Cela faisait déjà plus d'une dizaine de minutes que la musique résonnait dans les basses et on pouvait déjà l'entendre jusqu'au bout de la rue. Quelques personnes, vêtues de leurs plus impressionnantes tenue de soirée, s'étaient installées devant les portes du gymnase pour profiter de l'air frais et fumer quelques cigarettes. Thomas sortit de la voiture de son père avant de s'avancer vers la porte arrière gauche pour l'ouvrir. Il attrapa la main gantée de sa partenaire, Jeanne, qui sortit du véhicule en posant d'abord le pied gauche au sol, puis le droit. Elle portait une robe rose qui semblait parsemée d'étoiles et qui lui arrivait aux chevilles. Elle avait enfilé une paire d'escarpins du même ton que la robe ce qui lui donnait quelques centimètres, mais elle était toujours plus petite que Thomas. Ses cheveux avaient été rassemblé pour former un chignon, mais quelques mèches tombaient sur son front et sur les côtés. Elle avait ajoutée quelques bijoux, une paire de boucle d'oreille en diamants, un pendentif qui allait avec et surtout un bracelet discret qu'elle trifouillait pour cacher son stress. Thomas le remarqua et caressa doucement sa main pour la rassurer. La voiture de son père s'éloigna, les laissant seuls sur le bord du trottoir.
« Ça va bien se passer, tout a été super bien organisé. Maintenant tu vas profiter de ta soirée. Et je resterai à tes côtés. »
Elle releva la tête vers Thomas, il remarqua qu'elle portait plus de maquillage que d'habitude. Ses paupières étaient colorées, ses sourcils tracés et ses cils accentués. Elle portait des paillettes sur ses joues et sur ses lèvres qui semblaient douces. Le garçon les fixa un long moment avant que son regard ne se replonge dans les yeux de sa partenaire.
« On y va ? »
Il lui offrit son bras droit, elle s'empressa de s'accrocher à celui-ci et de marcher en direction de l'entrée. La musique devenait beaucoup plus forte et même entraînante. La tête de Jeanne se mit à bouger en rythme, signe qu'elle se détendait. Plusieurs personnes la saluèrent sur le passage tandis qu'elle se dirigeait à l'intérieure. Et là, ce fut encore mieux que ce qu'elle avait imaginé. La décoration rendait encore mieux que la veille avec les lumières qui se reflétaient dessus. Les gens dansaient, chantaient, riaient et s'amusaient. Certains s'étaient installés aux tables pour se reposer, boire ou manger. Mais surtout, tout le monde semblait heureux.
Thomas balaya la salle du regard. Il n'avait pas revu Eliott depuis qu'il avait parlé avec Jeanne. Pour lui, c'était une meilleure idée depuis qu'il avait appris la vérité. Il ne pouvait pas se permettre de passer du temps avec une personne comme ça, il y avait trop de risques, surtout depuis qu'il se sentait différent. Il l'avait remarqué, cette angoisse avait maintenant disparue depuis qu'il avait pris la décision de couper les ponts avec Eliott. Il avait juste à le faire discrètement, l'éviter, ne plus le voir, et tout irait bien. Il ne ressentirait plus jamais cette nausée à l'idée que son ancien ami puisse potentiellement avoir des sentiments pour lui.
Jeanne était parfaite. Elle était jolie, sublime, intelligente et drôle, et c'était une fille. Il lui sourit gentiment, lui montrant qu'il était heureux de passer la soirée avec elle.
« Tu sais, dans la grande ville on n'observe pas. On ose. »
Il l'entraîna vers le groupe d'élèves qui dansaient en rond et se mit à sauter et danser sur les notes des musiques en obligeant Jeanne à faire de même. Il vit qu'elle était timide et refusait de se laisser aller en voyant le nombre d'élèves et de professeurs présents dans la salle. Thomas lui força à lever les mains et les bras, il l'attira un peu plus contre lui pour accompagner ses mouvements. D'autres élèves rejoignirent rapidement le duo pour chanter et danser en mimant les paroles anglaises qu'ils entendaient ; même si elles n'étaient pas bien prononcées. Jeanne bougeait en rythme sur la musique, sa robe volait à chaque mouvement, et Thomas la força plusieurs fois à tourner sur elle-même, levant gracieusement son bras pour imiter une ballerine. Elle se mit à rire en voyant l'excitation de son partenaire qui continuait de chanter à tue-tête.
« She took my arm ! I don't know how it happened ! »
Ils dansèrent pendant des heures qui semblèrent des minutes. Les musiques défilaient mais ils continuaient de danser, de chanter et de profiter. Parfois ils s'arrêtaient pour boire un coup et reprendre des forces, avant de s'éclipser à nouveau sur la piste en entendant une musique entraînante qu'ils appréciaient tous les deux. Jeanne et Thomas s'étaient beaucoup rapprochés, il ne s'était pas reculé et ne l'avait pas repoussé quand elle passa ses bras autour de ses épaules pour pouvoir danser et suivre son mouvement. La salle était presque plongée dans la pénombre, seule quelques flashs très rapides éclairaient un morceau de la piste. La musique devenait de plus en plus calme. Chacun s'était tourné vers son partenaire. Thomas baissa sa main pour passer son bras autour de la taille de Jeanne et la rapprocha de lui. Son autre main restait contre sa nuque alors qu'ils continuaient de danser, mais plus doucement. Jeanne releva les yeux vers lui pour rencontrer les siens, aux couleurs de l'océan. Ils tournaient doucement sur eux-mêmes avant que Thomas n'arrête leurs mouvements. Sa partenaire le fixa avec interrogation, avant de remarquer que celui-ci se baissait de plus en plus vers son visage, fixant ses lèvres. Jeanne ferma les yeux et attendit l'action finale de Thomas, mais alors qu'il s'apprêtait à le faire, son regard se leva et rencontra un familier. Un regard brun, caché par quelques mèches brunes ondulées. Eliott.
Il portait un costume noir et se trouvait dans une position similaire à Thomas et Jeanne. Le blond remarqua tout de suite la femme dans les bras d'Eliott, elle portait une robe noire qui laissait découvrir ses épaules, elle avait de longs cheveux bruns qui couvraient sa nuque. Thomas ne pouvait pas voir son visage puisqu'elle était dos à lui, mais il pouvait remarquer que celui d'Eliott affichait un sourire joueur. Son regard était ancré dans celui de Thomas, un regard similaire à son sourire, comme s'il attendait que Thomas fasse quelque chose, comme s'il lui demandait d'oser.
Il le fixa un long moment, enfin tout lui sembla être un long moment, c'était comme si le temps s'était soudainement arrêté autour d'eux. Juste leur regard et leurs pensées marchaient à l'allure habituelle. Mais impossible de savoir les pensées de l'autre, ses intentions, ses actes, ou mêmes ses réelles envies. Eliott afficha un sourire en voyant qu'il avait capté l'attention de Thomas. Et soudain, le fils Morel repensa aux paroles de sa partenaire, aux actes passés d'Eliott ; et dans un mouvement rapide, il scella ses lèvres à celles de Jeanne qui resserrait son étreinte. Il entendit le petit rictus d'Eliott, même à travers la musique, les cris, le monde, et lui aussi se pencha vers sa partenaire pour l'embrasser. Thomas garda ses yeux fermés un long moment, en espérant que quand il les ouvrirait à nouveau, son ancien ami aurait disparu. Mais quand ses paupières se levèrent encore une fois, son regard rencontra tout de suite celui d'Eliott qui le fixait toujours, il intensifia même le baiser de sa partenaire inconnue en fixant Thomas. Celui-ci essaya de faire de même mais Jeanne l'arrêta :
« W-whaou.. »
Elle fixait son partenaire des étoiles dans les yeux, son cœur battait à mille à l'heure, elle était sur un petit nuage. Mais elle remarqua le visage sévère de Thomas, il regardait juste au-dessus d'elle. Elle se tourna pour savoir ce qui l'importunait tant mais tout ce qu'elle vit, c'était une foule d'élèves. Elle se retourna vers son partenaire et posa sa main sur sa joue. Mais rapidement, il recula et la fixa avec le même regard.
« Thomas ? Quelque chose ne va pas ?
- Je dois rentrer.
- Comment ça tu dois rentrer ? On vient tout juste de commencer à s'amuser.
- Je ne suis pas fait pour les soirées. Au revoir Jeanne. »
Il fit demi-tour et s'empressa de courir hors du gymnase. Il entendait les talons de Jeanne le suivre et sa voix crier son nom. Mais à nouveau, il ressentit cette nausée, ses jambes tremblaient, sa gorge se serrait, l'empêchant de respirer. Ils étaient si loin mais si proches. Il essaya de chasser ces pensées de son esprit, mais tout ce qu'il arrivait à sentir et à imaginer : des mains sur ses côtes de la même façon qu'il caresse sa guitare, son regard tendre comme celui qu'il avait après avoir vu son portrait, mais ce que le cœur hurlait et suppliait, c'était les lèvres d'Eliott sur celles de Thomas
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Our Fairytale
RomanceJ'ai toujours entendu dire que l'art avait plusieurs âmes, et que chacunes d'entre elles s'expriment à sa façon. Mais, je ne pensais pas que nos deux âmes totalement opposées auraient une chance de créer l'harmonie.