- chapitre 13 -

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Une journée de plus s'écoule et la température ne baisse pas. Pas un nuage dans le ciel pour nous protéger des rayons éblouissants du soleil.

Toute l'équipe est animée par la volonté de s'améliorer et de le prouver en marquant le plus possible. Mais nos adversaires pensent sans doute la même chose et ne nous laissent aucune chance. Une sorte de tension s'est installée progressivement.

Le soir, après les interminables pénalités cumulées pour avoir perdu nos matchs, chacun fait de son mieux. Chacun cherche à corriger ses erreurs de la journée, à perfectionner encore et encore sa technique. Cette fois-ci sera la bonne.

Dans un coin, j'aperçois Tsukishima rassemblant ses affaires. Je ne le vois pas souvent se joindre aux entrainements personnels. En réalité, je ne le vois jamais s'y joindre. Peut-être qu'il ne sait pas quoi travailler ? Je vois une opportunité et lui propose de se joindre pour faire des attaques synchronisées. Il refuse. Je suis à moitié étonné. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me regarde avec des étoiles dans les yeux mais quelque chose me préoccupe. Finalement c'est Chikara qui prend sa place.

Malgré une première année difficile au club, ce dernier a finalement trouvé la volonté de s'améliorer. Contrairement à Tsukishima. Le fait qu'il ne s'entraine pas m'inquiète. Il ne semble pas si animé par cette envie de devenir meilleur. Pourtant, je suis convaincu qu'il pourrait être un élément essentiel pour l'équipe.

Je suis ramené à la réalité par le petit groupe d'attaquant n'attendant que mes passes. Nous revoyons une dernière fois les différents tempos puis je fais signe à Kyoko dès que nous sommes prêts. Elle m'envoie la balle. Nous avons toujours quelques problèmes de coordination lors des premières passes. Puis, les attaques se fluidifient sans pour autant être parfaites. Nous continuons ainsi pendant plusieurs minutes. Kyoko m'envoie une nouvelle fois la balle. Je me place en dessous et observe les joueurs. A qui vais-je l'envoyer ?

Je n'ai pas le temps de l'envoyer à Tanaka. Je regarde alors en direction de Daichi. Ses bras semblent bouger avec difficulté. Je ne lui ferai pas la passe.

Finalement, j'envoie la balle en direction d'Asahi. Celui-ci parvient à la mettre de l'autre côté du filet, de justesse. Nous célébrons cette micro-victoire en nous tapant dans la main. Notre progression croit de jour en jour. Lorsque je me tourne vers Daichi, celui-ci grimace, se tenant un bras.

« Est-ce que ça va ? lui demandé-je

— Je peux continuer ne t'en fais pas, m'assure-t-il. »

C'est sans doute à cause des collisions d'aujourd'hui. Beaucoup se sont heurtés en jouant.

« Tu devrais l'accompagner à l'infirmerie, lance Nishinoya. Je travaillerai mes passes avec les autres en attendant. »

Je le dévisage un instant. Il cache quelque chose. Qu'espère-t-il ? Après tout je lui ait clairement dit qu'il ne se passerait rien. Je fais signe à Daichi de me suivre. En me voyant partir, je vois le libéro m'adresser un clin d'œil très peu discret. Pour toute réponse, je lève les yeux au ciel.

Nous parcourons les couloirs de l'école en silence. Toutes les lumières sont éteintes, seules les étoiles nous éclairent. Ce silence est étrangement agréable. Parfois je jette des coups d'œil pour m'assurer qu'il tient toujours debout mais il faut bien plus que quelques collisions pour le mettre à terre.

Lorsque nous arrivons à l'infirmerie, il n'y a personne. De toute façon je doute que ce soit grave, seulement quelques courbatures ou quelques bleus. Je le laisse s'assoir sur une chaise au milieu de la pièce. Je sens son regard sur moi quand je cherche un produit dans l'armoire. Une fois trouvé, je lui tend une crème.

« Tiens. Tu es grand, tu devrais pouvoir t'en mettre seul.

— Non, j'ai trop mal. Aide moi Suga, s'il te plait, dit-il d'un air suppliant. »

Je soupire. Il a de la chance que je sois d'une patience sans limite. Comme un enfant, Daichi me montre les parties qui lui font mal. J'observe que sa peau a viré au bleu à certains endroits.

« Bon, je pense que je n'ai rien oublié. Ça va mieux ? Tu veux un bisous magique peut-être ?

— Oh c'est trop aimable. J'en veux bien un ici s'il te plait, dit-il en désignant sa joue.

— Pauvre petit ! »

Je mime de manière exagérée une volée de baisers imaginaires. Nous explosons de rire en chœur. Une douce chaleur se diffuse dans mon cœur, réveillant les papillons qui dormaient en moi.

Après un moment, nous nous dévisageons, chacun affichant un sourire amusé. J'aimerais que ce moment dure encore un peu plus longtemps, mais il est temps de revenir à la réalité. D'un signe de tête je l'invite à rejoindre les autres.

« Aller, lève-toi parce que je ne te porterai pas.

— Tu es trop cruel ! se plaint-il »

Nous empruntons une nouvelle fois les couloirs en direction du gymnase. Là bas, Nishinoya travaille ses passes contre un mur et les autres s'entrainent au service. On peut constater quelques améliorations ici et là parmi les joueurs, mais il reste encore un long chemin à parcourir. Nous nous approchons du terrain et l'entrainement reprend.

Après quelques attaques plus ou moins réussies, nous faisons une pause bien méritée. Cependant, je ne peut m'empêcher de repenser à Tsukishima. Le laisser comme cela me préoccupe.

Daichi saura me répondre, alors je m'approche de lui.

« Pour Tsukishima, on ne lui dit rien ? »

Je le vois regarder au loin puis il soupire. En se tournant vers moi, un léger sourire se dessine sur ses lèvres.

« Non, je ne m'inquiète pas trop pour lui. Et puis, ça ne servirait à rien de le forcer. »

Il marque une pause. J'admire sa confiance illimitée envers nos coéquipiers mais quelque chose m'inquiète. Il s'empresse d'ajouter :

« Enfin, s'il voulait quitter le club tu m'aiderais à l'en empêcher ? N'est-ce pas ? »

Pour toute réponse, je lui lance un regard désabusé. Mais je ne peux m'empêcher de sourire, il n'est pas si assuré que cela en fait. Cependant, quelque chose en moi refuse de lâcher prise. On ne peut pas laisser Tsukishima dans cet état éternellement. Il pourrait apporter tellement plus à l'équipe.

Je ne sais pas comment aborder la chose avec lui. Peut-être devrais-je le laisser tranquille jusqu'à la fin du camp ? Je ne sais pas.

Avant de reprendre l'entrainement, Daichi me glisse :

« C'est bien de penser aux autres mais on ne peut pas toujours tout faire pour eux. Fais lui confiance, il est grand, il devrait savoir faire. »

Le coin de mes lèvres se relève. L'entrainement continue. Après tout, peut-être que chacun doit passer par cette phase pour avancer.

My sweet poisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant