartement abandonné sur l'île et pris mon mal en patience.

Puis vint enfin le jour J. 

Terminée - Descendants 4 - La nouvelle menace / FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant