Chapitre 8

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Christian :

Je ne m'attendais vraiment pas à ce que ce soit elle. En la voyant se lever, pointer un doigt accusateur dans ma direction, une étrange sensation de surprise mêlée à l'amusement m'envahit. Axel et Jackson étaient déconcertés, leurs regards se balançant entre Adèle et moi, totalement perdus face à cette scène surréaliste. Et moi, je restais là, le sourire en coin, observant l'ex-binoclarde, oui, je vais continuer à l'appeler ainsi étonner sous le poids de sa propre réaction impulsive. Elle inspira profondément, essayant de reprendre contenance. Mais moi, je savourais l'instant, curieux de savoir comment elle avait atterri ici, dans ce contexte inattendu. Visiblement, mes amis avaient quelques explications à fournir.

Jackson, dans sa tentative habituelle de dissiper la tension, éclata de rire. Son rire résonna maladroitement dans la pièce. Il se dirigea vers Adèle, affichant ce sourire charmeur dont il était si fier, tendant une main vers elle.

— On dirait que vous vous connaissez déjà... Du coup, pas besoin de présentation de la part de Christian. Moi, c'est Jackson, le cousin du type là-bas. Et toi, c'est quoi ton nom ?

Adèle ne daigna même pas regarder sa main, ni répondre. Son visage était fermé, et d'un geste, elle se tourna vers la porte. Jackson, vexé par cette indifférence, reprit d'un ton légèrement piqué.

— Hey, ce n'est pas très poli d'ignorer quelqu'un qui se présente gentiment, tu sais.

Elle s'arrêta à quelques pas de la porte, fouillant ses poches pour en sortir son téléphone. Elle répondit rapidement à un appel, en anglais. Son visage, déjà contrarié, se crispa davantage, ses sourcils froncés, ses poings serrés. Ce geste, minime mais significatif, ne m'échappa pas. Quelque chose clochait.

Elle raccrocha avec un soupir d'agacement, puis, toujours sans se retourner, lança d'une voix impassible :

— Christian, suis-moi. Pour vous autres, je vous donnerai ma réponse pour l'appart plus tard.

Elle fit quelques pas supplémentaires, avant de s'arrêter. Cette fois, sa voix se fit presque inaudible.

— S'il te plaît...

Ces mots, chuchotés, eurent un effet inattendu sur moi. Adèle, demandant de l'aide ? Sans attendre davantage, je récupérai mes clés et sortis sous les regards stupéfaits d'Axel et Jackson, leur incompréhension palpable. À leurs yeux, je pouvais lire un "Qu'est-ce qui se passe ?".

Je la retrouvai dans le parking, immobile, le regard perdu dans le vide. Elle semblait absorbée par des pensées lourdes, inquiétantes. Quand elle m'aperçut, elle revint à elle et me lança un regard indéchiffrable.

— Pouvons-nous faire une trêve ? Juste pour l'instant...

Elle me tendit son téléphone, affichant une adresse. En la lisant, mes yeux s'écarquillèrent.

— Tu es sûre de vouloir aller là-bas ? demandai-je, intrigué.

— C'est rien de grave, juste une petite affaire à régler, répondit-elle en haussant les épaules, un air innocent plaqué sur son visage.

Je ne répondis pas. Je me contentai de marcher vers la voiture, l'invitant à me suivre. Elle s'installa en silence, et nous partîmes.

***

Après une trentaine de minutes de trajet, sans un mot échangé, nous arrivâmes devant... un commissariat.

Adèle sortit en vitesse, se dirigeant directement vers l'intérieur. Je la suivis de près, jouant les gardes du corps silencieux. Elle approcha un agent de police qui sirotait tranquillement son café, et ils échangèrent quelques mots à voix basse. À plusieurs reprises, elle me lança des regards furtifs, comme si elle essayait de me garder à distance. L'agent nous fit signe de le suivre vers une salle plus reculée, puis me laissa là, seul. Mais bon, fidèle à moi-même, je n'allais pas rester sagement en retrait. Dès qu'ils furent assez loin, je les suivis discrètement.

L'agent ouvrit une porte, révélant un bureau où se tenaient déjà deux ou trois hommes. Le visage rougi de l'un d'eux attira immédiatement mon attention. Mike. Je le reconnaissais vaguement. Un type que je voyais souvent traîner avec Adèle. Sur son front, quelque chose était écrit, mais je ne pouvais pas encore distinguer les mots. Adèle, elle, éclata soudain de rire, brisant le silence lourd qui s'était installé.

— J'en reviens pas... Aller se plaindre à la police pour ça ? Tu es tombé bien bas, Mike.

Ses mots, cinglants, firent rougir de plus belle le jeune homme. Il serra les poings, son visage se tordant de colère.

— Et toi, tu trouves ça normal de frapper quelqu'un au visage avec une poêle et de lui écrire sur le front avec un marqueur indélébile ?!

— Oh là là, que j'ai peur... murmura-t-elle avec un sarcasme mordant. Qu'est-ce que tu vas dire ensuite ? Que je devrais être enfermée ?

Un sourire suffisant se dessina sur ses lèvres, tandis que Mike bouillait de rage.

— Tu sais quoi, Adèle ? Tu n'es qu'une idiote, une bonne à rien. Sabrina m'a supplié de sortir avec toi. Tu crois vraiment que tu peux avoir n'importe qui grâce à ton fric ? Tu es pathétique.

Je ne pouvais plus le supporter. Ce type me donnait envie de lui refaire le portrait. Mais Adèle, étrangement calme, se contenta de se tourner vers l'agent de police.

— J'ai entendu ce que je voulais. Nous pouvons y aller, maintenant ?

Elle esquissa un sourire doux mais implacable, ignorant totalement Mike. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, nous étions déjà en route pour une destination inconnue, dans une voiture de police.






























































































A suivre....(Sorry pour les fautes ^^)

L'équilibre Des Failles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant