Chapitre 10 : L'après

24 12 17
                                    

Les secours l'avaient repêché et sauvé. Tous s'étaient jetés sur lui afin de lui poser maints questions, le pressant tel un citron mûr.

Mais Tom ne pouvait déclarer quelque chose de satisfaisant, pour les secours comme pour la presse. La seule chose qu'il savait, c'était que ses acquis ne valaient plus rien face à l'expérience que lui avait instruit le diorug.

Il avait assisté à toutes les conférences ou il s'était inscrit, hormis celles des deux premieres semaines, bien entendu. D'ailleurs, Tom avait été choqué d'apprendre qu'il ne s'était écoulé seulement deux cinquante-deuxieme d'une année durant son absence involontaire.

Assis sur une chaise, il écoutait le maître conférencier déblatérer à propos de l'environnement et de la responsabilité des lobbys à travers les époques. Il n'en avait cure. Il rêvassait, pensant encore et toujours à sa rencontre incroyable.

Il repensait au jour où il s'était jeté sur le scorpion, se blessant volontairement. La souffrance qu'il avait ressenti alors... il frissona, rien qu'en y repensant.

Mais ce qui l'avait là plus touché, c'était la sollicitude et l'inquiétude dans les yeux de son sauveur. Il pensait qu'il se chargeait de lui par pitié, mais dans ses yeux, on eut cru qu'il avait fini par l'apprécier...

Ils étaient restés deux jours, deux jours atroces pour Tom, deux jours ou il avait cru mourir des milliers de fois, deux jours infernaux.

Le diorug s'était bien occupé de lui, néanmoins il ne pouvait faire grand chose avec le peu de matériel médical à disposition. Il en était réduit à le veiller, lui apposer des compresses d'eau fraîche sur le visage et à l'aider à se sustenter.

Il était partit chasser, renonçant à partir chercher quelques remèdes indigènes pour Tom, sachant qu'il ne serait sans doute plus en vie quand il reviendrait...

Le diorug s'était substitué à un frère, dans l'esprit de Tom. Il lui serait éternellement reconnaissant.

Il avait appris la patience, il avait appris l'humilité, il avait appris la sagesse avec lui. Sans communiquer, il avait appris à le connaître, et les deux jours pouvons délirait de fièvre lui avaient semblé durer deux mois.

Il pouvait parler pendant des heures du diorug, de sa bonté, de son empathie, de son empressement à le sauver.

Il ne voulait pas repenser à son expression choquée lorsque l'hélicoptère était arrivé. Tom avait alors poussé une exclamation de joie, le trahissant quant au fait de la présence de l'engin volant.

Le diorug avait compris que Tom avait appelé l'hélicoptère, et la douleur, puis le mépris ressentit dans ses yeux étaient plus violents que la piqure du scorpion.

Secouant la tête, il chassa ses souvenirs désagréables. S'il n'avait pas appelé, les secours ne seraient pas arrivés à temps pour le sauver de la piqûre de scorpion... du moins, il tentait de s'en convaincre. Il faisait exprès d'oublier qu'il devait se blesser pour rester à l'avion pour les secours. Il devait croire qu'il avait fait le bon choix.

Soupirant de plus belle, il regarda par la fenêtre du bâtiment. Un croissant de lune pâle se reflétait contre la vitre. Il se demandait si le diorug le regardait lui aussi, et s'il pensait à lui...

Il soupira - encore -. Il n'aurait jamais la réponse.

De l'autre côté du désert, un autre homme contemplait la lune, plein de rancœur. L'homme blanc lui avait mentit. Il l'avait trompé, s'était joué de lui. Il avait cru l'apprécier, pourtant...

Sottises. S'il le revoyait un jour, il lui ferait payer. Pour tout. Pour sa confiance brisée, pour les réserves de nourritures gaspillées pour lui, pour son inquiétude non nécessaire.

Il soupira à son tour. Décidément, il ne pouvait décemment faire confiance à personne.

S'était-il blessé volontairement avec le scorpion, en plus ? Il frissona à cette idée. Provoquer la colère de l'oeil noir - nom redouté du terrible scorpion - n'était pas une bonne idée. Aucun homme sain d'esprit n'aurait tenté cela.

Mais justement, il était ignorant. Et pas très intelligent. Il aurait pu le voir, et se blesser sciemment...

Il ne saurait jamais.

Enfonçant son bâton dans le sol, il se leva, s'épousseta et partit rejoindre sa grotte.

Dans son dos, la lune luisait faiblement, réduite à son état le plus mince. Elle avait contemplé les histoires de ces deux hommes, jouets malgré eux, comédiens pour quelques instants dans l'immense mémoire de l'astre.





Merci de m'avoir lue ! À vendredi !

CRASHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant