« Et maintenant tu plies ce bout là sur la feuille du dessus !
- Ca ne marche toujours pas ! On dirait un accordéon.
- Eliott on a choisi l'origami le plus facile ! Tu ne peux pas ne pas réussir le chat.. Comment veux-tu faire le cygne après si déjà là tu bloques ? »Eliott se recoucha sur le dos en lâchant la forme qu'il avait essayé de réaliser sur son ventre. Visiblement il préférait abandonner avant de s'énerver et tout déchirer. Thomas, quant à lui, continuait de suivre le plan pour plier la petite feuille qu'il tenait entre ses mains, et rapidement celle-ci prit l'image d'une tête de chat. Il se tourna vers son ami, couché dans l'herbe les yeux fermés, et lui montra son oeuvre.
« Voilà comment on fait !
- Ecoute, c'est toi le mec qui est habile avec le travail manuel. Moi je suis le musicien. On ne peut pas être talentueux partout !
- Je te signale juste qu'en tant que musicien tu es censé savoir maîtriser tes doigts et tes mains, ce qui t'aide encore plus pour un petit travail de pliage.
- Mais il n'y a pas de partitions pour me guider à faire ces trucs.
- On a pris le modèle pour les enfants ! Ce n'est pas ma faute si ton niveau s'arrête aux gommettes de couleur »
Il y eut d'abord un silence, le blond vérifia que le brun n'était pas vexé par ses propos avant que touts les deux explosent de rire. Et ils rirent encore plus en voyant l'état de la vieille boîte d'origamis qu'ils avaient trouvés au fond de la cave de Thomas. Comment s'étaient-ils retrouvés là-bas ? C'était une bonne question. Mais en apprenant que le fils du libraire n'avait jamais fait une seule activité manuelle, le jeune Morel n'eut qu'une envie, lui montrer le plaisir de plier des carrés pour parvenir à faire les plus belles œuvres. Cependant, seulement un semblait apprécier et réussir dans cette matière. Le blond se coucha à son tour dans l'herbe, aux côtés d'Eliott. Comme tous les après-midis, ils s'étaient rendus au même arbre, éloignés des villages, des habitants et de toute trace d'humanité. C'était rapidement devenu pour eux une habitude, une routine. Et ils l'appréciaient tellement qu'ils ne se rendaient même plus compte du temps qui passait, des examens qui approchaient et de leur devoir toujours au point mort.
« On est dans la merde pour le français.
- On n'a même pas de titre, même pas d'idées.
- Moi j'aimais bien cette idée de chèvres, de hérissons et de ratons laveurs.
- Eliott, il faut vraiment que t'arrêtes avec les animaux.
- Parce que ton idée de princesses est mieux ? »
Thomas se redressa, offusqué, tandis qu'Eliott le regardait un sourire en coin. Il répliqua rapidement en disant que ce n'était pas n'importe quelle princesse, mais une princesse qui voulait fuir son mariage parce qu'il ne lui plaisait pas.
« Certes, mais toute bonne princesse est accompagné d'un animal qui parle.
- Cherche déjà une idée pour l'intrigue avant de faire intervenir les animaux.Eliott réfléchit un petit moment en caressant l'herbe avec la paume de sa main. Thomas le regardait agir secrètement, il suivait chacun de ses mouvements, chaque clignement d'oeil, chaque respiration où son torse se soulevait doucement. Mais il aimait beaucoup intercepter ses petits sourires qu'il faisait pour essayer de se retenir de rire, ce petit tic qu'il avait de replacer sans cesses ses cheveux bruns en arrière, ou encore de faire rouler sa bague en or à son annuaire droit. Et après un moment de silence, le brun le brisa et le blond se concentra :
- Mhh.. Le fait qu'on ne finit pas toujours heureux à la fin d'une histoire. On pense souvent que les contes de fées c'est la magie, la joie, le bonheur et l'amour. Mais certains sont ultra dérangeants. En fait les contes de fée c'est un peu comme les personnes, ceux qui se rapprochent le plus d'un idéal sont présentés et célèbres. Ceux qui empruntent un chemin différent sont rejetés et critiqués, et on les prend même pour des fous. »A présent, toute la concentration de Thomas était dirigée sur les paroles d'Eliott. Que voulait-il dire par là ? A quoi faisait-il allusion ? A ça ? A ce que Thomas avait appris ? A ce que tout le monde pensait sur la situation ? Non, c'était impossible. Son regard se dirigea à nouveau sur les feuilles de l'arbre qui dansaient au-dessus d'eux. Il les fixa un long moment, dans un grand silence.
« On devrait aussi écrire un truc bizarre. déclara Thomas
Eliott se pencha doucement pour le regarder. Il avait remarqué que son ton de voix avait soudainement changé. Il semblait réfléchir, quelque chose d'autre occupait son esprit et ce n'était pas seulement les cours, les devoirs, l'avis des professeurs. C'était autre chose.« Un conte de fée totalement à l'envers. L'héroïne fuit son amourpour prendre un chemin totalement différent, elle se rapproche même du vilain etelle se rend compte qu'au final il n'est pas si horrible que ça. Et qui sait,elle pourrait même tomber amoureuse de lui ?
- Thomas, il existe déjà ce conte. C'est la Belle et la Bête. »
Le blond se tourna vers le brun et ne put retenir sa déception. Il passa unemain sur son visage en poussant un soupire d'exaspération.
« Mais j'aime cette idée. De tout prendre à l'envers. J'aime le bizarre, l'horrifique.On pourrait partir dans du gothique même.
- Et moi j'aime cette idée d'amour interdit et impossible.
Thomas se redressa soudainement. Des idées filaient les unes après les autreset il essayait de les énumérer au plus vite pour n'en oublier aucune.
« Une belle princesse se rend au bal !
- Ce bal est organisé pour pouvoir trouver une épouse au prince du royaume !
- Mais personne ne sait à quoi le prince ressemble !
- La princesse arrive et cherche le prince, et au final un membre de la gardese met à danser avec elle !
- Sauf qu'on se rend compte que la princesse n'était pas une vraie princesse etqu'elle n'était présente au bal que pour tuer le prince !
- Elle danse avec le membre de la garde, échange avec lui et profite de lasoirée !
- Et au moment d'une dernière danse, le soldat se penche pour l'embrasser saufque..
- Il en profite pour la tuer car en réalité c'était le prince et qu'il avaitsenti la supercherie.
Ils se regardèrent abasourdi par cette soudaine connexion et transmission d'idées. Eliott sourit et cacha celui-ci en baissant la tête. Ils s'étaient tous les deux levés dans l'excitation de ces soudaines idées qui venaient d'émerger sans efforts.
« C'est féérique, c'est dans le thème et il y a une morale à la fin !
- J'espère qu'on ne déborde pas trop sur le genre de nouvelle avec notre chute.
- C'est un rebondissement ! S'il n'y a pas de rebondissement dans le livrec'est ennuyeux.Thomas hocha la tête pour montrer qu'il approuvait. Il se tourna vers l'horizon pour le regarder.
- Mais c'est triste de faire mourir le personnage principal..
- Ils n'auraient pas pu vivre ensemble de toute façon. répondit Eliott
- Bien sûr que si, on est censé écrire un conte de fée, on peut quand mêmeparler du grand amour !
- Tu crois au grand amour ? demanda soudainement le brun
Les yeux de Thomas s'écarquillèrent soudainement à sa soudaine question. Il ne savait pas trop quoi répondre car il n'avait jamais eu la sensation de tomber amoureux. Il ne savait même pas comment l'imaginer. Certes les livres, les films télévisés et les grandes histoires pouvaient donner une petite idée de ce qu'est l'amour. Mais malgré tout, Thomas n'avait jamais ressenti ça. Être aimé et aimer quelqu'un. Quelques filles avaient certes tenté des approches envers le jeune Morel. Sans succès. Alors.. Tomber amoureux n'est pas une chose facile. Il secoua négativement la tête et avoua silencieusement qu'il n'avait jamais connu ce sentiment. D'amour. Même pas un petit. Puis il se tourna vers le Lemarchand qui fixait l'horizon, aux côtés de son ami. Ses cheveux bruns volaient au vent, tout comme le dos de sa chemise blanche.
"Et toi ? demanda Thomas, tu crois encore en l'amour ?"
Il y eut un petit silence et Eliott soupira, les yeux larmoyants.
"J'ai arrêté d'y croire."
// pas corrigé sorry, trop tard je suis fatiguée et je pleure. Dsl Eliott je t'aime //
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Our Fairytale
عاطفيةJ'ai toujours entendu dire que l'art avait plusieurs âmes, et que chacunes d'entre elles s'expriment à sa façon. Mais, je ne pensais pas que nos deux âmes totalement opposées auraient une chance de créer l'harmonie.