Chapitre XIII

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Mya

La famille royale se mêla à l'assemblée mais au lieu d'aller les saluer, je fuyais.
Elle m'avait menti droit dans les yeux, sans problème.

Si elle pensait que son petit mensonge passerait, elle pouvait toujours espérer.
Je n'avais pas besoin d'un mentor après tout... Je m'étais habituée à la vie royale.

Le bal se déroula sans (presque aucune) encombres. Mais lorsque j'évitais l'héritière j'avais toujours un commentaire de Fenrys qui lui ne comprenait pas pourquoi je ne voulais plus la voir.
Et ce n'était pas le moment de lui révéler.

— Elle t'a quand même désignée favorite, va la saluer, un minimum !

— Euh, pas possible ! Regarde elle est déjà entourée de nobles.

— Elle fera sans doute une exception pour toi.

Je secouais négativement la tête, mais je savais qu'il avait raison, de plus la haute société allait se demander pourquoi la favorite n'allait pas voir son héritière...

Si seulement elle n'était qu'Alvar et non pas Aderyn, l'héritière rebelle qui n'en avait rien à faire des règles et de la royauté.

Je me dirigeais vers la foule qui entourait Aderyn et me fis remarquer. Je n'avais pas une minute à perdre.

— Mya ! s'exclama-t-elle.

Tous la regardèrent étrangement, quelle familiarité dis-donc !

— Hum, mademoiselle Stevens, quelle joie de vous revoir.

J'effectuais une révérence, après tout nous étions observées.

— De même, votre Altesse, grimaçais-je

Elle esquissa un sourire, étais-ce son plan depuis le début ? Me piéger pour me voir souffrir ? De plus elle connaissait ma haine pour la famille royale.

Elle s'approcha doucement de moi, je me retenais de reculer mais nous avions toujours du monde autour de nous.

— Allons discuter... chuchota-t-elle.

— Plus jamais, sifflais-je.

— J'ai vraiment besoin de te parler, supplia-t-elle.

— Ne t'immisce pas dans mes pensées ! grinçais-je en tournant les talons.

— Mya !

J'essayais d'ignorer cette voix dans ma tête, mais Alv-Aderyn était trop présente.

Alors je quittais la salle de bal par l'une des portes que j'avais remarqué sur les extrémités de la salle.
Je me retrouvais dans un couloir peu éclairé, mais jeme fichais de l'ambiance, il fallait que je retrouve le lieu de mes appartements.
Et ce fut un échec, j'étais totalement perdue.

Je tournais désespérément en rond dans l'aile quartz, ou bien j'avais atterri ailleurs.
Quatre silhouettes me faisaient face, une assez grande et les autres de taille moyenne. Par les Dieux, je n'avais vraiment pas de chance.

— Mademoiselle... ?

Je reconnaissais cette voix, celle qui me réveillait tous les matins.

— Aislin ! J'ai bien cru y passer, soufflais-je en prenant ses mains dans les miennes.

— Que faites-vous ici ? demanda Iris. Vous n'êtes pas censée être au bal ?

— Je... je me suis enfuie ?

En soit oui je m'étais échappée mais le bal allait sur sa fin, je ne suis techniquement pas fautive.

Aislin secoua la tête désespérément. Je l'avais déçue ?

— Mademoiselle, le bal est censé vous présenter à la société sous un jour différent. Que vont-ils penser de vous ?

— Mais ils m'adorent ! révélais-je, fière.

— Ai-je bien entendu ? vérifia Nysa.

— Oui tu as bien entendu, j'ai dansé et ils m'ont adoré !

— Alors tant mieux, mais n'oublie pas que demain ils pourront changer d'avis avec l'épreuve d'éloquence.

— Oui, je sais. Mais nous n'avons aucune information donc pas de moyens de nous y préparer.

— Certes, mais tu t'es habituée à ce monde, donc cette épreuve sera plus simple.

— Je l'espère, soupirais-je.

— Rentrons dans tes appartements.

Je suivais mes caméristes, à présent rassurée de les avoir trouvées.

Je m'écroulais sur mon lit sans prendre la peine de me changer avant de me raviser, cette robe me serrait trop.
Je me relevais donc et laissais mes caméristes enlever ce chef-d'œuvre. Dans ma lancée j'allais me débarbouiller dans la salle d'eau puis enfilais un simple débardeur pour aller dormir.

Je savais que dès mon réveil j'allais devoir affronter la télévision, et son présentateur, Orion Leary.
Quelle merveilleuse journée !
Le réveil fut secoué, les quatre sœurs étaient présentes pour me préparer, Aislin m'aida à enlever mon pyjama tandis que Nysa se dirigea vers la salle de bain avec un panier en osier.
Je sentais que les fées étaient prêtes à tout pour que mon passage à la télévision soit spectaculaire.
Et encore, je n'avais pas vu ma tenue.

On me guida jusqu'à la baignoire en ivoire qui se tenait contre une immense vitre teintée violette.
Dedans se trouvait une eau bleutée avec des pétales de roses, ça sentait divinement bon !

Je plongeai dans l'eau en souriant, j'espérais connaitre le bonheur du luxe longtemps.
On frotta mes bras, mes jambes, lavait mes cheveux et gommait chaque centimètre de mon corps.

J'avais droit à la formule complète de préparation.

Lorsque je sortais, on m'emmitoufla dans un peignoir violet tout doux avant de me présenter la chaise près de la coiffeuse.
Thea sécha et coiffa mes cheveux tandis qu'Iris peignait mes ongles. Lorsque je fus coiffée d'un chignon lâche qui était décoré de fleurs violettes, on me maquilla légèrement mais étrangement me mettait en valeur.
Le rouge de me paupières faisait éclore le bleu de mes iris.

Puis vint le moment de la tenue, Aislin ouvra la housse et je m'exclamais de joie.
J'avais littéralement un soleil en face de moi.
Une robe bustier en satin jaune était pendue à un cintre. En son décolleté se tenait un soleil et sur les manches, comme ses rayons qui tenaient les voiles qui pendaient sur les bras.
Le tissu tombait jusqu'aux pieds en formant du relief, ce qui créait plusieurs couleurs.

Thea m'aida à enfiler les chaussures du même coloris que la robe puis on me para de bijoux dorés, ce fut une fois prête qu'on vint toquer à la porte.

Arzhel venait m'escorter jusqu'à l'auditorium.

Je tripotais nerveusement mes mains en espérant qu'elles arrêtent de trembler.

— Tu es nerveuse ? Me demanda-t-il.

— Je vais m'évanouir, oui Arzhel, je suis nerveuse.

Il ria et me donna une tape sur l'épaule.

— Tu sais Mya, Orion est un vrai nounours.

— Comment sais-tu cela ?

— C'est... mon père adoptif.

Je me stoppais.

— "Adoptif" ?

Il secoua positivement la tête.

— Il m'a trouvé dans la forêt sud d'Allendra et m'a recueilli, je venais de naître, il est donc un vrai père pour moi. Il m'a élevé et aimé de plus il m'a fait rentrer dans la garde royale à la suite de mes innombrables demandes, je ne le remercierai jamais assez.

Je le regardais tendrement, il ne racontait pas cette histoire avec douleur, mais avec fierté.

Il s'arrêta devant une immense porte blanche.

— L'auditorium se trouve de l'autre côté, tu vas assurer Mya.

— Merci Arzhel !

J'ouvris la porte et eu l'impression de me retrouver dans le futur.

Au centre de la salle voutée se trouvait un cercle de lumière qui semblait partir dans toutes les directions mais ce n'était que l'effet causé par les fondations.

Les sièges bleus en arc étaient occupés par du public, la haute société qui suivait la compétition depuis le début.
Les sièges situés plus bas, étaient réservés pour la famille royale et la cour.
J'y vis Aderyn, habillée d'or, et je ne voulais pas l'admettre, mais cette couleur lui allait merveilleusement bien.

Mais je détournais le regard et rejoignais Fenrys et Raihn qui étaient habillés en orange. Apparemment le code de ce soir était "les rayons du soleil", original.

On nous avait assigné des sièges sur scène, loin des caméras, et un, où chacun parlera avec Orion, devant tous.

La scène était décorée d'un fond blanc et jaune qui représentait bien les rayons du soleil, les lumières étaient chaudes et chaque élément de la scène était soit doré, jaune ou orange. Les fauteuils en velours n'y échappaient pas non plus.

Orion Leary arriva sur scène sous les acclamations du public, et salua son audience, ainsi que nous, ses invités.
Effectivement il avait l'air gentil, comment ne pas avoir l'air, avec les cheveux et yeux de couleur lilas ?
Son regard était néanmoins perçant, prêt à découvrir les secrets de ses invités.

Lui aussi n'échappait pas à la règle des couleurs du soleil, mais cela lui allait étrangement bien. L'or et le lilas s'associaient bien.

Un caméraman s'avança et demanda l'attention de tous.

— En direct dans... 3. 2. 1 !

Orion se tourna vers la caméra principale et sortit son plus beau sourire.

— Cher pays d'Eryx, me voilà en direct du Palais des Astres, oui oui, celui-là même où la compétition de la couronne à lieu. Avec nous ce soir, Fenrys Hasler, Raihn Hasler et Mya Stevens. Accompagnés de la famille royale qui se tient dans l'assemblée.

Fenrys et Raihn étaient frères ?!

— Bienvenue à l'avant dernière épreuve !

Le public l'acclama et applaudissait.
Je souriais pour paraitre sereine, mais je n'avais jamais parlé devant un public.

— En premier, j'appelle Fenrys.

Il se leva, confiant et salua Orion avant de s'asseoir.

— Alors, comment vous sentez vous à ce moment de la compétition ?

— Eh bien, je suis plutôt sûr de moi.

— Vraiment, même en étant contre votre demi-frère ?

Cette question déstabilisa Fenrys, ses yeux rouges se perdirent dans l'assemblée.

— Hum, je n'ai pas à en avoir peur. Bredouilla-t-il.

C'était le moment, Orion avait trouvé son point faible, en seulement une minute.

— Ses pouvoirs démoniaques ne vous font pas perdre confiance ? De plus la princesse choisira le plus fort, et vous n'êtes... qu'un elfe.

Une exclamation se fit entendre parmi le public. Une elfe, ressemblant beaucoup à Fenrys, les mêmes yeux, les mêmes cheveux, juste en femme et plus âgée... C'était sa mère, cela ne faisait aucun doute.

Orion l'avait aussi remarqué.

— Tiens donc, une elfe d'Ohrid parmi les nobles ?

— Il suffit ! s'énerva Fenrys. L'interview est terminée !

— Alors vous êtes éliminé.

Il se leva, en colère et quitta l'auditorium, suivi de sa mère. Je ne m'attendais pas à autant de drames...
Et je ne donnais pas cher de ma peau, il allait me détruire.

— J'appelle Raihn à la barre.

Tiens, il allait dans l'humour ?

L'appelé rejoignis Orion, aussi confiant que l'était son frère.

— Alors, comment se passe la compétition de ton point de vue ?

— La princesse m'adore, je suis tellement parfait en même temps. Fort et intelligent, tout ce que la princesse Aderyn adore.

Je vis la principale concernée lever les yeux au ciel.

— Alors vous vous voyez déjà couronné ?

— Absolument, je réussi toujours mes objectifs.

— Gagner la couronne ?

Il hocha la tête.

— Et non le cœur de la princesse ?

— C'est un plus, évidemment.

Était-il possible d'être aussi égocentrique que ce démon ?

Tous semblaient désapprouver son discours. Et oui, tu avais beau être le plus fort, le manières sont aussi importantes.

— Quel type de roi seriez-vous ?

— Parfait, je regarderai mon peuple mais je n'aurais jamais d'interaction avec eux.

— Et pourquoi donc ? s'offusqua Orion.

— La basse société me dégoute, cracha-t-il.

Le public sembla surpris.

Il était aussi complètement idiot ce démon.

— Je ne peux pas vous laisser sur mon plateau, malheureusement vous êtes toujours en lice car votre frère est disqualifié mais préparez-vous pour la finale. Je vous prie de disposer.

Raihn partit, furieux et vint s'asseoir sur le siège opposé au mien. Tant mieux.

— Et j'appelle enfin Mya Stevens.

Lorsque je me levais, je fus acclamée par le public. Il était vrai que j'étais la favorite mais je ne m'y étais pas habituée.

Je saluais Orion et m'asseyais.

— Mya, favorite du public et de la royauté, comment se passe votre adaptation ?

— Adaptation ?

— Oui, on dit que vous venez d'un autre royaume, est-ce vrai ?

— Je...

Les dés étaient jetés, si l'information était parvenue à ses oreilles, c'était déjà fini.

— C'est exact.

Tous s'exclamèrent de surprise.

— Enfin de la sincérité dans mon émission ! Alors Mademoiselle, d'où venez-vous ?

Je croisais le regard d'Aderyn, qui approuva ma future réponse.

— Je viens de la planète terre, spécifiquement en Amérique.

— L'autre monde ? Voilà qui est interessant ! Comment vous êtes-vous retrouvée parmi nous ?

— Je ne suis pas certaine, mise à part que cela a commencé à cause d'une lettre.

— Eh bien, je ne vais pas vous embêter plus sur le sujet, vous sentez-vous confiante par rapport à la compétition ?

Je relevais la tête, sûre de moi.

— Honnêtement, non, en tout cas pas totalement, je n'ai jamais eu d'entrainement, je ne connais pas les règles royales, révérences et toutes vos coutumes, mais je persévère, pour la princesse.

— Alors la couronne ne vous intéresse pas ?

— Pas le moindre du monde. J'ai eu la chance de connaitre son Altesse en dehors des froufrous et bijoux, et honnêtement, je haïssais la famille royale. Mais pour la princesse, je porterai mille robes et m'inclinerai autant de fois qu'il le faudra.

Je vis son regard, doux et sincère. Ce regard dont je suis tombée amoureuse des dizaines de fois.
Et malgré ses mensonges, je ne pouvais la détester.

— Et bien merci Mademoiselle Stevens, l'interview est terminée, je vous prie de rejoindre Monsieur Raihn.

J'hochais la tête et m'asseyais sur les fauteuils en retrait.

— Nous savons déjà les finalistes mais nous avons un participant qui a gagné la récompense de l'épreuve.

A mes côtés, Raihn à la poitrine gonflée, comme s'il pensait gagner.

Orion prit le temps de tourner autour de nous afin de faire durer le suspense.
Il s'arrêta derrière Raihn, derrière moi, descendit même dans le public, par les Dieux il adorait nous faire attendre !

Mais en revenant sur scène il prit une enveloppe et la déchirait presque.

D'un grand sourire il se tourna vers nous et annonça son verdict.

— Mya Stevens !

L'assemblée m'applaudissait, tous, sans exception alors que je venais d'ailleurs.
Je me levais étonnée mais heureuse, je gagnais le cœur du peuple, de la famille royale et d'Aderyn.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 20 ⏰

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Between Our Worlds [FINIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant