Chapitre 20

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Dès les premières lueurs de l'aube, Thomas enfila ses chaussures et un gilet. Il dévala les escaliers de sa maison, passant rapidement devant ses parents sans leur accorder un regard ou un bonjour. Sa mère fut surprise de le voir courir dehors aussi vite et surtout aussi tôt le matin. Le Morel ne prit même pas la peine d'enfourcher son vélo, il couru vers la librairie Lemarchand qui ouvrait dans quelques minutes. Il souriait, les cheveux volants au vent, la grande enveloppe brune dans sa main gauche qui risquait de se plier à chaque mouvement de bras. Une fois arrivée devant la devanture, il monta les quelques marches et entra rapidement en scrutant les allées de livres. 

« Monsieur Lemarchand ? Vous êtes là ?

- Thomas ! Mon garçon ça fait si longtemps ! »

Le père d'Eliott sortit de derrière le comptoir, ses lunettes sur le bout de son nez et le tablier, encore une fois, plein de poussière. Il enlaça le Morel en lui donnant plusieurs tapes affectives dans le dos, il remarqua l'enveloppe dans ses mains et son regard s'agrandit.

« C'est ce que je pense ?

- Je vais la poster, mais avant je voulais voir Eliott pour.. »

Il remarqua que le libraire avait un regard grave. Son sourire s'était effacé à l'entente du nom de son fils. Il recula doucement de Thomas et se racla la gorge.

« Eliott va bien ? demanda Thomas soudain inquiet

- Je n'en ai pas l'impression. Cela fait plusieurs jours qu'il ne parle plus. Il part tôt le matin, rentre tard le soir, il ne mange pas et ne m'adresse plus un regard. Il ne s'est pas comporté comme ça depuis le décès de sa mère. Quelque chose a dû se passer à l'école, est-ce qu'il redouble encore ?

- Non non Monsieur Lemarchand, Eliott a excellé ce dernier trimestre. Il a même reçu les compliments du conseil.

- Il ne me l'a pas dit.

- Donc Eliott n'est pas ici ?

- Non. Et je ne sais pas du tout où il a bien pu aller. »

Thomas se tourna vers l'extérieur, le ciel était dégagé et il y avait du soleil, même si les pavés de la route étaient encore mouillés et que les passants portaient un gilet, il n'y avait qu'un seul endroit, même par ce temps, où Eliott pouvait se trouver. Le Morel remercia rapidement le Lemarchand avant de courir chez lui. Cette fois ci, il attrapa son vélo, l'enfourcha et se mit à dévaler la pente du village. Il s'arrête quelques secondes devant la boîte jaune. Il la regarda un petit moment, puis ses yeux dérivèrent sur son enveloppe et le timbre. S'il le faisait, il n'y avait pas de retour en arrière. Et d'un geste rapide, il glissa l'immense enveloppe dans la boite avant d'enfourcher son vélo et de pédaler le plus vite possible vers son repère.

Il ne lui fallut qu'une dizaine de minutes pour y arriver. Il fut tellement heureux de voir les traces d'un vélo sur son chemin et d'apercevoir la silhouette de quelqu'un, couché contre le tronc de l'arbre. Thomas arriva jusqu'au sommet en courant, la respiration haletante après sa course.

« Eliott ! cria-t-il en secouant les bras, je l'ai fais ! J'ai posté mon dossier ! Eliott ! »

Il courut vers son ami qui n'avait pas relevé la tête. Il n'avait pas apporté sa guitare et occupait ses mains en tressant de fines brindilles ensemble avant de les jeter de côté et d'en prendre des nouvelles.

« Il ne reste que toi ! Tu peux encore faire ta demande au conservatoire ! Il te reste encore quelques jours ! Je peux t'aider à rédiger ta lettre si tu le souhaites ! »

Thomas s'arrêta à plusieurs mètres d'Eliott qui n'avait toujours pas bougé d'un pouce. Il ne portait aucun intérêt à ce que le blond lui disait ou demandait. C'était tout juste s'il était intéressé par sa présence. Il remarqua son visage indifférent et essaya de tenter une approche plus douce pour ne pas le brusquer.

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