Chapitre 2

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- Dans le silence s'il vous plaît !

Thomas s'installa rapidement à sa place attitrée, juste à côté de la fenêtre, et s'empressa de sortir sa trousse, son carnet et ses feuilles. Mardi après midi, il est quatorze heures, et la classe est sur le point de démarrer deux heures de français. Ce qui n'enchantait personne, pas même les élèves les plus motivés qui s'attendaient à faire une énième lecture expliquée d'un texte de Corneille, Molière, ou n'importe quel auteur français du XVIIè siècle.

La professeur, qui s'était appuyée sur son bureau pour attendre le calme, ne semblait pas plus enchantée qu'eux à l'idée de ces deux heures enfermé. Elle portait une longue robe brune, ainsi qu'une petite paire de bottines noires. Ses cheveux blonds étaient détachés et tombaient sur ses épaules. Elle avait un regard doux, les élèves la comparaient souvent à une chouette avec ses grandes lunettes, cependant, ils s'étaient rapidement aperçus que celle-ci savait se faire respecter en temps voulu.

Pendant que les autres élèves sortaient lentement leurs affaires, Thomas balayait la classe du regard jusqu'à ce que celui-ci s'arrête sur Jeanne, la déléguée de sa classe.
Jeanne est la première personne qui avait fait un pas vers lui lors de sa première rentrée. Elle lui avait fait visiter l'établissement et ses locaux et s'était proposée pour l'aider à rattraper les cours. Et elle s'est même déplacée pour s'assurer qu'il ait quelqu'un a qui demandé conseil pendant les cours.

Il l'aimait bien, elle était gentille et différente, elle ne s'intéressait ni à la mode, ni au maquillage. Elle aimait lire. Son sac était toujours rempli de bouquins et elle pouvait en finir un en seulement quelques heures, si l'environnement dans lequel elle le lit est assez calme. 

En bref, cette fille était parfaite.

"Excusez-moi du retard."

Le regard du Morel changea rapidement de direction, il venait d'entrer.

"Je veux bien être gentille Eliott, mais il va falloir apprendre à arriver à l'heure ! Comment feras-tu quand tu auras ton travail ?"

Il continua son chemin vers sa place et se mit à déballer ses affaires. Voyant qu'elle parlait inutilement, l'enseignante se rendit vers son bureau en remettant ses longues mèches en place. Elle se tourna vers la foule d'adolescents qui, à présent, la regardait dans les yeux. Elle avait atténué les chuchotements et les petits regards en coin. Elle attrapa donc son carnet dans sa main droite et un stylo dans l'autre.

"Bien, nous allons débuter le cours. J'aimerais, dans le but de l'épreuve d'imagination pour le baccalauréat, vous entraîner à la composition d'une œuvre, la vôtre"

Et avant même qu'elle ne continue, de multiples mains se sont levées. Elle ne répondit à aucune question, et continua son explication.

"Ce sera un travail à réaliser en binôme"

Thomas jeta un léger coup d'œil vers le reste du groupe, pas facile de trouver un ou une partenaire quand tout le monde se connaît. Jeanne, lui jeta un rapide coup d'œil et un grand sourire, signe qu'elle voulait en faire son partenaire.

"J'ai déjà déterminé vos binômes"

Une vague de complaintes envahie la salle, Jeanne rejeta un regard désolé tandis qu'il haussait les épaules. La professeur attendit le retour du silence pour continuer :

"Chaque groupe aura un sujet et devra, à l'aide de son imagination, écrire un récit qui représentera la note de votre trimestre. Je souligne donc l'importance de ce travail et le sérieux que vous devrez apporter au cours des prochaines séances"

D'autres mains se levèrent, tandis que les autres, attendaient encore levées jusqu'au ciel.

"Bien, je tiens à préciser que je n'accepterai aucune revendication concernant vos groupes"

Plusieurs mains se baissèrent, accompagnées de longs soupirs.

"Le travail sera à rendre pour la fin du mois"

Les dernières encore levées se baissèrent pour retomber sur les tables.

Elle attrapa son stylo et en retira le capuchon qu'elle posa délicatement sur son bureau.

"Premier groupe, Anaëlle et Camille : sur une pièce de théâtre tragique

Deuxième groupe, Emma et Quentin : sur un roman fantastique"

Thomas vit les groupes se former petit à petit. Jeanne fut appelée à son tour et soupira en voyant la silhouette de son binôme. Elle semblait donc ravie. Les autres, avaient tous été séparé de leurs partenaires habituels, ce qui causaient de grandes grimaces de dégoût sur chaque visage. 

"Ensuite, pour un conte féérique, Thomas et Eliott"

Les deux relevèrent la tête en fixant le professeur qui continuait de donner les groupes. Thomas jeta un dernier coup d'œil à Jeanne qui semblait lui souhaiter bonne chance. Il se tourna alors vers le fond de la classe et regarda son compagnon qui attrapait toutes ses affaires pour s'avancer. 

Il déposa ses carnets et sa trousse sur la table en poussant un long soupire et s'installa sur la chaise. 

"Quelle plaie !"

Thomas s'inquiéta et se sentit visé, était-ce de sa faute ? 

"Bon ! Tu as des idées ? demanda-t-il sur un ton mielleux

Thomas leva son regard vers Eliott, il avait des yeux noisettes, et ses pupilles noires semblaient si grandes qu'on pouvait plonger dedans et s'y perdre à jamais. Quelques mèches brunes retombaient sur son front, cependant, il ne semblait pas y prêter la moindre attention. 

"Hum ouais, ouais ! reprit-il, fin euh, j'aurais certainement des idées un peu plus tard..

- Mhh okay"

Thomas attrapa une feuille et inscrit son nom dessus ainsi que celui de son camarade. 

"On va commencer par trouver un thème, tu as une idée ?

- Mh, de toute façon il faut quoi ? Une grenouille, un petit pois, un prince et une chèvre. 

- Un chèvre ?"

Eliott afficha un grand sourire tandis que Thomas écarquillait les yeux. 

"Tu n'as jamais entendu parler de La Chèvre de Monsieur Seguin ?

- Nan jamais..

Eliott arracha un post-it de son carnet et s'empressa d'écrire son adresse. 

"Passe chez moi dès que possible, je te passerai le bouquin"

Il glissa le post-it sous le carnet de Thomas et se réinstalla dans la même position qu'avant. Les seules choses qu'il avait entendu sur lui c'est qu'il avait redoublé plusieurs fois, qu'il s'en fichait pas  mal des cours et qu'il n'était pas du genre à beaucoup travailler. Pour autant, il s'en sortait au contrôle et finissait le trimestre avec au moins la moyenne. Jeanne et ses amies ne l'aimaient pas énormément, mais il n'avait jamais creusé sur la raison précise. Son isolement était une preuve suffisante. Et ça n'allait pas être facile de coopérer avec lui.



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