Elle représente l'interdit
Il représente l'inaccessible.
Leur relation est impensable, impossible, interdite et pourtant quand la jalousie prend le pas sur la raison, éviter de se donner une chance est impensable.
Envers et contre tous, ils se ba...
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Depuis le collège, je me suis forgé une carapace impénétrable. J'ai changé au cours des années passées là-bas, je me suis endurcie et j'ai tout fait pour que personne ne découvre ce que j'ai vécu. Les gamins entre eux peuvent être mauvais, destructeurs, plus qu'on ne pourrait le croire et les pires là-dedans ce ne sont pas les garçons, mais les filles. Si je prenais à la légère les moqueries des garçons à mon égard, les paroles des filles étaient plus piquantes, plus mauvaises et destructrices. Ce n'est un secret pour personne, les adolescents idéalisent les femmes qu'on voit à la télévision ou dans les magazines et ils ont du mal à se dire que la plupart de ces femmes sont pour la plupart fausses et totalement refaites. Peu sont celles qui sont naturelles dans les médias et je trouve ça dommage. J'ai toujours été assez lucide sur le fait que ces femmes ne sont pas la réalité ou qu'on devait leur ressembler. J'ai donc laissé leur remarque débile glisser sur moi tout en acceptant mon corps. Puis, les filles s'y sont mises, elles ont commencé à me donner des conseils que je pensais bienveillants au départ pour ensuite devenir méchantes, dévalorisantes au point où j'en suis venue à détester mon corps, à ne plus le supporter. J'ai passé des heures à courir, à danser pour tenter de l'affiner, de ressembler à ces modèles de perfection que l'on voyait partout sans jamais y arriver.
J'ai bêtement pensé qu'en arrivant au lycée les choses seraient différentes, qu'on aurait tous grandi et qu'enfin on ne me jugerait plus sur mon corps, mais sur la personne que je suis. J'ai toujours gardé en tête que la beauté intérieure et le talent étaient bien plus importants que la plastique et cette idée a été confirmée lorsqu'on m'a recrutée pour entrer dans l'équipe des pom pom girls. Durant deux ans, tout s'est très bien passé. Je recommençais à me sentir mieux dans ma peau, a m'accepter telle que je l'étais malgré mes quelques formes. Je ne voyais plus d'un mauvais œil le bourrelet qui apparaissait quand je m'asseyais ou le fait que mes cuisses se touchaient légèrement.
Mais tout a basculé ce soir, les paroles qui ont été prononcées par l'une des filles que je pensais être mon amie et confirmées par les autres ont eu raison de ma confiance retrouvée. Elles ont abattu ce que je me suis efforcé d'accepter, elles ont rouvert la porte de mes complexes en quelques paroles. Je suis tombé de mille étages en les entendant au point de prendre la fuite, incapable de rester avec ces gens, avec leur regard sur ce corps qui ne m'a jamais convenu et que je me suis efforcé d'accepter.
Appeler Jack a été une évidence, pour tout avouer, je n'ai pas une seule fois pensé à appeler mon frère ou Célia. Je le voulais lui. Et comme je m'y attendais, il est venu tel mon sauveur. Enfin ça c'était mon ressenti avant de me retrouver dans la salle de bain avec ce qui me sert de pyjama. Les paroles prononcées plus tôt dans la soirée m'ont engloutie et le mal être m'a gagné à nouveau alors qu'auprès de lui tous mes malheurs s'effacent toujours. Me rendre compte qu'elles ont le pouvoir d'enlever le bien-être que je ressens auprès de Jack me fait peur, car il a été mon roc durant les années collège. Sans lui, je pense que je me serais effondrée. Je devrais d'ailleurs penser à le remercier, mais il ne comprendrait pas pourquoi je le fais, car il ne sait pas à quel point sa présence et ces blagues pourries m'ont remonté le moral quand je n'allais pas bien.
