Terminée - Descendants 4 - La nouvelle menace / Fanfiction

Chapitre 19

L'île de l'oubli n'était pas bien loin, alors je décidai de rester perché au sommet de mon mât. J'aimais voir le monde d'en haut et ne pas avoir à me soucier du brouhaha qui régnait en bas. Avec toute cette nouvelle population, même les matelots peinaient à manœuvrer.

Le palais était comme un phare au beau milieu des immenses jardins, la façade brillait de mille feux, éclairés par des spots et... bientôt illuminée par les flammes de mon brasier. Arrivé à une centaine de mètres à peine, un cor de chasse fit gronder l'air, annonçant notre présence. Torche à la main, un flot de soldats se précipita sur les toits et derrière les créneaux. Je ne pus retenir un sourire, ils m'apportaient de quoi alimenter encore plus facilement mes pouvoirs, c'était un régal !

J'attendis patiemment qu'Uma et Harry finissent de manœuvrer pour se positionner juste devant les portes du palais. À quelques centimètres du sol, la coque flottait, frôlant à peine la pelouse parfaitement tondue. J'entendis que tous ceux qui n'avaient rien à faire sur le pont se précipitaient dans la cale et s'entassèrent dans la cabine du capitaine. Je me redressai et me tins fièrement debout au sommet du mat, les cheveux claquant furieusement dans le vent qui se levait. Je retins l'envie d'attiser les torches des soldats pour leur faire roussir les sourcils et cherchai le regard d'Harry. Solidement accroché au gouvernail, il m'observait également, le visage laissant transparaître sa nervosité. Je pourrais presque entendre son cœur battre de si loin.

Un grincement attira mon attention en contre bas et je contemplai la porte du palais s'ouvrir. Un second flot d'épéiste s'en échappa, suivi des amis de Mal. Je reconnus Carlos, Evie, Hazel et Gene, tous vêtus d'une armure en cuir au couleur de leur famille et d'une lame. Je remarquai l'absence de Jay, qui n'avait pas pu être aussi rapide que le Jolly Roger.

Puis, Mal arriva aux côtés de Ben. Alors qu'il portait sa couronne avec fierté et une cuirasse légère, il semblait tout faire pour faire bonne figure. Mais je pouvais sentir sa peur suinter de ses pores. Mal, quant à elle, affichait un air si déterminé que ses yeux luisaient déjà d'un vert émeraude menaçant. Elle était prête à se transformer en dragon à la moindre occasion. Puis, derrière eux, je découvris Hadès, ses cheveux bleus enflammés, et la Bonne Fée, dépourvue de sa baguette et toute penaude.

— Uma ! s'écria Mal. Tu peux toujours changer d'avis ! Je t'ai déjà pardonné une fois, je pourrais recommencer.

Je vis Uma dévaler les quelques marches qui menaient au pont et elle se pencha au-dessus de la balustrade pour chercher Mal du regard.

— Tu sais ce que font les rats lorsqu'un navire coule, n'est-ce pas, Mal ? Ils partent, ils sauvent leurs peaux ! Ton royaume court à sa perte, j'espère de tout mon cœur que tu lui donneras ce qu'elle désire, autrement tu ne lui laisseras pas le choix !

Mon sourire s'élargit et alors que sœur s'empourprait. Elle planta ses poings sur ses hanches et avança vers le bateau.

— Elle est là ? demanda-t-elle d'une voix forte et autoritaire.

Je vis Uma jeter un regard inquiet à Harry, lui renvoyant la question implicitement. Je leur avais dit que je les rejoindrais, mais je n'avais pas précisé quand ni comment. Ils ne se doutaient même pas que j'étais avec eux depuis des jours !

— Elle est en chemin, avoua Uma à contrecœur, elle se téléportera d'une seconde à l'autre. As-tu ce qu'elle demande ?

Je détournai mon attention vers Hazel. L'arme au poing, elle me transperçait de son regard, secouant discrètement la tête. Elle avait un message à me transmettre, mais je ne parvenais pas à le déchiffrer. D'autant plus que je commençais à m'enivrer d'adrénaline, brûlant d'impatience d'en découdre, anticipant une victoire grandiloquente. Ma vie allait enfin atteindre son but, j'allais venger ma mère, celle d'Hazel et pouvoir répandre mon feu sur une bonne partie de ce monde réservé à ces gentilles petites princesses de malheur.

— Uma... Je t'en prie ! Ensemble, nous pouvons l'arrêter ! Elle n'est pas celle que tu imagines !

