Chapitre VII

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Mya

La nage, c'était ce qui nous attendait.
Et l'épreuve que tout le monde redoutait.

« Monstres et créatures des marées se sont invitées chers participants. Pour gagner il va falloir les affronter en plus de survivre et franchir la ligne d'arrivée. » Avait annoncé le roi peu avant notre départ de l'amphithéâtre.

Lorsque nous sommes partis de cette "réunion de fin des trois épreuves" nous fumes libérés, afin de vaquer à nos occupations. La mienne c'était de rejoindre Alvar.

J'attendais les instructions de mon mentor mais lorsque je vis sa bouche s'ouvrir je n'entendais rien. Mon esprit était ailleurs.
Elle vint s'asseoir en face de moi et agita sa main devant mes yeux.

Elle avait réussi à me tirer de mes pensées mais de nouvelles s'installèrent lorsque mon regard se posa sur ses lèvres.
Étaient-elles douces, sucrées ? Je voyais qu'elle avait compris le fond de ma pensée mais fit comme si de rien était.

Où mon esprit était allé ? A quoi avais-je même pensé ? C'était une royale et c'était mon amie, point.

— Je sais que tu t'inquiètes pour l'épreuve mais ne t'en fais pas, les créatures ont des faiblesses.

— Peut-être mais ma faiblesse est la nage, je n'ai jamais appris.

Elle me regarda, ébahie.

— On peut blâmer mes parents qui refusaient de me payer une éducation.

— Tous les humains n'ont pas d'éducation obligatoire ? me demanda-t-elle.

Je me figeai.
Elle savait.

Elle savait tout.

Alvar remarqua ma panique et souri.

— Le roi ne sait pas tenir sa langue, mais après avoir appris ton secret je lui ai fait promettre de ne plus rien dire, surtout que ma sœur pourrait te faire vivre un enfer.

Je souriais nerveusement, ce n'était pas si mal alors...

— Qui d'autre est au courant ?

— Le roi, les gardes qui étaient présents ce jour-là et moi.

Alors seule elle d'extérieur savait.

— Prête ?

J'hochais la tête.

Sous les ordres de mon entraineuse j'allais me changer dans mon dressing. Je trouvais facilement un maillot de bain mais en le prenant je me rendis compte d'une chose.

Rouge, deux pièces et trop petit.
Je soupirais, c'était ma veine.

Je pris une tunique afin de cacher le désastre et rejoignit Alvar qui se trouvait dans le coin salon.

— Aller, c'est parti.

Nous nous rendions dans la salle d'entraînement spéciale, celle qui se changeait selon la demande, et dans ce cas, une piscine piégée.
Youpi.

J'entrai vite dans l'eau, j'étais gênée d'être en maillot de bain devant Alvar. Surtout dans ces conditions.

Mais j'ai vite regretté mon geste lorsque l'eau gelée vint mordre ma peau.
Maudite piscine piégée.

Elle pouffa en voyant ma surprise.

— Ce n'est pas drôle, vous auriez pu me prévenir !

— Tu pouvais aussi entrer lentement mais ton impatience t'a fait payer.

Elle était vraiment mesquine.

Je commençais dans la partie la moins profonde mais savait que ce n'était que le début et que j'allais affronter les profondeurs.

— L'eau te portera, et te coulera si tu panique, alors essaye de garder la même concentration que tu as lorsque tu tires à l'arc.

J'hochais la tête en essayant de me focaliser sur mes pensées.
C'était évidemment celle à mes côtés qui vint en premier dans mon esprit, mais ça me calma instantanément.

— Essaye d'avancer.

A la manière d'un petit chien j'avançais de quelques centimètres, fière de ne pas avoir coulé.
Elle semblait retenir un rire mais vint me rejoindre.

Elle laissa tomber ses vêtements et se retrouvait en maillot de bain une pièce, il était vert aux bords dorés.

Il lui allait bien, trop bien même.

Stop.

Je me reconcentrais sur mon entraineuse.

— Observe mes mouvements.

A l'aide de ses deux bras qui se rejoignaient puis s'écartaient dans un raccord parfait elle avançait d'un mètre sans problème.

— Ce mouvement est comme écarter l'eau pour y passer. Essaye.

Ce fut dans le doute et la non-coordination que j'avançais tant bien que mal jusqu'à elle. Elle me remontra et pris même mes bras pour m'indiquer correctement.

Elle n'avait aucun mal avec les contacts physiques.
Mais moi si, et je sentais mes joues rougir.

J'espérais qu'elle ne remarquerait pas et heureusement elle était concentrée sur mes mouvements.

Mes bras avaient mémorisé le mécanisme pour avancer, j'arrivais donc à me déplacer d'un point A à un point B sans trop de soucis.

Mais parcourir la distance de la rivière lors de l'épreuve n'était pas encore dans mes compétences.

— Lorsque tu avances, aide-toi de tes jambes et contrôle ta respiration, cela t'aidera à ne pas te fatiguer.

— Quand est l'épreuve ? demandais-je.

— Demain soir.

Je soupirais, ça n'arrêterait donc jamais.

Alvar eu pitié de moi et me libéra. Je filais donc dans ma chambre en espérant ne plus être dérangée.

Mais au moment où mon corps rencontra le jet d'eau brûlant une personne vint toquer à la porte de ma chambre. Qui osait perturber mon moment tranquille ?

Tu es quasiment prisonnière ici.

Chut.

Je me séchais rapidement et m'enroulais dans la grande serviette, je devais vraiment sortir comme ça ?

Imaginons une seconde que ça soit le roi devant cette porte ?
Mais je n'ai pas eu le temps d'y penser qu'il fut dans ma chambre.

Ce n'était pas le roi mais Arzhel.

— Bon sang je pensais que le roi était à ta place !

— Désolé Mya je n'ai pas l'allure d'un roi, pouffa-t-il. Mais j'ai un message, un banquet aura lieu pour célébrer la première semaine.

Il me tendit une lettre que j'acceptais et ouvrais.

« Chers participants, la reine et moi-même nous vous invitons à trinquer à votre victoire de la semaine, vous êtes conviés demain soir à vingt heures dans le grand salon vert,
Salutations aux survivants,
le Roi Kian. »

Juste après les plus grands éliminatoires ? Avait-il quelque chose en tête ?

Lorsque vint le moment d'aller dormir une personne entra dans ma chambre. Sans toquer ni prévenir, Alvar avança dans la pénombre avec tant de sérénité que je me demandais si elle était dans la bonne chambre.

Lorsqu'elle fut à mon niveau je vis son regard luisant, comme si des milliers de chatons étaient devant elle, quoique... j'ignorais si elle trouvait ça mignon.

— Mya ?

— Alvar ? Que faites-vous ici ? osais-je demander.

Elle ne répondit pas et vint s'asseoir sur le bord de mon lit, juste à mes côtés.

Avant que je ne puisse lui demander ce qu'elle était en train de faire elle prit mes mains et les posèrent sur son cou.

— Alv_

Je ne pus finir ma phrase, ses mains qui se posèrent sur ma taille ont eu l'effet d'un électrochoc mais je ne me défis pas. Ce contact avait quelque chose de rassurant.

Elle remarqua le fait que je ne m'enfuyais pas et se rapprocha donc, mes genoux contre ses jambes lui bloquait ses mouvements mais notre proximité bloquait les miens.
Je sentais son souffle chaud contre mon visage et ça a eu l'effet de me faire sourire.

Son visage se rapprochait lentement, trop lentement maintenant. Mais elle se ravisa, posant seulement sa paume sur ma joue.
Remplaçant une mèche derrière mon oreille, elle sourit puis s'en alla aussi vite qu'elle était arrivée et toujours sans un mot.

Depuis son départ je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Des millions de pensées traversaient mon esprit mais une seule est restée toute la nuit. Avais-je rêvé ?
C'était très réel mais la situation était impossible. Moi qui pensais constamment à elle mais j'étais ignorée. D'un coup elle pensait à moi ?
Non, j'avais juste rêvé.

Le lendemain j'ai fait sursauter mes femmes de chambres avec mon teint pâle et mes cernes. J'avais effectivement pas du tout dormi et j'avais donc des traces de cette insomnie.

— Nous allons améliorer votre teint en utilisant du maquillage waterproof, m'avait expliqué Aislin.

J'hochais la tête sans vraiment comprendre ses paroles. J'étais incapable de me concentrer.

J'errai dans la tour comme un fantôme mais je savais que je devais m'entraîner. Malheureusement Alvar était introuvable et ce malgré l'heure de la compétition qui approchait.
Ça aurait un rapport avec hier soir... ?

Non non, vu que c'était un rêve. Elle devait être occupée.

Je m'entraînais donc seule mais j'ignorais si c'était vraiment utile, de plus je pouvais me noyer à n'apporte quel moment.
C'est donc vingt minutes plus tard que j'abandonnais mon entraînement pour regagner ma chambre.

Les cubes à informations attirèrent mon regard, et si l'un d'entre eux avaient l'image du palais, ou même une carte ?

Ils étaient tous blanc, sauf un qui était plus dans les gris, j'abattais donc mon dévolu sur celui-ci.

« Je suis le point d'image 4, que souhaitez-vous voir ? »

Bingo.

— Existe-t-il une carte de ce monde ?

« Évidemment, ... téléchargement de l'image... »

La carte s'afficha et je fus stupéfaite, c'était immense !

Je fis la fis imprimer puis demandais une photo du palais royal.

Telle la pièce maitresse, le palais trônait sur la ville qui s'était rapetissie et transformée, pour laisser place à un endroit féérique et grandiose. Une ville elfique ? Une ville magique ? Aucune idée, je savais juste que les immeubles principaux n'avaient rien à voir avec les bâtiments de la capitale.

De ses murs blancs comme neige et des toits bleus, il semblait flotter sur des nuages dut à sa hauteur.
Les dorures supplémentaires ajoutaient une touche magique et impossible de compter le nombre de tours, tellement de tailles différentes, comme s'il vivait et changeait de formes constamment.

Aucun rempart n'était présent, comme si le palais était la paix incarnée. Même un fleuve passait sous celui-ci.

Je restais stupéfiée, je voulais m'y rendre à présent. A quoi ressemblaient les jardins ? Les couloirs ?

Mais le cube s'éteignît puis mes femmes de chambre entrèrent. Il allait donc être l'heure.

Je fus habillée d'une combinaison noire qui était résistante à l'eau, j'avais donc moins de chances de mourir gelée.

Mes cheveux furent tressés par Iris, c'était le moment, je devais me rendre dans le hall.

Nous étions à présent vingt. Vingt participants dans l'arène, toujours pas d'équipes ni d'alliances. C'était à présent chacun pour soi.

L'épreuve de nage dans la rivière était l'une des plus difficiles du tournoi. Nous avions été avertis qu'il y avait des créatures mystiques dans l'eau qui pourraient nous empêcher de terminer la course. Mais je devais réussir, survivre même si cela signifiait que je devais affronter ces créatures.

Je m'étais entraînée qu'une seule fois avec Alvar, j'espérais que cela suffira. D'ailleurs, cette dernière ne se montrait pas dans les gradins. J'espérais qu'elle était là quelque part, peut-être en train de regarder l'épreuve en secret.

L'arène, éclairée de violet était immense. Entièrement entourée de gradins d'une vingtaine d'étages, une rivière en cercle était en son centre.
L'eau était turquoise mais trouble, que cachait-elle exactement dans ses profondeurs ?
L'immense bulle éclairée semblait nous protéger des spectateurs, ou le contraire...

— Chers participants, bienvenue à la dernière épreuve de la première semaine ! Que les dieux soient avec vous en cette calme soirée , car monstres et créatures aquatiques n'auront aucune pitié, sur-ce, bonne chance. clama le roi.

Le bruit sourd annonça le début de la course.

Tous se mirent à plonger dans l'eau. Je me mis à nager avec force et détermination, me frayant un chemin à travers les remous de la rivière à la force de mes bras. J'appréhendais le moment où les créatures apparaîtraient pour nous détourner de notre objectif, mais j'essayais de ne pas trop y penser.

Nous étions à contre-courant, comme pour nous décourager d'avance.

Les participants avançaient rapidement, certains prenant la tête de la course dès le départ. J'étais en onzième position d'après mes estimations, il fallait que j'avance. Je me concentrais sur ma nage, essayant d'accélérer pour rattraper les autres.

Et là, le visage d'Alvar me vint en tête, ma solution était là. Penser à elle, penser à la nuit dernière m'encourageai, me donnait un autre objectif que survivre.

Soudain, je sentis quelque chose me tirer vers le fond. Je me débattais, essayant de me libérer, mais je réalisais que ce n'était pas une algue ou autre, non, j'avais été attrapée par une des créatures de la rivière.

Son tentacule gluant était accroché à mon pied et ne me lâchais plus.
Mais malgré la créature qui m'entravait, je continuais à nager avec force, utilisant toutes mes ressources pour me libérer.
Je me rappelais le conseil d'Alvar, souvent ces espèces disparaissaient dès qu'elles sortaient de l'eau. Je devais donc essayer.

Je levais ma jambe où cette espèce de pieuvre était accrochée et la sortait difficilement de l'eau. Mais ce fut un échec alors je tentais de plonger en laissant bien mes jambes hors de l'eau.

Je ne sentais plus de poids, je devinais donc qu'elle avait disparu.

Cet épisode m'avait vacciné et m'avait donc forcé à avancer plus vite et de garder mes pieds vers la surface.
A mes côtés je voyais des participants disparaître au fond de l'eau, je déglutissais.
Et si ça avait été moi ?

Je pus continuer la course sans être encombrée mais je craignais toujours d'être re attaquée.

Et encore, d'autres concurrents n'avaient pas été épargnés. Certains avaient été attaqués par les créatures, d'autres avaient été piégés dans des remous et des tourbillons.
Mais je continuais de nager, déterminée à atteindre la ligne d'arrivée.

Finalement, je sortis de l'eau juste après Ilmatar , j'étais épuisée mais heureuse. J'avais fini dixième, j'avais donc réussi. Au loin je voyais Alvar cachée, qui souriait et m'applaudissait, elle était donc bien présente. Je lui souriais donc en retour.

Le banquet organisé par le roi était dans une heure et on n'avait évidemment pas le choix, je partis me laver pendant que j'entendais mes femmes de chambres préparer leur nécessaire de transformation.

Je ne mis pas beaucoup de temps, enfin trente minutes c'était certes long mais je comptais y rester au moins deux heures.
Lorsque je sortis je fis face aux filles.

— Nous allons vous préparer, m'informa Aislin avant de donner des instructions à ses sœurs.

Elles sortirent une longue robe couleur champagne d'une housse et la déposèrent sur le lit.
Comment ça j'allais porter cette robe ?
L'encolure décolleté ne me rassurait pas et je ne voyais aucun tissu dans le dos. De plus la grande fente en dévoilait trop.

— Ce n'est pas censé être un banquet ? demandais-je timidement.

— Mais il n'y a rien de plus simple que cette robe ! me rassura Iris.

Je détaillais encore et encore la tenue mais elle semblait encore plus ouverte.
Mes dieux je vais me ridiculiser.

Je soufflais et acceptais quand même de la porter, après tout je n'avais rien d'autre et le temps tournait.

Comme prévu je ne me sentais pas très à l'aise mais lorsque mes longs cheveux furent bouclés et coiffés ils couvraient quelques parcelles de ma peau.
Thea vint poser quelques couleurs sur mes paupières avant d'entourer mes yeux de traits noirs qui accentuèrent mes pupilles bleues.

Une fois prête, les talons bien accrochés, je ne tenais pas à tomber encore une fois, je partis en direction de ce salon vert.
Je pris l'ascenseur jusqu'au troisième étage, grâce à l'aide d'Arzhel je savais à présent me repérer.
La tour avait une couleur de tapis par étage, le salon qui s'y trouvait portait donc le nom de la couleur de l'étage.

Je suis donc passée devant des dizaines de portes avant d'en voir une ouverte, par chance c'était celle-ci.

J'étais une des premières à arriver, mais Ilmatar était présente j'étais donc rassurée.

Elle portait une robe crème à hauteur de genoux mais elle portait le même haut drapé que moi, je me sentais donc moins seule.

— Mya, te voilà.

Je lui souriais mais aucun son ne sortait de ma bouche, j'étais trop intimidée par le roi.
Je vins à sa rencontre et fit une révérence

— Mademoiselle Stevens, vous êtes encore parmi nous. Vous êtes toujours certaine que la compétition est la mort assurée ?

Je rougissais de honte, comment avais-je pu lui dire ça ? Il y a moins de cinq jours.

— Je m'excuse d'avoir pu dire cela, la compétition m'apprend beaucoup de choses et est très amusante. mentis-je avec un faux sourire.

Il chassa mes excuses d'une main et m'offrît un grand sourire.

— Asseyez-vous donc, vous devez être épuisée.

— Ce n'est pas faux, les entraînements ne sont pas de tout repos.

— Quels entraînements ? demanda-t-il désorienté.

Ce n'était plus étrange, c'était inquiétant.

— Votre fille, Alvar, qui m'aide à survivre aux épreuves. chuchotais-je afin de ne pas être entendue par mon amie.

— Ah oui, j'avais oublié. Vous traite-t-elle bien ?

— Oui elle m'aide beaucoup et est très gentille.

Il frappa dans ses mains, content et clama :

— Excellent, je la féliciterai !

Le reste des participants arrivèrent ainsi que les plats. Des mets de qualité nous attendaient sur la grande table mais le roi voulait faire un discours avant que nous nous asseyions.

— Dans deux jours, les portes du palais s'ouvriront pour dix d'entre vous, et dans deux semaines l'un des finalistes deviendra ma ou mon belle/beau fille/fils. Alors je tenais à vous dire que je suis extrêmement fier que l'un de vous rejoigne la famille royale et assure un avenir prometteur à notre pays, alors, à vous les survivants. clama-t-il en levant son verre.

Tout le monde le suivi dans son geste et les verres furent levés.
Je pouvais oser penser que je n'aimerais l'avoir comme beau-père comme lui qui ne voudrait pas de moi dans sa famille.

L'heure du repas avait sonné alors nous nous installions autour de la grande table blanche et mangions tranquillement notre plat.
Je ne connaissais pas ces espèces de baies entourées de gelée bleue accompagnées d'une viande inconnue.
Mais je ne pouvais pas me permettre de demander de quoi c'était composé, sinon chaque personne dans cette pièce allait savoir que je ne venais de ce monde.

Après les salutations je repartis dans ma chambre. Que ça faisait du bien d'être seule. Les gens prenaient mon énergie plus vite que je la gagnais, ce qui provoquait un épuisement social inexplicable. Et faisait de moi quelqu'un d'insociable à la longue.

Between Our Worlds [FINIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant