L'équilibre Des Failles

Chapitre 18

Mike 

Cela fait maintenant trois jours depuis ma dernière altercation avec Adèle dans la maison de Sabrina.

Trois jours que j'ai rompu avec Sabrina avant de la bloquer le même jour sur les réseaux, sachant qu'elle m'enverrait plein de messages.

Trois jours que je viens de réaliser ma bêtise d'avoir laissé filer une fille en or comme Adèle de la sorte, après l'avoir revue sous un autre jour. Trois ans de relation détruits en quelques mots, j'y crois pas.

Putain, j'ai été vraiment con sur ce coup-là, elle ne me donnait pas que de l'argent gentiment, mais me faisait passer en premier dans tous ses projets. Elle était et est la seule qui me regardait avec amour, qui m'offrait des cadeaux hors de prix et qui me montrait qu'il n'y avait personne d'autre que moi dans son cœur. Elle ne s'inquiétait pas que je prenne son portable à n'importe quel moment, car elle ne me cachait rien ; elle pensait à moi à chaque heure de la journée et me le faisait bien comprendre dans ses messages et ses appels.

Pourquoi a-t-il fallu que mon cœur appartienne déjà à une autre, mesquine, avare, croqueuse d'or et manipulatrice ? À l'inverse d'Adèle, celle-ci ne se préoccupait de moi que pour l'argent que je recevais ; elle n'avait que faire des rendez-vous ou des sorties en couple, prétextant toujours être occupée ou attendue ailleurs. Je ne compte plus le nombre de mecs qui s'étaient entichés d'elle, et je sais que je fais partie de la liste.

D'ailleurs, notre rencontre était le fruit d'un pur hasard, et je m'étonne que cela ait tenu trois ans.

Quelques années plus tôt :

Jour ordinaire comme les autres, j'étais avec mes potes à la cafétéria à siroter nos boissons sans quitter du regard notre beauté divine en compagnie de son amie la baleine.

— Sérieusement, pourquoi traîne-t-elle avec cette chose alors que plein de gens auraient aimé devenir son ami dans l'école ?

Annonça Grégoire en pestant, suivi des autres qui étaient du même avis.

— Elle aurait dû plutôt aller dans un zoo ou un aquarium. Vous êtes sûrs qu'il n'est pas trop tard pour m'y envoyer ? Car je parie que les gérants n'y verront que du feu.

Sa remarque me fit sourire alors que les autres éclatèrent de rire, attirant le regard de notre beauté qui se trouvait à quelques tables de nous. Sous le choc, plus personne ne prononçait un mot en retenant sa respiration. Elle esquissa un petit sourire à faire fondre un iceberg de plusieurs milliers d'années avant de se retourner pour continuer de discuter joyeusement avec son amie. Étrangement, j'avais eu l'impression qu'elle me regardait au lieu des autres. Ainsi, toute la journée fila à toute vitesse et, à la fin des cours, une chose inattendue se passa.

Je rangeais mes affaires dans le casier après avoir salué mes potes, et juste au moment où je fermais mon casier, je tombai nez à nez avec Sabrina qui me souriait. Surpris, je perdis l'équilibre et me retrouvai à terre, mes affaires éparpillées au sol. Au moment où je les arrangeais à toute vitesse, je vis mon livre m'être tendu par cette dernière qui n'avait pas cessé de me sourire.

— Tiens, ton livre.

— Me... Merci beaucoup, dis-je avec hésitation en croyant faire un rêve éveillé.

— Pas de quoi. D'ailleurs, j'ai un service à te demander.

Elle me tendit sa main pour m'aider à me relever. Je ne me fis pas prier et la pris avec joie. Une fois sur pieds, je vis qu'elle n'avait que trois têtes de moins que moi, ce qui l'obligea à lever son menton plus haut.