Chapitre 1 : Recherches et souvenirs

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La lune, baillant de tout son être, s'étira longuement avant d'entamer la lente danse sensuelle de son coucher.

Le soleil débarqua en trombe, astre arrogant et victorieux, illuminant le désert matinal sans retenue, baignant tous les recoins de cette mer de sable d'un éclat lumineux insoutenable.

L'homme ouvrit tant bien que mal ses yeux ensommeillés. Déjà, il ressentait une chaleur intense, bien que l'astre jouant avec l'horizon au lointain venait tout juste de s'élever.

La gorge en feu, ses membres alourdit par sa faiblesse et sa fatigue, il roula tant bien que mal sur lui-même dans le sable brûlant, tentant de se relever.

Son état avancé de déshydratation ne lui permit pas de déplacer son corps gourd, et il retomba lourdement sur le monticule qui s'était formé autour de lui.

Il avait l'impression d'avoir avalé le contenu d'une dune, que des milliers de fourmis s'amusaient à le piquer sur tout son corps, et que des dromadaires dansaient la Sarabande¹ dans sa tête.

Dans un ultime effort de volonté surhumaine, il parvint enfin à se redresser sur son séant.

Portant les mains à sa tête, en un vain effort de faire cesser sa migraine atroce, il essaya de se rappeler d'où il venait, et pourquoi il se retrouvait seul dans le désert ainsi qu'à moitié nu.

Quelques images floues, instant fugace de souvenirs, lui revinrent à l'esprit.

Un avion. Un embarquement. Un livre. Puis le noir total.

Désespéré, l'homme songea qu'il ne se souvenait même plus de son prénom, ni de son métier.

Cette dernière pensée lui fit froncer les sourcils. Il se rappelait du fonctionnement de la société, avec les métiers, l'argent, les bonnes manières... mais pas le plus important : son identité profonde.

Avait-il au moins une famille ? Des amis ? Quelques personnes qui s'inquiétaient pour lui ?

S'examinant précautionneusement, il remarqua de nombreuses brûlures et quelques coups de soleils sur son corps déjà meurtri.

En effet, ce qu'il supposait être un crash aérien lui avait laissé quelques séquelles : une boursouflure violette et écœurante sur son bras gauche, une plaie de moitié ouverte, placée sur son torse, où le sable s'engouffrait avec grand plaisir, et divers hématomes et coupures à des endroits incongrus, tels que son cou, son front, ses aisselles et son fessier.

Il réprima une grimace de douleur, puis tenta à nouveau de se lever.

Protestant vivement, son corps se rebella contre son esprit qui tentait de le faire agir contre son gré et contre sa douleur.

Pantelant, il abandonna pour le moment toute tentatives de se mettre dans la position qui faisait la fierté de l'homme, car par là elle le différenciait des autres animaux.

Soupirant d'abattement, il se passa les mains sur la tête, puis il tenta de chasser le sable de sa blessure, grimaçant douloureusement.

Apres ce qui lui sembla être des heures de soins, ( ces foutus grains de sable étaient un ennemi coriace) il réussit à s'accroupir, puis à passer en position debout. Lâchant un gémissement plaintif, qui lui fit froncer les sourcils, il serra les dents et se mit en route.

Il n'avait pas pu s'éloigner sur une grande distance de l'avion, car il se pensait sans doute à moitié mort après le choc, et le mastodonte volant n'était donc sans doute pas bien loin.

Trainant la patte, sa jambe engourdie traçait un sillon profond et étrange dans le sable. Il se la tenait à deux mains, et son trajet, qui aurait dû durer moins d'un tour de cadran, se transforma bientôt en plusieurs heures, longues et douloureuses.

Pleurant de douleur, les larmes dévalant ses joues creusées par la faim, il croisa enfin un débris qui avait du être un morceau d'aile, qui se consumait toujours.

Cette découverte lui donna un regain de vigueur, et il continua à tracer son chemin dans le sable. Sa souffrance, innommable, ne lui laissait aucun répits.

Malgré cela, son espoir grandissant le poussait à aller voir, toujours plus loin, toujours plus vite.

Peut-être qu'il y aurait des survivants ? Des personnes prêtes à lui venir en aide, qui avaient déjà appelés les secours, qui ne tarderaient plus ? L'avion n'était peut-être pas entièrement détruit...

Enfin il contourna une dune, et son regard se posa sur la carcasse et les cendres de l'avion.




Sarabande : danse passionnée qui vient d'Espagne ( merci Wikipedia)

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