Chapitre 2 : Fouilles

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L'avion, autrefois bête magnifique et imposante qui s'élevait et parvenait à défier la pesanteur, par un tour de force incroyable, défiant cieux et dieux, n'était plus qu'à présent un tas de tôle et de métal abîmé.

Néanmoins, la cabine de pilotage, les toilettes à l'arrière et quelques sièges semblaient êtres miraculeusement préservés du crash.

L'avion semblait avoir été saisit par un enfant peu soucieux de ses jouets ; il l'aurait brisé en son centre, ses mains tirant chaque extrémités.

Oubliant presque sa douleur, l'homme se précipita vers les restes intérieurs de l'avion, avant de se raviser.

Il lui semblait avoir entendu un bruit. Aussitôt, son esprit se mit à s'imaginer maints scénarios catastrophes : peut-être que des serpents avaient trouvés dans la carcasse un abri idéal, ou des scorpions à la recherche de nourriture, voire même quelques djinns¹ fantasques et sournois ?

Une pointe d'inquiétude d'insinua lentement en son cœur.

Prenant tout son temp, à l'écoute de ce qui se passait autour de lui, il demeura longtemps immobile, en essayant de saisir le plus infime des sons afin de déterminer si la menace était immédiate.

Apres un long moment sans bouger, il se décida à avancer, prenant toujours plus de précautions.

Sa jambe blessée le lançait horriblement. La douleur pulsait dans sa coupure, souffrance terrible et sournoise.

Au moment où il allait pénétrer dans l'avion, son pied souffrant se prit dans un débris qu'il n'avait pas remarqué, et il s'étala de tout son long dans l'avion.
Le métal, encore chaud du soleil et du crash, lui brûla la peau. Il voulut crier de douleur, mais aucun bruit ne sortit de sa gorge. Décidemment, aucune partie de son corps n'était à l'abri, songez-t-il avec un amusement déplacé. Bientôt il se découvrirait une hémorragie de la rate, ou que avait-il encore, et il pourrait ainsi compléter son palmarès de blessures atroces.

Il se dépêcha de se relever. Avec tout le boucan qu'il avait fait, il ne serait absolument pas étonné que la personne ou l'animal d'où provenait les bruits s'était enfuie, ou au contraire se serait préparé à sa venue.

Choisissant avec soin l'endroit où il posait ses pied, malgré la douleur lancinante de sa jambe et d'autres parties de son corps, comme ses mains ou ses genoux, qui avaient cognés le métal et montraient désormais des rougeurs inquiétantes. Ne disposant pas d'eau pour éviter que la brûlure ne s'étende, il était condamné à ne rien faire et à attendre que cela passe.

Enfin, il entra dans l'appareil. Cette gigantesque masse de métal semblait abriter encore quelques sièges, et l'homme songea avec bonheur qu'il se reposerait bien quelques heures dedans. Avec tristesse, il secoua la tête pour lui même. C'était impossible. S'il voulait survivre, il n'avait pas d'autre choix que de puiser dans sa réserve d'énergie, vidée par la marche et la douleur.

Il s'autorisait néanmoins quelques minutes de repos, et tenta de faire le pont sur sa situation.

Il ne savait toujours pas qui il était. Il savait qu'il était un survivant d'un crash, et l'intuition mystérieuse qui lui avait dit d'aller dans une certaine direction pour retrouver l'avion s'était avérée bonne, et il ne pouvait que se réjouir de cela.

Son corps, maintenant. Sa gorge le brûlait, il avait l'impression d'avoir avalé du papier de verre qui lui était resté au fond de la trachée.

De sa jambe et de son torse pulsait des sensations atroces, et le sable ne faisait qu'aggraver cette souffrance.

Plusieurs coups de soleils lui brûlaient le dos et la nuque, sans qu'il parvienne à les apaiser.

Il mit toute sa volonté dans le fait de se relever, y parvint et entreprit d'inspecter l'avion. S'il parvenait à la cabine de pilotage, peut-être qu'il pourrait se faire un endroit pour passer la nuit... il croyait se souvenir que les températures tombaient très bas lorsque l'astre lunaire daignait se montrer.

Progressant prudemment dans ce qui était auparavant la première classe, il eu le bonheur de trouver un chariot d'hôtesse rempli de bouteilles, ainsi que quelques gourmandises sucrées.

Se jetant sur l'eau, à un point ou on ne distinguait plus l'homme de l'animal, il but goulûment et vida trois bouteilles les une après les autres.

Il lui en restait apres cela cinq et il regretta aussitôt son geste. Il allait devoir se rationner sévèrement.

Tenant les bouteilles au creux de ses bras, il avança vers les toilettes, traversant la zone des passagers de seconde et de troisième classe.

Il se posa soudain la question des autres passagers.

Son regard se posa alors sur un tas de corps qui se consumaient doucement dans la lueur crépusculaire. Quelqu'un les avait tous tirés là en un dernier hommage funèbre. Il frissonna à cette idée.

Poussant la porte des toilettes, tout préoccupé par cette vision dérangeante qu'il avait eu, il ne vit pas l'autre homme se précipiter sur lui et lui asséner un grand coup sur le crâne.

Il ressentit une vive douleur dans sa tête, puis plus rien ; et ce fut le noir.







djinns : esprits néfastes du désert, souvent malins, vicieux et cruels. Loin du djinn dans Aladin !

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