Chapitre I

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Un jour ou l'autre, je savais que je devais prendre cette décision.

Partir ou rester.

Mais dire que j'allais le faire aussitôt...même moi je n'y étais pas préparé. Et ce n'était pas faute d'avoir eu cette discussion avec mon boss.

Me voici en train de préparer mes valises à la va vite à— je regarde rapidement le cadran sur le mur— 16h car mon vol est pour 22h et je ne veux absolument rien oublié ici.

Ayant fini de ranger mes plus belles tenues, c'est-à-dire celles que j'affectionne particulièrement, je file à la douche où je raffle tous mes produits skincare. Autant ceux pour le corps et ceux pour les cheveux que ceux pour le visage.

Me lançant maintenant dans le rangement de mes papiers, pour être sûre de ne rien oublier car oui je suis une grosse tête en l'air par moment, je sors ma liste.
Je suis une magna du contrôle et de l'organisation, tout doit être préparé et exécuté au millimètre près pour que je sois satisfaite.

Je suis rarement surprise par les événements car j'anticipe tout mais pour le coup, je suis une vraie loque. Je ne m'y attendais pas du tout, en même temps il faut le dire, je n'ai pas trop le choix.
Je sors à peine du boulot et il y a à peine trois heure je ne savais pas que je partais aussi loin de chez moi.

Donc il me fallait tout organisé et le long chemin du retour en uber ma bien aidé.

Une fois tous les papiers dans mon porte document, mon ordinateur portable, mon agenda et mes chargeurs dans mon sac, je le pose dans un coin à l'entrée tout comme les cinq valises.
Oui, ça en fait trop mais j'y vais pour un an et deux mois. Je ne compte pas tout racheter une fois sur place.

L'argent ne pousse pas sur un arbre et il tombe encore moins du ciel.

J'allais filer sous la douche quand ça sonne. Soufflant deux secondes, me préparant mentalement pour ce qui va suivre, j'ouvre en souriant.

_ Je suis heureuse de ne pas t'avoir manqué ma chérie — me glisse ma mère à l'oreille après m'avoir prise dans ses bras— ça m'aurait attristée.
_ Moi aussi maman. T'es venu seule?
_ Ton père et Jude sont en bas, ils sont en train d'arriver avec Babi. Tu le connais celui-là avec sa peur des ascenseurs. On ne peut plus rien pour lui .
_ Oui je vois, je rigole, je te sers quelque chose?
_ Un verre de vin ne serait pas de refus.
_ Maman...
_ Rohh c'est bon, elle souffle exaspérée par ma remarque silencieuse, si ici aussi je ne peux plus boire, dit-elle théâtralement, je m'en irai dans un bar. Déjà que ton père en fait tout un plat, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi.

Pour m'épargner un scénario digne de Molière, je retourne dans la cuisine et lui offre un verre avec de la crème de Cassis. J'ai que ça de toute façon.

_ Je n'ai que ça, je dis en le lui tenant.
_ Ça passe.
_ Je vais aller rapidement me doucher, je dis une fois qu'elle s'est installée dans le canapé d'angle.

Pour ceux qui ne l'auraient pas compris, ma mère —Anne Sophie— frise l'alcoolisme, et avec mon père c'est totalement la guerre. Il déteste qu'on tienne un verre d'alcool sans qu'il n'y ait de raison et pour lui, la raison ne peut être qu'un événement. Sans ça toute consommation d'alcool est prohibée.
Techniquement là elle a une occasion de boire. Il ne dira probablement rien mais il lui fera comprendre qu'il n'aime pas. Je crois qu'avec le temps elle est déjà habituée.

Mon père, Landry Koffi, a un très mauvais rapport avec l'alcool. La faute à son paternel qui était abusif dès lors qu'il avait une goutte de ce breuvage des dieux dans son organisme. Par conséquent il déteste cela et vient même à nous interdire mon frère et moi, à respectivement 21 et 24 ans, de consommer de l'alcool.
Bien évidemment nous avons désobéit depuis belle lurette. Quel adolescent digne de ce statut n'a jamais enfreint de règle et plus encore, qui n'a jamais fait son baptême?!

Passant rapidement mon jean, je poursuis par un pull en cachemire marinière, enfile ma paire de cuissarde noire.
J'orne mon poignet gauche d'une montre Swarovski, mes boucles d'oreilles et une bague de la même marque.

Pour ce qui est de mon maquillage, j'applique légèrement du fond de teint liquide que je fixe bien après avoir mis de la poudre libre et un concealer pour me donner un teint glowy alors que pas du tout. Nous sommes en automne et j'ai un teint qui commence à se faire fade pour éviter le terme cadavérique.
Je fais rapidement mes sourcils, arque mes cils, mets du blush, un coup de rouge à lèvre couleur taupe.

Je m'observe dans le miroir, histoire de voir le rendu —parfait— puis je me parfume et soulève mon trench-coat beige.

Une fois dans le salon, Babi saute sur moi. Qu'il va me manquer ce bon gros Mastiff.
Je lui prodigue des caresses en me tenant éloigné et profite à faire la conversation avec ma famille après m'être débarrassée de ses poils sur mon pull.

Deux heures plus tard, nous voici à l'aéroport Paris Charles-de-Gaulle, je commence limite à stresser. Certes toutes les directives m'ont été donné par mon boss mais je flippe. C'est toujours comme ça quand on se lance dans l'inconnu.

_ Tu reviens quand? Me demande mon père après m'avoir embrassé.
_ Je viendrai pour les vacances d'été si tout se passe bien. Sinon j'en ai pour plus d'un an.
_ C'est loin, ton patron il pouvait pas prendre quelqu'un d'autre? Il t'éloigne de ta famille sans préavis ?! Il va m'entendre ce Martin Gentey, et dire que je commençais à l'apprécier.
_ Landry elle revient les vacances, c'est à peine dans 7 mois. N'exagère rien voyons. Tu l'as vu grandir toute sa vie, il fait bien qu'elle découvre autre chose!
_ Toi ta fille s'en va, petite occasion tu rates pas pour boire. Il la toise. Essaye de me déranger ce soir tu vas voir.

Elle détourne le regard. Faisant mine de ne pas l'avoir entendu et se déplace pour trouver place à mes côtés.

_ C'est facile, ton fils préféré reste avec toi, je dis pour la taquiner et détendre l'atmosphère.
_ Encore heureux, participe mon frère. Je pourrais squatter ton appartement du coup, la dinguerie ! Ça va devenir ma caverne d'Alibaba. T'imagine frangine ?
_ Pour ramener tes conquêtes et faire des trucs pas catholiques dans mon appartement? Je penche ma tête sur le côté faisant mine de réfléchir. Sûrement pas frangin.
_ De toutes façons je pourrai y aller et tu ne le sauras même pas. Je t'ai demandé juste pour la forme et puis faudra de temps en temps aéré. Qui le fera si ce n'est pas moi?

Quelques minutes plus tard, vient le temps des au revoir.
Ils furent très émouvant. Ma mère au bord des larmes, mon père fidèle à lui-même se tenant auprès de sa dulcinée . Il n'y a que ce vieil opportuniste de Jude qui avait un grand sourire d'adieu.

Je ne suis même pas encore parti mais je m'inquiète déjà pour mon appartement. Il faudrai que je trouve une solution pour ce dernier.

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