Chapitre III

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Mya

Elle baissa la tête et inspira en fermant ses yeux rouges.

— Je n'ai jamais voulu participer à la compétition.

Je me stoppais.

Je restais ébahie.
Elle qui était semblait si heureuse.

— J'ai été forcée par mes parents, ils surveillent mes moindres faits et gestes. À se demander s'ils souhaitent que je revienne..., souffla-t-elle.

Je passais mon bras par-dessus son épaule.

— Ne dis pas ça. Je suis sûre que tu leur manque.

Elle secoua sa tête.

— Pour eux c'est soit l'argent ou rien. Je suis encore vivante que par chance d'après eux.

— Comment tu sais ça ?

Elle me tendit une un cube, comme ceux de la bibliothèque, où était affiché un message.
Effectivement, ses parents n'avaient pas pris des pincettes.

— Ils m'ont envoyé ce message il y a à peine cinq minutes.

Sa mine était triste et j'aurais voulu mieux la consoler. Mais n'étais pas très douée pour ça, après tout c'était ma première vraie amie.
Ses parents n'étaient pas si différents des miens, et juste pour cela je pouvais la comprendre et être là pour elle.

Elle plaça le panier sur la table basse et me tendit le panier.

— Ce qui est fait est fait, maintenant je dois survivre et toi aussi alors, mange.

Je n'attendis pas et l'ouvrait pour en découvrir son contenu.

Il y avait principalement des fruits ainsi que du pain. C'était déjà pas mal pour du vol.

Je la remerciais d'un sourire et attaquais mon repas. Les baies étaient fraîches et les pommes exquises. C'étaient les meilleurs fruits que j'avais goûté jusqu'ici.

Elle ouvra la bouche pour parler mais fut coupée par un bruit.
Quelqu'un toquait à la porte.

Ses yeux étaient remplis de peur tout comme les miens. Il fallait que je me cache.

Misae m'indiqua de la tête la salle de bain et je couru vers celle-ci.
Il ne fallait pas qu'un son ne sorte de ma bouche ou bien...

— Garde royale, ouvrez ! s'exclamât un homme.

J'entendis mon amie leur ouvrir.

— Nous avons eu comme information que vous cachez une intruse, affirma une voix froide.

— V-votre Majesté... ce n'est pas la vérité, bredouilla Misae.

— Fouillez chaque recoin de cette chambre, ordonna le roi à ses gardes.

Il ne leur fallu pas plus de cinq minutes pour se rendre compte que j'étais cachée ici. Des coups frappèrent contre la porte. J'étais fichue.

Si seulement je pouvais disparaître... ou plus me cacher. Mais la salle d'eau était totalement ouverte ce qui me donnait peu d'endroits où être dissimulée. Même la baignoire était ouverte.

La porte s'ouvrit sous leurs forces et leurs regards me trouvèrent.

Je déglutissais.

Le roi poussa ses gardes et ses yeux dorés me frappèrent, comme hypnotisée. Quel type de gène était- ce ?

Il se tenait droit comme un piquet et son expression était très sérieuse. Il était très intimidant.

— Qui êtes-vous ? Et d'où venez-vous ? demanda-t-il de sa voix solennelle.

— Je...

Le roi insista d'un geste de tête.

— Je m'appelle Mya Stevens, je suis née dans l'état du Maine.

Je fermais les yeux, il me faisait réellement flipper.

— Et où est ce « Maine » ?

— Sur la planète terre ?

Un garde attrapa son épée qui était sur son flan et me menaça avec. Je déglutissais en me disant que c'était la pire idée de ma vie.

Ils ne connaissaient pas la terre ?

— Ok ok ! J'habite en Amérique, dans le Maine ! Ça vous va ? avouais-je.

— Tu n'as pas l'air de mentir...

Ouf.

— Mais nous n'avons aucun endroit de ce nom ! Viens-tu... de l'autre monde ?

— Je ne sais pas, j'ai pris un bus et ai atterrit dans ce monde.

— Eryx.

J'acquiesçai.

Le roi semblait réfléchir puis pris la parole.

— Inconnue, Mya... tu seras retenue prisonnière dans la tour pour ne pas attirer les soupçons sur la venue d'une étrangère parmi mon peuple et parmi la compétition de la couronne.

Il était évidemment au courant...

Les gardes me prirent les bras et m'emmenèrent à un autre étage sans que je puisse lancer un dernier regard à mon amie.

Je fus conduite dans une chambre un peu à l'écart et avant que je ne puisse dire un mot on m'enferma.

Je me tournais vers ma cellule et un O se forma sur ma bouche. Ce n'était pas une cellule mais une chambre incroyable. Je n'avais jamais été dans un endroit comme celui-ci.

A croire que je n'étais pas prisonnière.

C'était très futuriste, tout était de couleur neutre mais la pièce resplendissait grâce au soleil. Le lit était la pièce maitresse de la chambre, de sa parure couleur terre et blanche, il était posé sur une estrade ronde tout comme le miroir au-dessus. Entourés de néons, cela semblait être les auréoles des anges.
Le reste de la chambre était aménagée comme celle de Misae, mise à part qu'ici il manquait les bibliothèques.

Et au centre une fontaine trônait. Sa forme me rappelait quelque chose.

Je m'en rapprochais doucement, comme de peur qu'elle disparaisse. Elle était plus petite mais restais la même.
De ses courbes et de sa matière, je le savais.
C'était la fontaine des astres...

Il fallait que je sache ce qu'elle signifiait et pourquoi elle était là. Malheureusement il n'y avait pas de point d'information ici alors je pouvais tuer le temps à regarder la ville.

Ce que je fis, par la grande baie vitrée je regardais plus bas. C'était si... futuriste mais aussi très médiéval. Comme si deux époques s'étaient rencontrées et jamais quittées. Les immeubles montaient jusque dans les nuages, illuminés comme des étoiles, mais la vie à leurs pieds n'était pas morte.

Des arbres aux couleurs rosées s'épanouissaient le long des fleuves turquoise. Je ne savais plus en donner de la tête car la rue en face de moi était animée par un marché et de l'autre côté de la rue des peintres peignaient l'événement comme si c'était la chose à ne pas manquer.
Des centaines d'artisans et de vendeurs étaient à leurs stands entrain de marchander et faire leurs affaires. Je voyais des centaines de couleurs. Des milliers de plats et d'habits, je mourrais d'envie de descendre et d'y flâner. Malheureusement je savais que j'étais très surveillée.

Je continuais d'observer et voyais plus loin des gardes patrouiller dans leurs armures blanches tandis que des jeunes femmes les regardaient sans se cacher. Et à côté, deux femmes vendaient des tissus rouges avec un blason brodé, surplombé d'un oiseau de feu et d'épées. Sans doute celui du royaume.

Je l'avais vu sur les boucliers des gardes en y repensant.

Je m'asseyais sur le lit, pensive.

Il n'allait rien lui arriver ? N'est-ce pas... ?

Je soufflais en essayant de ne pas y penser mais c'était la seule chose qui occupait mon esprit, en plus de cette fontaine que je connaissais que trop bien.

Le roi fit irruption dans la chambre et vint à ma rencontre.

— Comment avez-vous appris que je me cachais ? demandais-je sans lui laisser le temps de parler.

— Tous nos participants sont surveillés, lors des épreuves et lors de leur temps libre.

C'était pour ça...

Bordel !

— Votre Majesté, la traitre sera exécutée dans moins d'une heure, informa un garde, impassible.

Mon sang se gela tout comme mon corps.

Misae...exécutée, à cause de moi.

Le roi se tourna vers moi, le regard glacial.

— Évidemment, tu es invitée aux festivités.

— Je vous prie, Misae n'a rien fait ! Je lui ai supplié de me cacher !

— Elle a trahi le royaume, donc ma reine et moi. Nous ne pouvons pas épargner ça.

— Mais je suis l'intruse ! Pas elle.

Il leva sa main comme signe de me taire et s'en alla, comme s'il m'avait annoncé un événement quelconque. Je restais sous le choc... Misae ne survivra pas. Elle ne se vengera pas.

Elle va mourir par ma faute. Au final regarder son exécution était juste, je supposais...

Les gardes me laissèrent des habits sombres et m'annoncèrent que j'avais trente minutes pour me préparer.

Je me rendis dans la salle de bain, d'un pas las et alla prendre une douche gelée pour me rafraichir l'esprit.

Je découvris la salle de bain et espérais trouver des produits pour se laver et une serviette.

Par chance tout était sur un meuble marbré, étais-je vraiment prisonnière ?

Sous l'eau mon esprit divaguait. Je n'avais même pas pu lui dire au revoir, ni m'excuser... C'était quoi cet endroit sérieusement ! Rien n'était logique ici.

Les vêtements étaient composés d'un ensemble de tailleur noir et d'un body en dentelle de la même couleur. Je m'habillais en soufflant, ça n'allait pas être une partie de plaisir.

Je sortis de la chambre et observais les alentours en attendant les gardes. Comme dehors, toute la décoration était le mélange des deux époques, c'était si beau et si étrange.

Les gardes me guidèrent jusqu'au hall de la tour où tous les participants étaient tous habillés de sombre.

Personne ne semblait triste à l'idée de l'exécution, je dirai même que certains souriaient. Cela se voyait que l'argent et la couronne étaient leurs objectifs.

Ils me regardèrent, étonnés. Ils ne savaient pas qui j'étais, ni pourquoi j'allais assister à la mort de Misae.

Nous fument guidés jusqu'à une sorte d'arène où une estrade avait été installée. Cela me donnait des haut-le cœur. Je devais m'asseoir le plus près de l'installation pour être surveillée et m'obliger à regarder.

Beaucoup de monde était présent. Les Majestueux que je devinais à leurs vêtements mais il y avait beaucoup moins de Rêveurs et pas un seul Oublié en vue.

Le roi monta et fit taire l'audience d'un signe de main.

— Mesdames et messieurs, créatures et mages des éléments, vous avez été conviés à assister à l'exécution d'une traitresse, la dénommée Misae Faye.

L'assemblée se mit à huer ma pauvre amie, ce qui me donna des frissons.

Qu'allait-il advenir de moi ? Je serai brulée vive !

— Mademoiselle Faye a protégé et caché une intruse parmi nos terres. Notre royaume !

Je fermais les yeux, prête à être détestée de tous, être pointée du doigt.

— Mais cette dernière a été emprisonnée et a succombé aux blessures subies à son arrivée.

Mes yeux s'écartaient de surprise. Pourquoi me protégeait-il ?

Certains étaient déçus de ne pas avoir assisté à cette "mort", d'autres demandaient justice. Comme si celle de Misae ne suffisait pas.

Le roi me regarda en faisant rentrer mon amie en scène.

A mes côtés se trouvaient un couple aux cheveux d'un blanc éclatant et contrairement au reste du public, ils semblaient attristés.

Serait-ce... ses parents ? Je devais m'en assurer.

— Madame et monsieur Faye ? appelais-je à leur attention.

Ils se tournèrent vers moi, la mine plus attristée.

Quel cinéma !

— Oh mademoiselle... voyez-vous donc ce qu'ils vont faire à notre enfant ? Notre petite fille si innocente !

Je me retenais de lever les yeux au ciel. Ce n'était pas comme s'ils avaient poussé Misae à participer.

— Je suis sincèrement désolée pour vous, je connaissais très peu Misae mais je l'appréciais beaucoup.

Sa mère plaça ses mains sur son cœur avec une mine émue.

— Nous aurions dû la garder à la maison... a-t-elle geint.

— Elle ne semblait pas_

Je fus coupée par un son de trompette, mon amie venait d'arriver.
Mince je voulais leur dire leurs quatre vérités.

Ils prirent un air déconcerté, ce qui, en soit je comprenais.
Elle était couverte d'habits sales et ses traits étaient tirés.

Que lui était-il arrivé en si peu de temps... ?

Ils la firent avancer jusqu'au-devant de la scène, là où le « matériel » avait était installé.
Je déglutissais, m'attendant à recevoir un regard noir, un visage dégoûté par ma personne.
Mais à la place je reçu un doux sourire et une mine soulagée, comme si elle pensait que les propos du roi étaient vrais.

Elle murmura quelque chose de presque inaudible mais lisible sur ses lèvres.
« Ce n'est pas de ta faute, mais je te pardonne quand même car tu semblais t'en vouloir ».

Une larme coula sur ma joue.

« Reviens-nous Misae » murmurais-je à mon tour.

Ses yeux reflétaient sa peine et mon seul désir était de la rejoindre pour la prendre dans mes bras.

Les vingt minutes qui ont suivi furent un véritable cauchemar. Son souffle ne s'est arrêté que dix minutes après que le tabouret fut enlevé, comme si son corps s'accrochait.

— Et encore sa mort est paisible, avait murmuré un homme. D'habitude les exécutions se font avec de la magie sombre et douloureuse.

Ces paroles m'avaient fait froid dans le dos.

Nous sommes retournés dans la tour, là où était ma prison, qui en soit n'en était pas vraiment une.

Là-haut je tournais en rond, alors la plupart de temps je regardais dehors.
Le monde paraissait paisible, simple...

— J'EN AI MARRE ! JE VEUX RENTRER, QUITTE À ME FAIRE BATTRE POUR MON ABSENCE ! hurlais-je, désespérée.

D'un coup la porte s'ouvrît, et je regrettais mes paroles.

— Non non non, je disais ça comme ça.

Le garde qui était entré me regarda comme si j'étais un phénomène.
Il était grand, les cheveux noirs aux yeux bleus, tout comme sa cape ornée de broderies dorées. Sa tenue, était dans les mêmes tons mais une ceinture en cuir contenant une pierre azur venait souligner sa taille. Ses grandes bottes noires ne laissèrent pas une trace sur le sol brillant.

Il se racla la gorge puis sourit.

— Je venais m'assurer que tout allait bien.

Je lui rendis son sourire avant de répliquer :

— Oui oui, je perds un peu la tête ici.

Très déplacé comme expression...

— Vous étiez proches ? me demanda-t-il.

J'hochais vaguement la tête.
Nous nous connaissions depuis une journée seulement mais je m'étais attachée à elle.

— C'est vous qui êtes chargé de ma surveillance ? demandais-je, le regard dans le vide.

— Oui mademoiselle, je suis le lieutenant Knox, il fit une pause. Arzhel Knox.

— Enchantée, lieutenant.

— En vrai je ne suis pas méchant, chuchota-t-il. Et quel est votre nom ?

— Je me prénomme Mya Stevens.

— Enchantée Mlle Stevens.

Comme quoi dans ce monde tout le monde n'était pas méchant et mesquin.

Et c'est ainsi que je devins amie avec Arzhel. Il était très drôle et gentil.

— Alors apparemment tu n'es pas d'ici ? questionna-t-il de son éternelle place près de la porte.

— Pire, je ne suis pas de ce monde.

— Par la reine Eldóra ! s'exclamât-il. Je veux tout savoir !

Je riais nerveusement et espérait qu'il plaisantait mais il attendait avec impatience mon aventure.

Je soufflais et m'asseyais, l'invitant à me rejoindre. Mais sa réponse négative me rappelait qu'il était un garde.

Durant mon récit, Arzhel passa par toutes les émotions / expressions. Il était triste au début, puis étonné, amusé, en colère puis son expression est devenue à nouveau triste .

— Et elle t'a aidé comme ça ?

Je confirmais d'un signe de tête.

— Oui, elle avait bon cœur.

— Le roi n'allait jamais laisser tomber, tu ne pouvais rien faire.

Je soufflais, persuadée du contraire.

— Je n'aurais jamais dû atterrir ici.

Un silence s'installa et mon regard tomba sur la fontaine.

— Hum, je peux te poser une question ?

Il acquiesça.

— Cette fontaine... elle signifie quelque chose ? demandais-je en pointant la sculpture qui était la source de mes aventures.

— Ah la fontaine des astres... Elle a été construite lors de la cérémonie des étoiles.

Je ne comprenais pas ce qu'il me racontait.

— Lors de la création des clans, Eldóra avait organisé une cérémonie. Tout le monde pensait que ça serait quelconque, un moyen de faire bonne figure, mais aucun ne pouvait deviner combien ça allait être historique.
« La reine avait étendu la cérémonie à travers le pays entier, Soleils, Lunes et Aurores s'amusaient, chantaient et dansaient. Et l'inauguration a eu lieu, au centre d'Eryx sur la terre des oubliés. Celle de la fontaine. Le symbole des trois clans, de nos pouvoirs. Tout le monde fut étonné lors de la diffusion des images. »
« Depuis, la cérémonie des étoiles a lieu tous les solstices du mois d'Eldóra, pour célébrer la création des clans »

Between Our Worlds [FINIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant