Chapitre XI

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Mya

Ils nous avaient laissé trois jours de repos, comme pour compenser les épreuves qui se sont continuellement enchainées.
Alors je décidais de prendre du temps pour moi. Dès que le déjeuner fut terminé nous avions dit au revoir à nos amis qui se sont fait éliminer.

— Je te promet que dès le moment où je me fais éjecter de la compétition, je viens te voir. assurais-je à Ilmatar.

— Ne perds pas en faisant exprès, sinon je serai extrêmement déçue. grommela-t-elle.

— Très bien, je ferai des efforts, promis.

Je pris mon amie dans les bras avant de lui dire au revoir devant la porte d'entrée. Elle allait me manquer et j'espérais la voir prochainement.

Je me rendais dans ma chambre, pardon que dis-je, dans mes appartements, et me mis à lire.
Ce n'était pas un livre très compliqué, car la langue de ce pays était l'anglais, mais plus... développée.
Ce n'était pas des années mais des "éclipses". Et quand aux saisons, les leurs avaient des noms bien différents. Comme Arzhel qui m'avait expliqué que le solstice le plus long était celui "du mois d'Eldóra". Ce qui signifiait que décembre pour moi était pour eux le mois de leur première reine.
Quel était la saison actuelle ?
Car je suis partie de mon pays en plein mois de mars, mais nous semblions être en été.

Encore une chose sur laquelle j'allais devoir me renseigner...

En pensant à Arzhel, je le voyais de temps en temps faire ses rondes dans le palais mais je n'avais jamais pu lui parler. C'était dommage...

"Vous pourrez, durant ces jours de repos, visiter en profondeurs le palais, vous balader dans les jardins ou même monter à cheval. Car pour les prochaines épreuves, vous vous aiderez de vos connaissances."

Le discours de Sereia ne m'avait pas choqué, après tout c'était déjà beaucoup qu'elle nous aide pour les premières épreuves au palais. Mais il y a une chose que je n'avais pas retenue. Ils ont des écuries ?!

Je rêvais de monter à cheval depuis que j'étais jeune. Ils étaient si majestueux et forts. Mais moi si faible.
Alors si je venais à tomber d'une telle hauteur, ça aurait des conséquences.
Mais mes parents n'avaient jamais eu à sortir des excuses comme ça, car un "non" suffisait à me faire taire.

Alors je montais sur les créatures seulement dans mes rêves.
Mais aujourd'hui, je pouvais.
Alors je laissais le livre sur la somptueuse table de nuit et filais dans le dressing.
Je restais droite devant, comment allais-je m'habiller ?

Devais-je sonner mes caméristes ? Non je n'allais pas les faire déplacer pour ça.
Alors je pris un pantalon épais noir et un débardeur rouge en satin.
Je me rendis du côté chaussures et trouvais de hautes bottes noires qui étaient étrangement à ma pointure.
C'était vrai que tous les vêtements et chaussures que j'avais portés jusque-là m'allaient toujours parfaitement.

Une fois débarbouillée et habillée je sortis de ma chambre avant de croiser mes femmes de chambre.

— Mademoiselle, pourquoi vous ne nous avez pas appelées ?

— Je n'osais pas, et puis j'ai trouvé ce que je cherchais. leur assurais-je.

— Très bien, amusez-vous bien.

Elles rentrèrent et je pu m'aventurer jusqu'aux écuries.

Cachées dans les jardins, entre deux arbres en fleurs, l'entrée majestueuse des écuries se trouvait là.
Des gardes aux capes similaires à celle d'Arzhel surveillaient les portes. Comme si une valeur inestimable s'y trouvait.

Mais je n'eus pas de mal à y entrer, ils ont juste vérifié mon identité.
Une fois à l'intérieur, j'étais stupéfaite. Tout comme le palais, les écuries étaient entièrement faites de matériaux blancs mais il y avait une multitude de races, dont je ne connaissais pas le nom. Je comptais une vingtaine de box, c'était en même temps immense.
Les arches constituées de pierres marbrées étaient couvertes de verre et de végétation, comme une serre secrète. C'était magnifique.

Les palefreniers évitaient tout contact visuel, comme par crainte. Mais j'osais en interpeller un, après tout il me fallait de l'aide pour pouvoir monter.

C'était un jeune homme à peine plus jeune que moi, paraissait-il, aux boucles vertes et aux yeux de couleur bois. Il ne semblait pas timide mais ne me regardait pas dans les yeux.

— Bonjour, je souhaiterai monter à cheval s'il vous plait.

Un hoquet s'échappa de ses lèvres, avais-je dit une bêtise ?
Il vit mon air étonné et se racla la gorge.

— Veuillez excuser mon impolitesse, je n'avais jamais vu une personne en dehors du palais dans ces écuries.

— Vous parlez sérieusement ? Ni invité, ni amis des princesses ?

— Ce ne sont pas les habitudes de nos invités de monter à cheval... quant aux princesses, elles voient leurs amis dans des lieux plus discrets... alors, vous voir ici m'a étonné. Surtout une participante.

Il me guida vers le fond des écuries et s'arrêta devant un box ou un cheval...spécial s'y trouvait. Les pupilles lilas comme celles de ce cheval... non, pégase, oui il avait bien des ailes, étaient lumineuses et magnifiques.
Il était blanc, tout comme ses ailes et sa crinière.
De l'or montait à ses chevilles, comme d'élégantes lianes.
Je restais émerveillée.

Je comprenais pourquoi l'endroit était tant gardé...
A côté du box était accroché une pancarte en bois "Olympia".

Olympia... Etions-nous dans un monde où l'hellénisme faisait partie intégrante de leurs vies ?
Après tout j'avais un pégase juste devant moi...

— Olympia est notre pégase de confiance, vous ne risquez rien. me rassura le palefrenier en me tendant un casque noir.

Je regardais l'objet et ne sut quoi en faire.

— C'est une bombe, elle servira à vous protéger en cas de chute, il est obligatoire d'en porter même si l'animal n'est pas dangereux. Vous la mettez sur votre tête et vous êtes prête.

Je pris la "bombe" et la positionnait sur ma tête.

— Très bien, maintenant glissez votre pied gauche dans l'étrier et prenez appui pour passer votre autre jambe de l'autre côté de la selle.

Je suivi ses instructions et fis confiance au pégase, après tout une fois là-haut, ma vie dépendra de lui.
Je me positionnais difficilement mais soufflais de soulagement une fois en haut. J'étais sur un vrai cheval ! Enfin.

— Souhaitez-vous que je vous accompagne ?

— Vous m'avez assuré que ce pégase était de confiance ?

— Oui elle est sûre, je parle plus pour vous rassurer.

— C'est gentil de votre part, mais j'aimerai experimenter seule...

Il s'inclina et parti sans dire un mot.
Etrange...

Je sortis par la même porte et découvrais les jardins d'un autre point de vue.
Je n'avais pas eu le temps de détailler chaque centimètre, mais de haut, je pris le temps.

Devant les écuries se trouvait une fontaine entourée de haies fleuries et d'arches soutenues par des colonnes grecques.
Cette fontaine était "ordinaire" par rapport à celle des astres, mais elle était quand même très jolie. Sur trois petits étages elle déversait de l'eau sur des parois blanches et dorées.

Le sol qui l'entourait était bleu et blanc, laissant des formes où l'herbe poussait.
Je restais bouche-bée, cet endroit était un conte de fées.
J'essayais maladroitement de diriger le pégase vers la sortie du jardin/labyrinthe pour se diriger vers les jardins à l'anglaise.

Une longue plaine colorée avec quelques chemins était face à moi. La délimitation s'arrêtait à la forêt, ce qui était très grand.
Je me baladais au milieu des fleurs multicolores et restais ébahie.

— N'est-ce pas magnifique Olympia ?

La jument ailée hocha la tête vivement. Comme si elle m'avait comprise ?

Oui je te comprends, mais je peux uniquement te parler par pensée.
C'est un lien que son cavalier et sa monture peuvent avoir.

Je restais muette.
Je parle à un pégase ?

Mais plus j'y réfléchissais et moins je trouvais ça étrange, après tout, je me trouvais dans un monde des plus fous.

Un monde ? N'est-ce pas ton monde ?

— Non Olympia, mais je t'expliquerai plus tard... Au fait je m'appelle Mya !

Je le sais, je peux aussi lire tes pensées.

Je rougissais, la honte !

Veux-tu expérimenter le galop ?

— Le galop... ? Je n'ai jamais fait d'équitation.

Je suis au courant, mais ne t'inquiète pas, je sais ce que je fais, de plus tu peux communiquer avec moi.

Elle n'avait pas tort. Après tout, c'était peut-être ma dernière occasion.

— Très bien, montre-moi le jardin sous une nouvelle vitesse !

Ahah, tes désirs sont des ordres.

Elle s'exécuta et commença à galoper entre les fleurs et les sculptures des précédents dirigeants.

Je sentais qu'elle voulait voler mais je ne me faisais pas assez confiance, j'étais encore une débutante.

Elle continua jusqu'à la forêt, sur un chemin défini par les gardes. J'avais l'impression de voler, d'être au-dessus de tout. Mais en dessous de ses sabots je sentais le chemin rocailleux. N'était-ce pas dangereux ?

Non, je connais ce chemin par cœur, ne t'inquiète pas.

Je soufflais de soulagement et continuai à en profiter. Après tout ce n'était pas tous les jours qu'on chevauchait un pégase qui lisait nos pensées.

Un tronc d'arbre approchait dangereusement de nous, il barrait bien évidemment la route d'Olympia, et par notre nouveau lien je sentais de l'étonnement.

Il n'était pas censé être là.

— Olympia... ?

Je n'ai pas le temps de m'arrêter, tu vas m'écouter. Accroche-toi bien à ma crinière et garde tes pieds dans les étriers.
Je vais m'envoler car la hauteur du tronc est bien trop élevée pour que tu puisses rester sur mon dos.
Fais-moi confiance.

Je supposais que je n'avais guère le choix. Mais ces conditions me rendaient nerveuse.
Je m'accrochais tant bien que mal à sa crinière et plantait mes pieds dans les étriers comme si ma vie en dépendait.
Mais lors de son envol je sentais mon corps léviter, ceci n'était absolument pas normal.

Pas normal du tout, Mya essaye de revenir sur la selle !

— Je n'y arrive pas ! La gravité est contre moi.

Mes mains, peu avant accrochées à sa crinière, étaient en train de battre dans les airs, tout comme mes pieds qui ont lâchés les étriers.
La chute fut courte, je n'étais pas encore très haute mais assez pour sentir le tronc me frapper en sentant chaque vibration dans mes os.

La jument était passée au-dessus de l'arbre et essaya de m'appeler à travers notre lien.
Mais la chute m'avait étourdie et mes yeux se fermèrent avant même d'avoir vu le museau d'Olympia.

Between Our Worlds [FINIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant