- chapitre 5 -

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Les examens sont passés et avec eux, les notes sont apparues. Dans le vestiaire, tout le monde est impatient de découvrir la sentence de nos quatre individus.

Tanaka et Nishinoya brandissent fièrement leurs notes comme des trophées – ils ont eu tout juste la moyenne. Mais je suis content pour eux, ils se sont donnés à fond pour atteindre ce résultat.

Kageyama et Hinata sont un peu plus réticents à montrer leurs notes. Elles sont toutes excellentes comparées avec celles d'avant. Mais ils ont chacun une matière à rattraper.

Je ne leur en veux pas. Je les ai vu travailler dès qu'ils en avaient l'occasion pour obtenir ces résultats. Seulement, nous avons besoin de l'équipe au complet pour le camp de Tokyo. Sans cela, nos efforts seraient inutiles. Mais les dates ne peuvent changer.

« Attendez..., intervient Tanaka. Les rattrapages se passent bien le matin, n'est-ce pas ? »

Kageyama et Hinata acquiescent. Se tenant le menton, les yeux fixant un point imaginaire, Tanaka semble en pleine réflexion. Un sourire malicieux apparaît sur son visage.

« J'ai un moyen de vous amener là bas... »

Des lumières s'allument dans les yeux de chacun. Comme s'il avait retenu sa respiration jusque là, le capitaine souffle de soulagement. J'espère que son plan fonctionnera.

Le jour du départ approche à grands pas. La tension monte peu à peu. Nous allons enfin nous mesurer à d'autres écoles et saisir une chance de nous améliorer. Les deux secondes donnent le meilleur d'eux-mêmes aussi bien au volley que dans leurs révisions. Tanaka, d'habitude toujours en action, est souvent dans ses pensées.

Mais le plus anxieux d'entre nous est surement Daichi. Il surveille le jeu de chacun des membres de l'équipe, s'assure que tout le monde soit dans le meilleur état possible. Je n'ose même pas parler de ses mains, elles font peine à voir.

Déjà, quelques rayons peuvent être aperçus au dessus des montages. Nous sommes réunis devant le gymnase, prêts à embarquer pour la ville. Le capitaine vérifie une dernière fois que personne n'a rien oublié. Nous montons chacun notre tour avec l'énergie d'un groupe de paresseux.

Comme s'il portait le poids du monde, Daichi s'assied lourdement à côté de moi. En regardant de plus près, j'aperçois des traces violacées sous ses yeux. Cela ne m'étonne pas.

« Tu sais... Tu n'es pas le seul à porter cette équipe.

— Bien sûr, je sais que je peux compter sur...

— Nous sommes quatre terminales, le coupé-je. Et je suis ton vice-capitaine. Tu n'es pas obligé de te sentir responsable de tout. »

Sa tête se pose sur le dossier du siège. Ses lèvres s'étirent en un doux sourire.

« Ça me fait toujours bizarre de t'entendre parler comme ça. Tu es vraiment doué pour pointer le cœur des choses. »

Il marque une pause. Je le laisse continuer.

« C'est d'accord, je vais essayer d'y penser. »

Le trajet est long. Très long. A tel point que je me suis endormi. Quand j'ouvre les yeux, mon cou ne me fait pas mal. Au contraire, je suis parfaitement installé sur l'épaule de mon voisin. Je me tourne vers lui, les yeux à peine ouverts.

« Désolé... je pensais pas m'endormir. Je ne t'ai pas trop embêté ?

— Tu as failli me baver dessus mais à part ça tout allait bien, dit-il d'un air amusé. »

Je lui lance un regard dégouté. Mais il n'a pas le temps de répondre car nous devons descendre.

Les bâtiments de Nekoma sont aussi gigantesques que des immeubles. L'école fait au moins le double de la notre. Elle n'est pas au milieu de champs mais entourée de maisons à perte de vue. Tanaka et Nishinoya semblent observer une étrange tour, des étoiles dans les yeux.

« Est-ce que ce serait ..., lance le premier.

— Oui je crois bien...

— C'est la Skytree ! disent-ils en cœur »

Un ricanement se fait entendre. C'est le capitaine de l'équipe de Nekoma. Il leur fait comprendre que ce n'est qu'une simple tour de relai. Je ne l'avouerai pas mais j'ai, moi aussi, cru que ce serait la tour de Tokyo.

Nos équipes se saluent. Ils ont bien changé depuis la dernière fois, mais nous aussi. Kuroo nous invite à faire le tour de l'école avant de commencer l'entrainement.

Un cri de surprise se fait entendre. Devant nos managers, un des joueurs de Nekoma – ressemblant étrangement à Tanaka – semble se décomposer. C'est vrai qu'elles sont jolies mais tout cela commence à ressembler à un culte... Tanaka affiche un air fier et s'en vante même. C'est Tanaka.

Nous entrons enfin dans le gymnase. Les portes s'ouvrent sur une salle immense. Deux terrains sont montés. Déjà les joueurs des autres écoles s'échauffent. Ils ont un regard menaçant, sans doute se demandent-ils pourquoi une si petite école que la notre s'invite ici. Et pour la première fois, j'ai l'impression qu'ils ont raison. Je sens l'air parcourir mon corps pour entrer et sortir de mes poumons. Je sens l'humidité de mes mains. Je sens les plis de mes vêtements, leur texture. J'ai l'impression de prendre un espace considérable rien que par ma présence.

J'aperçois Daichi dans mon champ de vision. Il regarde droit devant lui. Lui aussi a peur. Etrangement, je suis rassuré. Nous devons nous dire la même chose :

Je ne devrais pas être ici.

Mais nous sommes là pour nous améliorer et pour cela nous devons les affronter. Ma main se pose sur son épaule. Elle ne s'agrippe pas, ne s'appuie pas. Elle est simplement là. Je sens ses épaules se relâcher. Nous sommes prêts.

My sweet poisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant