Écoutant à fond ma playlist dance hall, je vous cache pas qu'une grosse envie de bouger mon fessier me prend les tripes.
Je sais, en me voyant j'ai pas la tête de l'emploi. J'ai plutôt l'air danse de salon etc mais non, je suis bien street gyal dans le fond.Mais bon, on se calme. Déjà je suis en plein milieu d'un aéroport en plein escale à NewYork —ce qui m'énerve— ensuite ce serait dommage d'autant shiner comme je shine pour arriver sur mon lieu de travail pas fraîche du tout.
Parce que oui, je dois faire un tour à l'entreprise une fois sur place. Et si j'arrive claquée c'est pas super pour le premier contact.On garde le cap.
Toujours en dansant intérieurement, je lance un œil sur ma montre pour ne pas louper mon avion.
Voyant qu'il est l'heure, je prends mon sac et commence à chercher la porte pour embarquer.Sauf que gros soucis. J'arrive pas à me repérer dans ce gigantesque aéroport qu'est celui de JFK.
Je tourne dans tout l'aéroport pendant quelques minutes puis me stoppe quand je me rends compte que je tourne en rond. Si je ne me calme pas je vais m'énerver toute seule et peut-être louper mon vol.
Faisant un retour sur mes pas, les choses ne s'arrangent pas pour autant.Ça y est ça me gave! Avec tout l'argent qu'il se brasse par année ils auraient pu me prendre un vol direct en classe affaires pour le coup. Mais non, il a fallut que je me tape deux escales en classe éco.
Je souffle, évacuant toute la pression que je taisais depuis un bon moment puis demande mon chemin au premier agent d'escale que je finis par croiser.
_ Le vol en direction de Montréal est pour dans 2h madame.
Super.
Voici maintenant que je ne savais plus consulter un billet. Soufflant et repartant m'assoir à la place que j'occupais depuis le départ, je ne manque pas de m'arrêter au Starbucks du coin. Le seul qui plus est, où le prix de mon café latté me coûte trois fois plus chère que le prix de base.
Comme on dit l'endroit donne de la valeur. Je prie qu'il ait un goût différent de celui que je prends d'habitude, au prix que je l'ai acheté il le faut bien quand même.Je sirote tranquillement mon café, écoutant ma best playlist en consultant également ma boîte mail qui n'arrête pas de siffler, quand une jolie brune vint s'asseoir à côté de moi.
N'y prêtant pas plus attention, je continue de répondre à mes mails. Je suis toute excitée à l'idée de commencer ce chantier, comme toutes les autres fois d'ailleurs.
Je trouve ça particulièrement gratifiant de voir immerger une bâtisse alors qu'au début il n'y avait rien, si ce n'est un étendu de terre.Quelques instant plus tard elle secoue sa main devant moi.
Je retire alors mon AirPods, délaisse les plans de ma tablette pour lui donner toute mon attention._ Je te parlais depuis au moins cinq bonnes minutes avant de me rendre compte que tu ne m'écoutais pas, elle me sourit, tu vas où? Elle demande dans un sublime accent anglais.
_ Je vais à Montréal.
_ Oh c'est chouette ça. Moi aussi! Alessia Rudolph, me dit-elle en me tendant sa main—toute joyeuse— que je saisie.
_ Judie, Judie Koffi.
_ Comme le café ?!Je hoche ma tête de haut en bas doucement, choquée par le rapprochement. C'est la première fois qu'on me la sort celle-là.
_ Enchantée Judie, je suis sûre que tu dois me prendre pour une folle, elle commence en mettant ses cheveux derrière ses oreilles, mais je n'en suis pas une promis. Je t'ai vue un peu perdue tout à l'heure.
_ Oui, j'arrivais pas à retrouver notre vol sur les tableaux.
_ Notre vol a été retardé, y a eu un gros orage. C'est pour ça qu'on attend, histoire que le ciel se dégage un peu.
_ Merci pour l'information, l'agent s'est juste contenté de me dire qu'il était pour dans 2 heures, je suis ravie d'avoir fait ta connaissance mais...
_ Tu seras dans quelle quartier?
_ Le plateau...
_ Oh super! Elle s'exclame, j'y habite aussi, on sera voisine, c'est super j'adore rencontrer de nouvelle personne.Je ne sais vraiment pas comment me comporter avec elle. On a discuté un peu et je lui ai dis que je m'installe pour une longue durée.
Elle est autant excitée que moi à l'idée que j'emménage à Montréal. Et le plus fou dans tout ça c'est que je ne la connaissais même pas avant qu'elle ne vienne s'asseoir près de moi.
C'est fou comme elle est aussi à l'aise avec une inconnue.Après lui avoir signalé gentiment que je devais reprendre mon travail de suite, elle m'a laissé un peu de répit.
Je ne vous cache pas, c'est la première fois que je fais face à une fille qui parle autant. Elle débite un flot de paroles en un lapse de temps record et ce n'est pas pour être méchante mais ça me fait fuir en général ce genre de personne.
Ma seule amie, Coralie est une tombe. Aussi bien au sens propre qu'au figuré.Ma meilleure amie, de son vrai nom Coralie Schneider de son vivant ne parlait pas beaucoup. Elle était du genre introverti mais pleine de vie, et c'est moi qui, dans sa vie était la pipelette pourtant je parle peu.
Mais il a fallu qu'elle fasse la rencontre de Julien pour sombrer. Son amour pour lui l'a poussé au suicide alors qu'elle n'avait que 22 ans.
Ce jour-là j'ai perdu une partie ma personnalité. Celle qui était pour Coralie.C'est devenue ma meilleure amie la première fois que je l'ai vu à la maternelle. Dès cet instant, il n'y a plus eu de photos où nous n'étions pas ensemble. Mais depuis deux ans, c'est bien visible.
Elle n'est plus.Alors autant c'est gentille et touchant de voir que parce qu'elle m'a vue en panique elle tenait à me rassurer à sa manière, autant la boule d'énergie qu'elle transporte est juste...trop énorme pour moi. Je n'ai plus trop l'habitude depuis et c'est trop.
Ça ferait de moi une mauvaise personne si je lui demandais de se calmer pas vrai?_ Je suis trop contente Serg, je me suis fais une nouvelle amie, je vous la présente dès qu'on arrive, je l'entend dire au bout du fil. Oui, les filles vont l'a-do-ré t'inquiète, elle répond quelques minutes après avant de mettre un terme à cet appel.
Puis elle reprend sa place initialement comme si elle ne venait pas de parler de moi juste à l'instant. Elle pianote quelque chose sur son téléphone puis se tourne vers moi.
_ Je sais que je dois te paraître à des années lumière d'être normale mais je suis comme ça. Tu m'as dit que tu ne connais personne ici et comme je suis une bonne citoyenne et déjà ton amie, oui je m'autoproclame ton amie, elle se repasse la main dans les cheveux qui au passage on l'air soyeux, je me dois de t'aider pour que tu t'intègres facilement.
_ Non, Alessia ne te sent surtout pas obligé, je peux me débrouiller seule. Je rigole.
_ Hors de question, elle me prend les mains, je suis ton amie maintenant et je suis contente d'être tombée sur toi, vraiment. Découvrir Montréal seul c'est naze.J'étais touchée par son élan de gentillesse et ne pu faire autrement que d'accepter sa proposition.
_ Mais avant, je dois faire un tour au boulot.
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How it's started
RomanceJudie Koffi est une jeune femme pleine d'ambition à qui la vie a toujours sourie. Sa famille et son travail représentent à eux seuls toute sa vie. Mais elle ignore qu'en immigrant pour le Québec, à l'occasion d'une promotion, son univers changera...