Il était l'heure pour moi de faire mon entrée en scène, l'heure de briller. Avec une délicatesse qui contrastait furieusement avec l'excitation qui bouillait en moi, je me laissai tomber du mât, manipulant les vents pour contrôler et ralentir ma chute. Je me campai derrière Uma et posai une main sur son épaule.

— Merci, Uma. Je vais prendre le relais maintenant.

Elle m'observa, interdite, se demandant certainement ce que j'avais à faire là-dedans, mais elle n'ajouta rien.

Je levai la paume droite et plantai mon regard dans celui d'Hazel, j'invoquai un nuage de cendre autour d'elle, puis l'appelai à moi. Ma meilleure amie apparue à ma gauche et Uma s'écarta brusquement de moi, manquant de se prendre les pieds sur des cordages.

— Bien, lâchai-je. Mal ? Tu me dois quelque chose, n'est-ce pas ?

Je voulus échanger un sourire avec Hazel, mais le sien me fit défaut. Pensant que l'absence de Gene à nos côtés la travaillait, je le fis monter à bord de la même manière.

— Hazel ! Gene ! s'exclama Evie en s'approchant d'un pas, l'air complètement désespéré.

Les deux détournèrent le regard et Hazel se pencha vers moi pour tenter de me murmurer quelque chose, mais je l'interrompis d'un mouvement de la main, ce n'était pas le moment de laisser retomber mon adrénaline. Il n'était pas l'heure des retrouvailles.

— La couronne du Pays des Merveilles pour Hazel, chantonnai-je. La couronne d'Auradon pour moi et... Maléfique !

Je sentais l'odeur de la trahison flotter dans l'air, en particulier venant d'Evie qui découvrait qu'Hazel n'avait jamais été dans son camp.

Je levai les deux bras, fin prête à libérer mes flammes, à les laisser lécher ma peau et embraser ce palais de malheur. Les premières se mirent à danser sur mes épaules tandis qu'un nuage de cendre commençait à envelopper mes jambes.

— Je ne vois rien de ce que je te demande, tonnai-je.

— Marcie ! s'exclama Harry derrière le gouvernail.

Je l'entendais dévaler les escaliers et eus envie de le repousser le plus loin possible de moi, de mes flammes, du danger que je représentais. Je sentis mes amis reculer, s'écartant de la chaleur qui se faisait de plus en plus torride.

— Nous ne te donnerons rien, me répondit Mal d'une voix ferme, le dos droit.

Un sourire étira mes lèvres tandis que je rejetai la tête en arrière pour libérer mes pouvoirs directement depuis ma poitrine, depuis mon cœur. Une gerbe orangée les surplomba, illuminant leurs visages apeurés. Je sentais mes pieds s'élever dans les airs tant il devenait chaud, mes mains se consumaient, mes cheveux s'embrasaient. Je me transformais en brasier, grossissant, encore et encore. Et, alors qu'une flèche se planta dans mon épaule, je manquai d'éclater de rire. J'en fis brûler la hampe et retirai la tête triangulaire avant qu'elle ne se mette à fondre dans ma peau. Je la rejetai sur les planches du pont, déjà couvert de cendre, et continuai d'alimenter cette rage qui montait.

Un rire s'échappa de ma gorge. Enfin. J'étais ravie de pouvoir finalement goûter à cette puissance que je réprimai depuis des années, depuis ma naissance. Je serrai les poings et deux boules de feu y grandirent. Je parcourus le groupe de Mal du regard, cherchant le dragon qu'elle ne manquerait pas de devenir, mais ils restaient stoïques. Ils... n'avaient plus peur ?

Je battis plusieurs fois des cils, me reconcentrant sur mes flammes, mais elles s'étouffaient d'elles-mêmes. Mon cœur ralentissait, mes bras se faisaient si lourds que je ne parvenais plus à les lever et mes jambes se mirent à trembler comme des feuilles. Mon souffle se fit pénible et, alors que mes genoux cédaient sous mon poids, je jetai un regard à la pointe de flèche. Elle brillait d'une lueur verte et, avant de définitivement sombrer dans l'inconscience, je lâchai un juron. Mal s'était servi du maléfice de notre mère ! Une violente rage me submergea et une dernière gerbe de feu s'échappa de mon buste, carbonisant une des voiles du Jolly Roger. Et je glissai vers les ténèbres d'un sommeil sans fin.

C'en était fini de moi, qui au monde pourrait m'aimer assez pour me délivrer cette malédiction ?