Epilogue - 50 ans plus tard.

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Une main s'approche de lui et le secoue dans son sommeil. Il se retourne, sur ses gardes. Tom le fixe, les orbites vides, le corps noir de putréfaction. Il sait que ce ne s'est pas passé comme ça. Tom à été sauvé. Mais le Tom du rêve le regarde, sourit, puis l'enlace dans une étreinte mortelle. Il se débat, mais rien n'y fait. Il serre de plus en plus sa prise, jusqu'à l'étouffer, il n'a plus d'air, il...

... se réveilla en sursaut, aux prises avec sa couverture.

Pourquoi ce rêve le tourmentait-il à ce point ? Tom était sauvé.

Il ne devait plus y penser.

Il se retourna dans son lit, tirant la couverture au dessus de sa tête, puis ferma les yeux et ne pensa à rien.

Ou du moins, esseya.

Cela faisait plus de six cent lunes qu'il avait été rapatrié par des hommes comme lui. Alors, pourquoi ce rêve le tourmentait encore ? Pourquoi penser à lui lui provoquais un pincement amer au cœur ?

Parce qu'il ne lui avait pas pardonné, réalisa-t-il. Il pensait qu'ils allaient rester encore seuls deux un bout de temps, qu'ils allaient apprendre à se connaître...

Tom l'avait déçu.

Rassenéré de sa mise au pont avec lui-même, il ferma les yeux et s'endormit.




Tom toussa. Il était vieux et fatigué. Son apparence physique ne le laissait présager - d'ailleurs, en langage courant, on pouvait dire qu'il avait bien vieilli - mais il portait sur ses quatre-vingt-cinq ans.

Toute sa vie, il n'avait cessé de penser au désert. Il avait été membre d'une organisation pour préserver la faune et la flore du désert, avant de finir comme employé d'une entreprise écologiste située au Maroc, près du Sahara.

Vieux et fatigué, c'était les mots qui pouvaient au mieux le décrire.

Un cancer du rein le rein le rongeait de l'intérieur depuis maintenant une dizaine d'années.

Il avait tout fait. Chimiothérapie, traitements, tous plus efficaces - et inefficaces au dur et à mesure des années. Il revenait toujours, sournois, vicieux, à l'affût de sa moindre faiblesse.

Tom était fatigué de lutter.

Son dernier vœu avait été de rejoindre le désert, à l'endroit exact où son avion s'était crashé.

Paniqués, ses médecins le lui avait interdit. Bien évidemment, il ne les avait pas écoutés, c'est pourquoi il était à présent dans un hélicoptère. Ils devraient arriver dans un peu moins d'une demi-heure.

Tom n'avait pas chômé et avait toit préparé en quatrième vitesse. Il sentait sa fin arriver, et il voulait finir son existence dans le désert, et pas autrement.






Le diorug avait besoin de remettre ses idées en place. Il croyait avoir démêlé le fil complexe de ses pensées, la veille au soir, mais il n'avait corrigé seulement la face émergente de l'iceberg.

Il prit son bâton et se mit à marcher. Il espérait qu'en voyant l'avion, lieu de la rencontre comme de leur adieu, lui permettrait de se reprendre.








Tom descendit de l'hélicoptère. Il avait prévenu le conducteur de ne pas revenir le chercher. Celui ci l'avait regardé comme s'il était fou, puis avait haussé les épaules. Après tout, il payait.

La chaleur fit monter un infime sourire aux lèvres de Tom. Il contempla l'avion, déambulant sans but parmis les décombres calcinés depuis des dizaines d'années. Sa main effleurait de temps à autre le métal brûlant.

Enfin, las de sa marche, épuisante par cette chaleur, et par sa vieillesse et son état de santé, il choisit de s'assoir dans le sable.

Cette fois, il était vêtu, de solides vêtements coupés longs, qui le protégeraient des rayons dévastateurs d'Helios.

Il était en tailleur sur le sable, respirant profondément. Déjà, la soif se faisait sentir. Il partait, mais il partait le sourire aux lèvres.

Il se souvenait de sa douleur, de sa peur de rester à jamais dans le désert. Mais il avait constaté la folie des hommes, leur vanité, leur égoïsme, et il regrettait maintenant d'être rentré " à la maison".

Enfin, il y était maintenant, c'était le principal.






L'homme du désert approche de l'avion démembré. Il lui semble voir une silhouette s'asseoir. Non, il doit rêver. C'est impossible !

Il marche plus vite.






Tom ouvre les yeux une dernière fois.
Il lui semble distinguer une silhouette qui court à son encontre.

Impossible.

Impossible que ce soit lui.

Non, ce serait trop beau.

Tandis que le diorug court vers lui - car il court, à présent - il sourit largement.

L'homme du désert hésite un instant, puis le prend dans ses bras.

C'est alors que serpent surgit.

Il les mords.

Le sourire aux lèvres, quelques larmes de joie trainant au coin de leurs yeux embués, les deux hommes meurent heureux, avec le sentiment d'être enfin eux-mêmes, de se comprendre.





CRASH - FIN

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