Chapitre 9

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Sabrina :

J'étais à la fois heureuse et surprise de revoir Adèle, qui devait désormais vivre avec moi pour des raisons personnelles. Avant même qu'elle ait pu tout m'expliquer lors de notre bataille de polochons, j'avais déjà ce poids sur la conscience... Celui de l'avoir trahie en la trompant avec son petit ami. En la regardant aujourd'hui, avec ce voile de regret dans les yeux, je réalisai à quel point elle l'aimait. Pendant ces trois longues années où ils avaient été séparés, elle ne parlait que de lui, rêvait de lui jour et nuit, au point même de traverser des frontières pour le retrouver. Si ce n'est pas de l'amour, dites-moi, de quoi s'agit-il ?

Je me sens coupable, oui, mais ce couple était voué à l'échec. Leur relation n'avait jamais été réciproque. Cela devait se terminer tôt ou tard, avec ou sans moi. Vous pensez sûrement que je suis cruelle de faire subir ça à ma meilleure amie, mais je ne suis pas gênée par ma propre attitude, car tout cela... je l'avais orchestré depuis longtemps. Depuis notre rencontre au lycée.

Ça doit paraître fou, je l'admets. Dès le début, Mike m'aimait, pas Adèle. J'avais remarqué qu'elle avait un faible pour lui, mais lui ne s'intéressait pas à elle. Alors, j'ai eu cette idée brillante : me servir de lui pour qu'il soutire de l'argent à Adèle, en échange du secret de notre relation. Ma vie n'a jamais été aussi douce que celle d'Adèle. Vivre avec un père alcoolique et une jumelle dévergondée, ce n'est pas de tout repos. Je voulais sortir de cette vie misérable, voilà pourquoi je m'étais liée d'amitié avec elle. Pas seulement pour lui prendre de l'argent, mais pour profiter de ce qu'elle ignorait pouvoir m'offrir. (sourit) Vivre dans le luxe sans fournir le moindre effort... Qui pourrait refuser ça ?

Mais cet idiot a tout gâché. Un simple accès de mauvaise humeur, et il vient de ruiner mon plan qui fonctionnait si bien. Je soupirai d'agacement en repensant à notre conversation de plus tôt, avant qu'Adèle n'arrive.

Puis, on m'appela d'urgence. Un patient gravement blessé devait être opéré immédiatement. Travailler n'est pas si ennuyeux, même si cela vous laisse épuisée en rentrant chez vous. Toute ma concentration était rivée sur la survie de ce patient. Une petite erreur, et ce serait une vie brisée, pour lui comme pour sa famille... et pour nous, les médecins qui avions l'obligation de le sauver. Après trois heures de soins intensifs, nous avions enfin maîtrisé l'hémorragie et retiré la balle qui était allée bien plus loin que nous ne l'avions imaginé. Heureusement, aucun organe vital n'avait été touché. Il ne restait plus qu'à espérer qu'il se réveille.

***

Il était environ 15 heures quand je sortis, épuisée mais satisfaite du travail accompli. J'avais décidé de surprendre Adèle en lui rapportant quelques-uns de ses gâteaux préférés. Mais en traversant la grande place, je fus frappée par la vue des couples qui s'enlaçaient partout autour de moi. C'était la Saint-Valentin.

Mon cœur se serra instantanément. Un mauvais pressentiment s'empara de moi. Si Mike venait à la maison pour me surprendre... et tombait sur Adèle ? Quelle serait leur réaction ? Qu'en penserait-elle en le voyant ici, chez moi ? Devinera-t-elle que je l'avais trahie, que Mike était mon petit ami ?

Je me frottai la tête en tentant d'imaginer tous les scénarios possibles. Pourquoi n'avais-je pas mon portable pour les joindre, m'assurer qu'ils ne se rencontreraient pas ? Le trajet en taxi me parut interminable. Lorsque j'arrivai enfin, la porte était fermée à clé. Personne n'était là. Mais où Adèle avait-elle bien pu aller ? Je me mordis les lèvres en cherchant une explication, jusqu'à ce que je remarque un petit mot sur la table : Je suis partie prendre l'air.

Mon irritation monta en flèche. Pour qui se prend-elle ? On lui offre l'hospitalité, et elle se permet de tout faire comme si elle était chez elle, comme si elle n'avait besoin de personne. Je la déteste. Même en vivant sous mon toit, elle ne ressent pas la moindre gêne à ce que je m'occupe d'elle. Et cette histoire de téléphone cassé... Elle promet de m'en racheter un, comme si j'avais besoin de son argent. Comme si je voulais de sa pitié.

Pourquoi le monde est-il si injuste envers les gens comme moi, alors que des filles comme elle obtiennent tout sans effort ?

Les heures passèrent, et je finis par entendre des voitures se garer devant la maison. Ma surprise fut totale en voyant que c'était des voitures de police. Mais que se passait-il encore ? Adèle sortit, suivie de plusieurs agents et de Mike, encadré par les policiers. Mon cœur battait la chamade. Sans réfléchir, je me précipitai vers eux, ignorant Adèle qui rentrait dans la maison, ni l'homme qui l'accompagnait et dont le visage m'était étrangement familier. Mon seul objectif était Mike. Mais il me fixa d'un regard glacial avant de lâcher des mots qui me dévastèrent.

— Ne t'approche pas de moi.

Je continuai à avancer, pensant avoir mal entendu.

— T'es bouchée ou quoi, Sabrina ? Dégage !

Ses mots, tranchants comme des lames, me firent reculer d'un pas. Tout le monde nous regardait, et je sentais la chaleur monter à mes joues.

— Mais, Mike... C'est à moi que tu dis ça ? murmurais-je, la voix tremblante.

— Oui, Sabrina. À toi. Et je te le dirai encore et encore jusqu'à ce que ça rentre dans ta tête !

Sa colère, palpable, me laissa sans voix. Mais pourquoi ? Que s'était-il passé en mon absence ?

— Explique-toi au lieu de déverser toute ta rage sur moi ! Qu'est-ce qui s'est passé ?

Il rit amèrement en se rapprochant de moi, mais les agents l'empêchèrent d'avancer plus loin. Son regard noir me transperça, et je ne reconnaissais plus l'homme que j'avais connu.

— Ce qui se passe, c'est que j'ai été amoureux d'une fille qui se foutait de moi pendant trois ans ! Ouais, je le savais, Sabrina. Que tu ne m'aimais pas. Que tu te servais de moi. Mais j'avais gardé espoir... Espoir que tu finirais par m'aimer. J'étais prêt à tout, même à cambrioler une banque pour toi, juste pour que tu me regardes comme tu regardais cet argent.

Il marqua une pause, ses yeux se remplissant de mépris.

— Mais tout ce que tu voulais, c'était t'enrichir. Me faire jouer les pantins. Et comme si ça ne suffisait pas... tu ramènes mon ex ici, chez nous, comme si tout ça ne te suffisait pas ! Je suis même au courant des gars que tu ramenais quand je n'étais pas là... Alors c'est terminé. Je te quitte, Sabrina. Devant tout le monde ici présent. Tu n'es plus rien pour moi. Espèce de croqueuse de diamants.

Ses derniers mots furent comme une claque en plein visage. Mon cœur se brisa. Mais avant que je ne puisse réagir, la voix d'Adèle résonna depuis la porte. Sans réfléchir, la rage aveuglant mon jugement, je me ruai vers elle.



















































































































































































































A suivre....

L'équilibre Des Failles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant