Le week-end avait enfin commencé et pour le bonheur de tous, il faisait agréablement beau. Les nuages gris avaient laissé place à un ciel bleu où le soleil brillait. Il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid, et tout le monde profitait de ces beaux jours pour sortir prendre l'air. Thomas avait réussi à convaincre son père de prendre un peu de son temps pour gonfler les pneus de son vélo. Et une fois gonflé, il en profita pour prendre quelques affaires de dessins, y compris la veste d'Eliott, et de rouler jusqu'à la librairie pour la lui remettre.
Une fois devant, il salua le père de son camarade qui nettoyait le panneau « Librairie Lemarchand » avec un vieux chiffon. Il leva la main et salua l'adolescent avec un grand sourire. Eliott sortit à son tour de la maison, dépoussiérant sa chemise noire. Et lorsqu'il vit Thomas le regarder, son visage s'illumina. Il s'empressa de descendre les quelques escaliers et de s'approcher de lui :« On est un lève-tôt à ce que je vois.
- Même un sourd ne pourrait pas dormir avec toute l'agitation qu'il y a chez moi le matin.Ils rigolèrent à cette soudaine comparaison. C'est vrai qu'avec les murs pas assez épais, Thomas pouvait entendre le réveil de ses parents, les escaliers qui grincent et le four qui se met à crachoter des cendres. Eliott désigna la monture de son ami du menton.
« Tu vas te balader ?
- Ouais, je pensais faire un petit tour et je suis passé te ramener ton manteau.
- J't'accompagne, j'ai quelques endroits sympas à te montrer. »Il attrapa le manteau que Thomas lui tendait et se dirigea vers le côté de la maison pour entrer dans un garage. Il en sortit un vélo noir et s'empressa de passer ce qui semblait être un étui de guitare sur son dos.
« T'es endurant j'espère ?
- Tu me prends pour un faible ou quoi ? répondit Thomas du tac au tacLe garçon Lemarchand pouffa dans sa main avant d'enfourcher son vélo et de rouler jusqu'à la sortie du village. Thomas se retourna vers son père pour le saluer et s'empressa de le suivre. La pente les aida à prendre un peu d'allure et à ne pas se fatiguer dès le début. Ils passèrent entre les ruelles décorées et vivantes, saluant les passants sur le trottoir qui étaient tous des voisins, des amis et des connaissances. Eliott s'était placé à l'avant pour guider Thomas à travers le village. Ils passèrent le petit pont sous lequel coulait la grande rivière. Et il se mit à rouler sur une route goudronnée, celle qu'empruntait le bus tous les matins pour les emmener au lycée. Thomas profita de la largeur du chemin pour se placer à la gauche d'Eliott.
« J'espère que tu ne m'emmènes pas au lycée.
- C'est encore mieux que là-bas.
- Ca ne peut que être mieux. »Et au bout de quelques minutes de course, Eliott prit à droite pour entrer dans un chemin entouré de champs. Il se tourna vers son ami pour vérifier qu'il le suivait toujours.
« Ce n'est pas encore trop tard pour faire demi-tour.
- Aller avance ! On a le temps de crever avant d'y arriver. »Il prit cette affirmation comme un top départ. Il se mit à pédaler de plus en plus vite pour garder l'allure dans la montée qu'ils traversaient. Les grands et longs épis de blés les entouraient, comme s'ils s'étaient aventurés dans un immense labyrinthe. Pédaler ici était beaucoup plus difficile que sur la route ou les pavés. Le chemin était parsemé de butes, de crevasses, de rochers, cailloux et petits galets qui sautillaient entre les rayons du pneu. Mais Eliott poursuivait, sans grande difficulté. Il semblait habitué et savait exactement quand changer de sens pour rouler au mieux. Thomas essayait de faire de même, mais le guidon était presque incontrôlable, il tentait de suivre son camarade, mais à chaque fois qu'il changeait de côté, Eliott faisait de même.
« Tu m'évites ? demanda le blond
- J'essaye de t'ouvrir le meilleur chemin, mais tu n'es pas le meilleur cycliste !
- Ce n'est pas ma faute si tu m'emmènes dans ces trous paumés.
- Et ce n'est pas ma faute si tu ne sais pas rouler dans les champs.
- Je n'appellerais même pas ça un champ ! Et encore moins un chemin ! C'est un passage sinueux pour les engins agricoles et les animaux sauvages, mais définitivement pas pour les vélos !
- Tu as encore tellement de choses à découvrir, petit citadin. »
Et Eliott poursuivit sa route en doublant la vitesse. Le cœur de Thomas s'accéléra, ses jambes devenaient lourdes et ses muscles le priaient de s'arrêter. Mais même si son corps faisait tout pour l'arrêter, même en le rendant nauséeux, son mental était plus fort. Et une fois arrivé en haut de la côte, il contempla l'horizon derrière lui et ce qu'il venait de parcourir, et il ne put s'empêcher de sourire.
« On est bientôt arrivé, si ça peut te rassurer le plus dur est passé. dit le campagnard en se mettant à rouler vers un second chemin »
Celui-ci était plus droit et agréable que l'autre. Il n'y avait que de la terre plate, encore un peu humide après la pluie de la veille et la rosée du matin. Les champs de blés avaient disparu et laissé place à de grandes plaines vertes. Eliott continua de descendre entre les chemins et les arbres, les cheveux au vent. Il se tourna vers Thomas et vit celui-ci émerveillé par les paysages qu'il voyait autour de lui. Ses yeux bleus brillaient avec la lueur du soleil et l'éblouissement de ce qu'il voyait autour de lui comme s'il avait plongé le plus beau des rêves, ses joues étaient légèrement rosées et un sourire s'était étiré pendant qu'il roulait. Le leader ralentit un peu la cadence pour entrer dans une plaine verte. Il descendit de son vélo et se mit à monter la colline en poussant celui-ci avec ses mains.
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Our Fairytale
RomanceJ'ai toujours entendu dire que l'art avait plusieurs âmes, et que chacunes d'entre elles s'expriment à sa façon. Mais, je ne pensais pas que nos deux âmes totalement opposées auraient une chance de créer l'harmonie.