Première Partie - Seul

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Prologue


Le soleil, brûlant et cruel, flamboyait sans discontinuer depuis maintenant des heures.

Impitoyable, il dardait avec joie ses rayons sur les grandes dunes qui créaient le paysage monotone du désert, et plus particulièrement sur l'homme inconscient allongé sur le sable, seulement vêtu de quelques lambeaux de ce qui avaient du être autrefois un jean et une chemise.

Durant toute une journée, l'astre immense veilla sur l'homme, le frappant de temps à autre d'un rayon plus ardent que les autres, dans l'espoir de le réveiller.

Rien n'y fit.

La peau de cet être abandonné, seul en territoire inconnu, rougissait peu à peu, telle une tomate se parant de ses couleurs vermeille, réchauffée par les traits enflammés d'Helios¹.

Un troupeau de dromadaire sauvages passa près de l'humain, qui poussa soudain un râle de souffrance.

Effrayés, les dromadaires s'enfuirent à toute vitesse, blatérant² de peur et de surprise.

Hormis cet accès de douleur inconscient, l'humain ne réagit plus de la journée aux sollicitations silencieuses du soleil et des animaux, ainsi qu'aux alertes de son corps.

Le nuit s'installa dans le désert, remplaçant sournoisement le jour et sa protection contre ses êtres les plus nocifs, qui ne sortent seulement la nuit, par peur de la lumière menaçante et de la chaleur invivable qui régnait durant quinze heures dans cette immensité sableuse.

Quelques mulots, profitant de l'instant de répit que leur procurait l'astre lunaire, sortirent de leurs nombreuses cachettes. Surpris de trouver un humain sur leur territoire, jusqu'ici terre secrète et inviolée, ils lui tournèrent autours plusieurs fois, avant de décider que celui ci n'était pas une menace et de se désintéresser totalement de son sort.

La lune, spectatrice attentive du spectacle qui se jouait chaque jour sur des millions de kilomètres qu'elle illuminait, remarqua soudain un détail intrigant.

Dans le désert, terre secrète de théâtres des plus étranges que jouaient chaque nuits animaux, bêtes et insectes en son honneur, spectacle de la loi de la nature, manger ou être mangé, représentation inévitable et infinie, se trouvait un élément, un détail monstrueux et laid qui n'aurait jamais dû se trouver là.

Une carcasse d'avion, échouée dans le sable telle une bête gigantesque endormie à jamais, reposait au milieu des dunes, masse surprenante de grandeur parmis minuscules êtres déambulant et majestueux monticules sableux.





Helios : dieu du soleil dans la mythologie grecque.

Blatérant : du verbe blatérer, le cri des dromadaires.

CRASHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant