Chapitre 3 : Le commandant

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/!\ il est fait mention de folie due à un grand choc émotionnel et physique, attention aux personnes que cela pourrait choquer. /!\

L'homme se réveilla sous une chaise en fer bien lourde. Il ne pouvait pas bouger, immobilisé par la carcasse du siège.

Que faisait-il là ? Pourquoi n'était-il pas à sa conférence de philosophie ?
Sa conférence de philosophie ... ???
Il se rappelait ! Tom ne put retenir un mouvement victorieux du bras, mais il se cogna fort. Tout lui revenait en mémoire !

Le bruit ne passa pas inaperçu, et la personne plongée dans l'ombre, celle qui l'avait assommé, tourna la tête vers lui, en un mouvement étrangement reptilien.

Tom frissonna. Son ravisseur, reconnaissable à sa tenue de commandant, le fixait étrangement.

Tom essaya tant bien que mal de faire bouger la chaise qui le maintenait à terre, mais en vain. Cependant, il sentit une légère vibration lui indiquant que ses efforts n'avaient pas étés dépensés en vain.

Le commandant déchu de l'avion l'observait toujours.

Son regard dérangeait fortement Tom. Terne, sans éclat hormis celui de ce qui semblait être de la folie... Il lui filait une terreur sans nom.

Se détournant de Tom, le commandant retourna à ses provisions. Les répartissant en plusieurs tas, soigneusement, il donna ensuite un coup dedans, les éparpillant dans la soute. Il s'empressa d'aller les récupérer, avant d'ouvrir les paquets de biscuits, de les émietter et de les répandre aux quatre vents.

Ensuite, il sélectionna quelques bouteilles d'eau qu'il ouvrit, répandant leurs contenu sur le sol.

Tom assistait à la scène, horrifié et impuissant. La chaise appuyait sur son ventre de manière très désagréable et douloureuse, et il respirait difficilement.

Le geste de folie du commandant dura quelques secondes, pourtant il lui semblait avoir duré des heures. Tom avait observé chaque gouttes tombants du goulot de la bouteille, chaque miette éparpillée à terre, tout cela avec un pressentiment horrible : il allait mourir sous cette chaise.

De faim. De soif. Écrasé. Ou encore par maladie ; la carcasse de la chaise, noire de crasse, brûlée par l'accident, devait contenir des milliers de microbes et de bactéries susceptibles d'infecter la plaie.

Tom serra les dents. Il devait tenir. Le commandant dormirait sans doute à un moment où un autre. Il se libérerait de la chaise, même s'il ne savait pas où il trouverait la force nécessaire pour cette action.

Les heures passaient, le laissant de plus en plus faible et pantelant. Il avait cruellement besoin d'eau, de nourriture, d'énergie qu'auraient pu lui procurer les aliments détruits par le pilote.

Tom attendait. Il attendait une opportunité, une chance de s'enfuir. Le commandant devait bien aller au petit coin à un moment où un autre, non ?

Ressassant son plan dans sa tête durant l'attente, il trompait sa faim en se récitant tout ce qu'il devrait utiliser dans l'avion pour passer la nuit.

" Pour le froid la nuit : lambeaux de tissus restés sur les sièges ; pour se défendre : tailler un bout de métal en forme de pointe ; pour survivre : chercher un autre charriot d'hôtesse... "

Un bruit soudain vint l'interrompre dans ses ruminations préparatoires. Tournant la tête vivement, au point de
s'abîmer les cervicales, il eu le temps d'apercevoir le commandant sortir des toilettes de l'avion.

Saisissant l'opportunité de s'échapper, il entreprit de se décaler sur son côté droit. La chaise glissait sur le sol métallique. Il arriva enfin à l'endroit qu'il avait repéré auparavant, une pente suivit d'une encoche dans le sol. Il coinça un pied de la chaise dans ce trou, le cœur battant à tout rompre, terrifié à l'idée que le commandant revienne avant qu'il n'ai eu le temps de s'enfuir.

La lourde chaise de métal oscilla quelque peu avant de se planter dans l'encoche. Soulagé, Tom soupira un bon coup, avant de se remettre au travail.

Tournant sur lui-même, toujours allongé sur le sol dur, il imprima des mouvements de balanciers à la carcasse de fauteuil, désormais chaise, afin de la faire basculer sur le sol.

Enfin, il réussit. La chaise, en tombant, fit un énorme bruit, et le sang de Tom se glaca dans ses veines.

Se figeant sur place, il entendit soudain comme des bruits de pas. Son cœur se remit soudain à battre, et il se précipita vers la sortie.

Avisant un coutelas, contenu dans le kit de survie de l'avion, il le saisit et le glissa dans sa ceinture, vestige ancien de ses vêtements.

Il attrapa aussi au passage une gourde, et, chance, un paquet de biscuits qui avait échappé au massacre général.

Enfin, il sortit des toilettes.

CRASHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant