- chapitre 7 -

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Le retour au lycée s'est fait en silence. Nous étions tous épuisés. Beaucoup d'entre nous sont rentrés directement chez eux après notre arrivée, d'autres devaient déposer leurs affaires aux vestiaires. Le coach nous a annoncé que l'entrainement du lendemain serait annulé.

Le camp nous a montré les nombreuses failles de notre jeu mais il nous a également donné de nombreuses inspirations pour le perfectionner. Pour pouvoir rivaliser avec Kageyama, je dois me servir de mes capacités. Elles se sont révélées assez basiques comparées aux autres passeurs. Mais je ne perds pas espoir, j'ai bien l'intention d'utiliser mes meilleures armes : mes coéquipiers.

Toute la nuit, mon cerveau est en ébullition. L'attaque synchronisée ne cesse de me hanter depuis que je l'ai vue au camp d'entrainement. Je suis sûr que l'on peut en faire quelque chose.

La journée s'annonce banale. L'heure de la pause sonne. J'ai cru que la matinée ne se terminerait jamais. Daichi s'approche de ma table, lui aussi semble soulagé de prendre une pause. Nous avons à peine le temps de nous saluer qu'un camarade nous appelle. Quelqu'un veut nous voir.

En effet, Tanaka nous attend à la porte avec Asahi, l'air anormalement grave. Nous les rejoignons. Il nous explique avec difficulté que Kageyama et Hinata se sont battus hier soir. Il a du mal à nous regarder, sa confiance habituelle est comme éteinte. Personne ne sait vraiment comment réagir.

« Après tout ce n'est pas tellement surprenant, il y avait déjà des tensions à Tokyo, dis-je après un temps. »

L'annonce d'Hinata nous a tous perturbés. C'est comme s'il prenait son envol et nous incitait à le suivre. L'équilibre que nous avions avant est à présent perturbé. Que faut-il faire ? Le rétablir, au risque de perdre une nouvelle fois ? Ou l'abandonner, comme Hinata, au risque de perdre du temps ?

Une sorte de tension plane entre nous. L'air est lourd. Il fallait vraiment qu'ils se battent à ce moment là. Si l'équipe est divisée, nous pouvons dire adieu au tournoi national.

« Ce n'est pas la première fois qu'ils se disputent, annonce Daichi en brisant le silence. Je pense qu'on peut leur faire confiance, il faut leur laisser le temps de résoudre tout ça. »

Sa réponse semble apaiser l'atmosphère. Sa voix est confiante et rassurante. Une brise légère passe dans le couloir. La tension qui nous gagnait semble s'être envolée avec.

La journée se termine. Je n'ai croisé ni Kageyama ni Hinata. Ils m'inquiètent mais je ne peux rien faire. Daichi me propose de s'entraîner chez lui étant donné qu'il n'y a pas entrainement ce soir. Pourquoi pas après tout, cela me changera les idées.

Sur le chemin, je lui parle de mon idée d'attaque synchronisée. Il semble être d'accord. Il nous faudra parler au coach pour travailler dessus.

Lorsque nous arrivons, la maison est étrangement calme. Daichi m'explique, que personne n'est là. Un soupir de soulagement m'échappe. J'aime beaucoup ses frères et sœurs mais ils sont jeunes et constamment agités, presque inépuisables...

Les examens étants passés, nous n'avons pas beaucoup de devoirs. Nous nous précipitons presque dehors, un ballon de volley sous le bras. Quelques instants après, nous échangeons des passes. Ses réceptions sont impressionnantes, toujours précises, bien amorties. Il aurait pu être libéro. Entre deux passes, mes pensées s'échappent de ma bouche.

« C'est rassurant de t'avoir à l'arrière sur le terrain. T'es pas encore comme Nishinoya mais tes réceptions sont solides, on peut vraiment compter sur toi. »

Il prend le temps de me renvoyer la balle avant d'ajouter :

« Je sais que t'aimes bien être sur le terrain mais à mon avis tu aimes tout aussi bien me regarder depuis l'extérieur. Mais bon, quel capitaine je ferais si mes coéquipiers, mon bras droit en particulier, ne m'appréciaient pas ? »

Une vague de chaleur m'envahi, mes joues doivent être plus que rouge. Je n'en reviens pas, il a osé.

« N'importe quoi, ce sont nos adversaires que je regarde. Et concentre-toi, lui dis-je en envoyant la balle plus fort. »

Daichi la renvoie comme il le peut, un rire satisfait s'échappant de sa bouche.

Après plusieurs échanges en silence, ses lèvres s'entrouvrent puis se referment. Finalement, il dit :

« C'est aussi bien de t'avoir sur le terrain. On dirait que tu allèges l'atmosphère, que tu apportes la bonne humeur dans l'équipe. »

Cette fois, ce sont ses oreilles qui prennent une teinte rouge.

« C'est surtout Hinata la bonne humeur.

— Non, ce que je veux dire c'est qu'on sent vraiment la différence quand tu es là.

— J'espère bien, dis-je en souriant. »

Lorsque le ciel s'assombrit, il est temps pour moi de rentrer. Je me demande comment se passera l'entrainement de demain. J'espère qu'Hinata et Kageyama se réconcilieront comme Daichi l'a affirmé.

My sweet poisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant