Chapitre 11

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Le lendemain, effectivement, nous étions arrivés au-dessus des ruines du Pays des Merveilles : chez moi. Je connaissais les recoins de ces terres comme ma poche, presque encore mieux que le volcan qui m'avait vu naître. Quelque part, j'étais heureuse de revenir ici, j'avais l'avantage du terrain et j'étais à mille lieues de Mal et de sa petite basse-cour. Pourtant, il y avait un hic. Je ne pouvais me dédoubler, je ne pouvais pas être Marcie, la jeune fille innocente et Marcie, la menace qui planait sur le monde. Alors, avant d'amorcer la descente derrière le château de la reine de cœur, je retrouvai Harry.

— Tu penses qu'elle sera là ? lui demandai-je avec une toute petite voix.

— Elle a exigé une couronne, peut-être qu'elle veut aussi vivre dans un palais ?

Je n'en avais aucune envie. Je convoitais un trône, une couronne, le pouvoir, mais un palais... s'il n'était pas délabré, il n'y avait aucun intérêt à mes yeux.

— Peut-être bien... répondis-je en haussant les épaules.

Je m'efforçai d'avoir l'air terrifiée, mais Harry était bien trop concentré sur les ruines en contrebas pour remarquer quoi que ce soit. Avec une délicatesse qui me surprit, je posai une paume sur son crochet et l'attirai vers moi.

Son regard glissa sur ma main, puis sur mes iris.

— Tu sais que la plupart des gens n'aiment pas mon crochet ? Pourquoi ça ne te dérange pas de le toucher comme ça ? C'est une arme.

— Je ne vois pas pourquoi je ne l'aimerais pas, en plus... c'était à ton père, non ? Tu as toutes les raisons du monde de le garder auprès de toi.

Son regard se voila un instant, je savais que son père n'était plus des nôtres depuis longtemps, qu'il avait fini par sombrer dans la folie, puis par se pendre au bout d'une corde. Qu'est-ce qu'un pirate sans océan ? Même moi je le savais. Harry était orphelin depuis des années.

Ses joues s'empourprèrent, mais je n'oubliai pas pourquoi j'étais venu lui parler.

— Je ne me sens pas très bien, Harry... Je ne suis pas une épéiste ni une magicienne, je n'ai rien pour me protéger si... enfin tu sais ?

Je commençais à être de plus en plus douée pour jouer la naïveté et la faiblesse, je composais ce rôle à merveille, sans même sourciller.

— Je te protégerais... souffla-t-il.

— Je ne serais qu'un boulet à ton pied, ajoutai-je.

Il argumenta un instant avant qu'Uma n'intervienne. Elle ne désirait pas que je vienne, j'allais être inutile et il était préférable que je reste à l'abri, sur le Jolly Roger. Uma, par un accès de gentillesse, mais surtout pour convaincre Harry que je serais mieux ici, me proposa sa cabine pour nous attendre sagement. Je n'en demandais pas tant, mais je n'allais certainement pas m'en plaindre !

Uma m'invita ainsi à la suivre et je découvris les quartiers de la capitaine. Un grand bureau jonché de cartes trônait au beau milieu de la pièce, une bibliothèque débordait de livres et une couchette confortable m'attendait dans un coin. Sans me faire prier, je m'assis sur les draps rouges et regardai Uma récupérer son épée avant de rejoindre le reste de l'équipage sur le pont.

Je pris mon mal en patience, tendant l'oreille, à l'affut du moindre bruit. Je craignais qu'Harry ou que qui que ce soit ne vienne me voir pour une quelconque raison, mais lorsque je sentis la coque se poser sur le petit lac qui agrémentait l'immense jardin du palais, je passai à l'action.

Je fermai les yeux, laissant un nuage de fumée et de cendre m'envelopper pour enfin réapparaître dans la salle du trône.

À l'époque où nous vivions ici avec Hazel et Gene, nous évitions soigneusement cette grande salle lugubre où nos pas résonnaient. Dépourvue de toute décoration, cette pièce avait été le théâtre d'une tragédie qu'Hazel ne pouvait supporter. Sur l'estrade, en fond de salle et sous un vitrail rouge-carmin représentant la reine de cœur, se trouvait l'immense siège, là où elle avait été brutalement destituée. Or, même si le côté macabre de l'endroit ne me déplaisait pas particulièrement, je devais me l'approprier, en faire un signe de ma puissance et de mon pouvoir. Je devais avoir l'air d'être la souveraine de ces lieux dévastés. Je devais déjà avoir l'air victorieuse. Alors je m'activai. Je levai les deux mains, y concentrant mes dons, et allumai les bougies qui ne s'étaient pas entièrement consumées sur leurs chandeliers, je fis apparaître un énorme tapis d'un noir intense, des étendards fraîchement inventés représentant l'envol d'un phénix gueule* (*le terme pour désigner la couleur rouge sur les blasons) sur un fond sable* (*comme « gueule », mais pour le noir). Il était grand temps de revendiquer fièrement mon appartenance, de toute manière, Mal avait déjà percé ce mystère.

Terminée - Descendants 4 - La nouvelle menace / FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant