Chapitre 24

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Sabrina:
La colère, ce sentiment si object qui fait perdre la raison d'un individu en l'espace de quelques instants. Cette rage intense qui perturbe la valeur humaine au point de changer l'identité d'une personne en une fraction de seconde. Cependant, la colère qui m'anime semble se mélanger à un brin de folie ou plus, elle perturbe mes sens et me rend aussi acerbe qu'une épine plantée dans une semelle. Ma colère est tout autant plus dirigée vers la seule et unique responsable de tous mes malheurs et, comme vous l'aurez sûrement deviné, je parle bien évidemment de cette salope d'Adèle. Celle qui me ravie tout depuis son arrivée au pays. Commençant d'abord par me voler mon copain, puis ma belle maison et maintenant, à cause d'elle, mon poste au sein de cet hôpital est désormais en danger ! C'est quoi cette blague de mauvais goût ! Si j'avais su qu'on m'aurait fait une chose pareille dans quelques années par une personne que je manipulais, j'aurais très certainement ri aux éclats. Mais me voilà bloquée dans cette réalité que je pensais être inimaginable.

Après que docteur Lucien m'ait convoqué dans son bureau, tout ce qui me traversait la tête durant le trajet était de savoir si j'allais m'en sortir ou non. Il resta silencieux jusqu'à ce qu'on puisse atteindre la porte de son bureau pour qu'il se décale afin de me céder le passage une fois qu'il avait ouvert la porte. C'est ce côté gentleman là qui m'attire chez lui, car il ne fait aucune distinction du statut de la personne. Une fois à l'intérieur, il part tranquillement s'asseoir sur son siège et m'indique d'un mouvement du menton d'en faire autant, et c'est ce que je fis en venant m'asseoir en face de ce dernier, légèrement nerveuse de ce qu'il comptait m'annoncer.

-Madame Flecher (prononcer en anglais*), votre dossier est certes très recommandable, mais je ne m'attendais pas à ce que votre comportement diffère autant. Vous m'en voyez déçu.

Ne comprenant pas où il voulait en venir, je restais silencieuse en gardant sagement mon regard braqué sur mes mains entrelacées entre elles à cause de l'anxiété qui grandissait à grande vitesse en moi. J'avais un mauvais pressentiment et j'espérais que ce à quoi j'imaginais ne se réalise pas. Il ramassa un classeur portant comme étiquette mon nom et cela ne fit qu'augmenter ma crainte en me poussant à me lever d'un bond de mon siège.

- Que... Qu'est-ce que vous faites avec mon dossier, docteur ? Vous comptez me virer pour une telle erreur ? Je n'ai rien fait de scandaleux, alors expliquez-moi la raison de la présence de mon dossier entre vos mains.

-Tout d'abord, veuillez vous asseoir et, ensuite, n'osez plus jamais me donner des ordres. Je suis votre supérieur et j'ai le fin mot dans mes agissements, qu'ils puissent être délibérés ou non. Pensez-vous que je réagirais de la sorte si je n'avais pas reçu plusieurs plaintes vous concernant, notamment envers les nouveaux stagiaires ? J'avais fait mine de fermer les yeux sur vos méfaits, car vous êtes un élément important de notre service. Cependant, je constate qu'en le faisant, vous vous octroyez le droit d'agir comme bon vous semble.

Il m'adresse un regard sévère en déposant brusquement le document sur son bureau d'un bruit sourd qui me fit hoqueter de surprise et en prenant rapidement place sur mon siège. Je sentais des sueurs froides parcourir toute mon échine à l'entente de sa voix ferme et tranchante portée sur ma personne, m'intimidant de croiser son regard.

-Je... Je suis extrêmement désolé de ce désagrément, Docteur... Je vous prie de m'accorder une autre chance de me racheter et de tout arrêter, c'est le seul travail qu'il me reste, je ne dois surtout pas le perdre, sinon j'aurais des difficultés à subvenir à mes besoins. Pitié, épargnez-moi ce destin.

Me sentant tellement humiliée de devoir demander clémence pour garder mon travail, mon visage renfrogné et mes mains tremblantes n'arrangeaient rien à la situation dans laquelle je me trouve par la faute de cette salope. Ma vie était tellement plus aisée avant son arrivée que le simple fait d'avoir un seul emploi suffisait amplement à m'accorder du temps pour ne pas me tracasser avec les factures, les impôts, la nourriture et bien d'autres choses encore.
Malheureusement, il a fallu qu'après ma rupture avec Mike, je me fasse jeter hors de ma belle maison que ce dernier avait hypothéquée pour me retrouver dans un taudis semblable à la demeure de ma maison d'enfance, car mes fonds n'allaient pas suffire pour me permettre une autre belle demeure. Mais pour que personne ne puisse savoir que je vis dans des mauvaises conditions, j'emprunte tous les jours des vêtements dans des magasins que je dois rendre à la tombée de la nuit et je m'assure de nettoyer ma voiture toute seule pour qu'elle brille de mille éclats.

L'équilibre Des Failles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant