My sweet poison

- chapitre 12 -

Le soleil est déjà haut dans le ciel. Nous ne voyons pas tout de suite l'école. Celle-ci est en hauteur, cachée derrière des arbres bien verts malgré la chaleur accablante. Nous sommes à Shinzen.

A peine descendus du minibus, les joueurs de Nekoma nous accueillent. J'ai une impression de déjà vu lorsque Hinata confond une simple tour de relai avec la tour de Tokyo. Nous avons alors le droit à une remarque piquante du capitaine de Nekoma, soulignant que nous habitons dans un endroit perdu et dénué de technologie – ce qui est faux.

Après avoir gravi les marches menant au bâtiment principal. Nous prenons le temps de nous installer et de retrouver les autres équipes. Ici, l'école n'est pas particulièrement grande ni trop petite. Entourée d'arbres et de pentes d'herbe verte, elle offre comme une parenthèse de nature à la ville.

Avant que les matchs ne commencent, le coach nous annonce que tout le monde aura l'occasion de jouer, y compris les remplaçants. Une sorte d'excitation se répand dans l'équipe. Chacun aura l'occasion de briller. Mes muscles se tendent, j'ai hâte de voir ce que vont donner les entrainements.

Pour le premier match de la journée nous affrontons l'équipe de Fukurodani. Nous commençons avec les joueurs titulaires sur le terrain. Le choix du coach m'interroge, il semble confiant de faire jouer Hinata et Kageyama dès de départ. Cela fait presque deux semaines qu'ils ne se sont plus adressé la parole. Je me demande comment ils vont réagir.

L'équipe de Fukurodani est la première à servir. La balle est renvoyée à Kageyama. Hinata s'apprête à attaquer. La balle part dans sa direction mais la passe est trop courte. Elle est trop courte ? Kageyama a raté sa passe ? Je n'en crois pas mes yeux. Ce doit être un accident, il réussira la prochaine j'en suis sûr.

Le jeu reprend. Kageyama se place, prêt à faire une passe à Hinata. Il s'exécute mais, cette fois, la passe est trop longue. Trop longue ? Quelque chose à changé. De justesse, Hinata renvoie la balle de l'autre côté. Il semble si calme, avant il s'en serait rendu compte trop tard et se serait affolé.

Ils ont tous les deux changé. Les passes de Kageyama sont différentes. Elles semblent s'arrêter en plein air, à leur point culminant, pour retomber à terre. On dirait qu'elles attendent d'être frappées par l'attaquant. Cela manque encore d'entrainement mais c'est fascinant.

J'entre sur le terrain lors du deuxième set. Je sens la tension monter peu à peu. Discrètement, je signale aux autres l'attaque que je prévoie. Nous sommes prêts à montrer notre attaque synchronisée.

La balle est lancée. Je m'avance, balaye le terrain des yeux. Chaque attaquant est parti à un moment différent. C'est parfait, seulement je ne suis en phase avec aucun d'entre eux. Vite, je tente une passe en direction de Tanaka mais la balle retombe avant qu'il n'ait le temps de la frapper. J'ose à peine regarder mes coéquipiers. Nous ferons mieux la prochaine fois, j'espère.

Notre jeu est catastrophique. Nous manquons cruellement de fluidité. Chacun tente de mettre en pratique son entrainement mais le tout ressemble plus à un patchwork d'attaques empruntées qu'à un ensemble uniforme. Nous ne gagnons des points que par chance et nos erreurs sont trop nombreuses pour rattraper l'écart avec l'équipe adverse.

La journée se termine enfin. J'ai l'impression de l'avoir passée à faire des aller-retours sur la colline de Shinzen. C'est la pénalité pour avoir perdu tout nos matchs. Mes jambes me font comprendre qu'elles ne peuvent plus me porter alors je cherche à rester allongé le plus longtemps possible. Pendant un instant je pense même dormir dans l'herbe cette nuit, tant pis pour mon lit, je ne peux plus marcher.

Je ne semble pas être le seul à considérer cette option. A côté de moi sont étendus Asahi, Tanaka et Daichi. Je ne veux même pas savoir où mes autres coéquipiers ont trouvé de l'énergie pour tenir debout. Ah, les jeunes !