*Chapitre 22*

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*Gros TW ici + la musique dure une heure, bonne chance*

Eliott attrapa son immense sac et l'étui de son violon qu'il fit glisser sur son dos. Il rigola en pensant à ce qu'il avait dit à Thomas, de prendre uniquement le strict minimum. Lui, était loin d'avoir respecté ses propres demandes, même s'il avait fait des efforts qui lui semblait surhumains. Il avait renoncé à sa guitare, qui était beaucoup trop lourde et encombrante. Le violon suffira, et il savait qu'en trouvant rapidement du travail en ville il parviendrait à s'en offrir une nouvelle.

Il attrapa un cadre avec une photo de famille et la glissa aussi dans son sac avant de jeter un dernier coup d'œil à sa chambre. Elle était propre et organisée, c'était rare, mais il ne voulait pas que son père ait tout à ranger après son départ. Il imaginait mal celui-ci devoir supporter ses derniers fardeaux. Il lui avait laissé une lettre d'adieux. Même s'il avait mis plusieurs heures à l'écrire et qu'il avait utilisé l'arrière de ses feuilles de cours, les dernières qu'il restait dans son bureau. Il était heureux des quelques mots qu'il avait annotés. Il lui avouait tout dans cette lettre, sa décision, ses sentiments pour Thomas, son attirance. Il avait parlé de sa mère et du conservatoire, de la librairie et de son rêve. Devenir musicien. Mais surtout de son nouveau rêve. Être heureux avec Thomas. Ne pas vivre cacher, s'aimer sans craindre le rejet.

Et une fois avoir fais ses adieux à son havre de paix, il ferma doucement la porte, se dirigeant sur la pointe des pieds vers les escaliers. Il passa devant la porte du salon, entrouverte. Son père était assis sur un fauteuil devant le poste de télévision. Il était dos à la porte, Eliott ne voyait donc pas s'il était concentré dans la série dramatique diffusée à l'antenne, ou s'il s'était endormi. Il fixa une dernière fois son dos, afficha un petit sourire et se remit à marcher, toujours aussi silencieusement, vers l'extérieur. Il enfourcha son vélo et scruta l'heure sur sa montre. Vingt-trois heures et il était déjà en retard. Il s'empressa de dissimuler son visage sous sa capuche et de pédaler pour quitter au plus vite ce trou paumé. 

Il dévalait la route de pavés de son village sous la pluie battante et le vent qui soufflait avec rage. Il passa devant la boulangerie des Morel et vit plusieurs voitures de la gendarmerie garées, les gyrophares allumés. Son cœur s'accéléra, les parents de Thomas ont du remarqué son absence. Il franchit rapidement le pont et tourna à l'intersection de la poste avant de rejoindre la grande route, inondée depuis le lever du soleil.  Eliott avançait à toute vitesse sous la pluie battante qui l'aveuglait. Les roues de son vélo glissaient sur la route, le vent soufflait sur son visage, les arbres s'agitaient et plusieurs branches tombaient, comme si le temps voulait l'empêcher d'aller plus loin.

La capuche de sa veste lui permettait de rester un peu au sec, mais son front transpirait et les mèches qui couvraient celui-ci furent rapidement humides. Il accéléra, encore et encore. Même si ses jambes le suppliaient de ralentir. Son cœur et l'adrénaline ne pouvaient se calmer depuis ce qui était arrivé la veille. Il avait enfin trouver son âme-sœur, et il pouvait le ressentir au font de lui. La présence de Thomas lui apportait le plus merveilleux des bonheurs. Il s'imaginait déjà, tous les deux, à emménager dans un petit appartement de la ville en écoutant leurs morceaux préférés. Il se voyait déjà assis au café avec Thomas, après une journée de cours intenses. A retourner chez eux ensemble, main dans la main, sans que personne ne les remarque. Il rigola en remarquant à quel point la niaiserie avait impacté son imagination. 

Arrivé en bas de la colline, il vit le vélo de Thomas contre la barrière et ne put s'empêcher de sourire. Il ne l'avait pas laissé, il l'avait attendu, il était là. Il laissa son vélo tomber et se mit à courir vers le haut de la colline. Ses chaussures glissaient sous l'herbe trempée et la boue le retenait presque vers le bas. La pluie tombait sur son visage, sa capuche s'était retirée et le vent soufflait dans ses cheveux. Il mit un bras devant ses yeux pour continuer d'avancer, malgré toutes les forces de la nature qui essayaient de le repousser. Il aperçut le haut de l'arbre et y vit une silhouette, couchée contre le tronc. Son sourire s'agrandit, son cœur s'accéléra et il fut pris d'une vague d'énergie. Il se mit à courir vers Thomas en criant.

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