My sweet poison

- chapitre 14 -

Les matchs continuent. Nous rattrapons peu à peu l'écart que nous avions avec nos adversaires. Cependant, l'équipe de Fukurodani et son champion restent des obstacles. Les attaques de ce dernier sont beaucoup trop puissantes face à notre contre. Il nous est plus facile de les amortir que de les parer. Profitant de leur avantage, l'équipe de Fukurodani marque encore et encore.

C'est enfin au tour de Tsukishima d'être devant. Son attitude semble différente. Je l'observe attentivement. Je suis sûr qu'il est capable de contrer le champion de Fukurodani et même plus s'il le voulait.

Montre nous.

La balle part dans le camp adverse. Elle est bien réceptionnée puis envoyée au passeur. Il fera la passe au numéro 4, c'est sûr. Daichi et Tsukishima se placent au contre. Le champion arme son bras, prêt à nous offrir une nouvelle attaque surpuissante. Mais, au dernier moment, il feinte et frappe la balle du bout des doigts. Il n'aurait pas arrêté son attaque seulement pour nous surprendre. Il savait qu'il aurait marqué face à notre contre. Pourquoi pas cette fois ?

Tsukishima se tourne alors dans notre direction. Mais, parmi tous les remplaçants, c'est Hinata qu'il regarde. Tout cela ressemble à un déclaration de guerre. Désormais, Tsukishima jouera sérieusement. Quelque part j'en suis rassuré, le petit oiseau sort de sa coquille. Peu après, le match se termine et, pour ne rien changer, nous l'avons perdu.

Après Tsukishima, c'est Hinata et Kageyama qui m'inquiètent. Malgré leur acharnement, ce sont les seuls qui ne semblent pas évoluer. Leurs attaques n'ont plus le même effet qu'avant. Cela peut s'avérer aussi stressant pour le passeur que pour l'attaquant. Cette frustration se dessine peu à peu sur le visage d'Hinata. Il faut absolument qu'ils réussissent au moins une fois.

Nous sommes face à Nekoma cette fois. Bien que l'écart entre les points ne soit pas grand, nous peinons à le réduire. La balle vient de notre côté, c'est une balle facile. Hinata se prépare à attaquer. Kageyama lui envoie la balle et il la frappe du bout des doigts, évitant le contre adverse. Nous gagnons un point mais tout le monde ne s'en réjouit pas.

« Tu as bâclé ta passe ! crie Hinata »

Sa voix résonne dans le gymnase. Tous les regards se tournent vers lui. C'était la remarque à ne pas faire, surtout pas à Kageyama.

« Moi ? Bâcler une passe ? Répète un peu ? dit ce dernier, fulminant

— Elle ne retombait pas comme d'habitude je te dis. »

L'expression du passeur change. Il a fait en sorte que le rouquin puisse marquer. Mais cela ne lui a pas plus. L'espace d'un instant j'ai peur qu'il réplique et que tout dégénère, mais il ne dit rien. Monsieur Takeda se précipite pour demander un temps-mort. Le reste de la journée, le duo n'a fait que de simples attaques, laissant de côté leur attaque rapide.

La situation ne s'est pas détériorée mais ne s'est pas améliorée non plus. Je me demande s'ils se réconcilieront un jour. Il le faudrait mais tout semble si flou.

Encore une fois, chacun se répartit en petit groupe pour s'entraîner. De mon côté, je rassemble mes coéquipiers, prêt à faire quelques attaques synchronisées.

« On peut commencer ? demandé-je

— Il manque Daichi, je l'ai vu partir par là, répond Chikara. »

Je hausse les épaules. Il nous rejoindra plus tard. Kyoko envoie la balle, je me place en dessous et fait une passe.

Après un moment, nous faisons une pause. Il se fait tard, dehors, les étoiles brillent déjà dans le ciel. Mes doigts son tendus par toutes les passes effectuées aujourd'hui. Mes paupières s'alourdissent mais je tiens bon. Daichi n'est toujours pas réapparu. Cela m'étonnerai qu'il soit parti dormir, à moins qu'il se soit endormi dans l'herbe. Je me décide à sortir et faire le tour des gymnases.

Quelques lumières blafardes éclairent mon chemin. Des nuages de moucherons et d'insectes nocturnes leur tournent autour. Une brise fraiche souffle, froissant les feuilles des arbres. Les gymnases sont presque tous vides, les entrainements se terminent peu à peu.

Au coin d'un bâtiment, j'entend une discussion animée. En me rapprochant je distingue des voix familières, ce sont celles de Daichi et Nishinoya. De quoi parlent-ils à une heure pareille ?

Les battements de mon cœurs s'accélèrent. Mes musclent se tendent.

De quoi parlent-ils ?

Je glisse ma tête au-delà du coin. En me voyant, Nishinoya s'arrête puis Daichi se retourne, suivant son regard. Leurs visages sont graves. Leurs sourires ont disparu. Le plus petit peine à soutenir mon regard tandis que Daichi me fixe avec une expression indéchiffrable.

Oh non.

Je m'approche d'eux, affichant mon sourire le plus naturel. L'air peine à entrer dans mes poumons. Mon cœur bat à une vitesse folle.

Pas ça, s'il vous plait.

Je dois forcer ma voix à sortir quelques mots. Ce n'est sans doute pas ce que je crois.

« Qu'est-ce que vous faites-là ?

— Suga ...

— Laisse tomber je te dis, on en a déjà parlé Daichi, coupe Nishinoya. »

Comment-ça ? Parler de quoi ? Lentement, mes yeux se tournent vers le plus petit. Je cherche à l'interroger du regard. Le coin de mes lèvres retombe. Tout mon corps est tendu. Que lui a-t-il dit ?

« De toute façon c'est trop tard, lance Daichi d'une voix forte. Sugawara ? »

Lorsqu'il prononce mon nom, un frisson me parcoure. Ne dis pas mon nom comme cela s'il-te plait.

Le ton qu'il emploie est différent de tout ceux que je connais. Le monde semble soudain irréel.

« Sugawara, est-ce que je peux te parler ? »