En un mois tout a bien avancé.
Les travaux concernant la maison sont presque achevés. Il ne reste plus que le placement des sanitaires, la pose de la peinture et faire la plomberie.
En tout il nous faudra au maximum trois semaines pour finir. Ensuite on pourra livrer la bâtisse à l'entrepreneur principal, mon client.Sortant de mon lit, j'observe une dernière fois Matt avant de m'en allez pour la cuisine faire notre petit déjeuner.
Je n'aurais jamais cru dire ça un jour mais je plane totalement à l'idée qu'il fasse de moi sa femme. Pas seulement de mots mais d'acte.
Et cette idée me trotte dans la tête depuis peu, depuis que je sens mon départ se rapprocher.Je sais, c'est absurde de vouloir cela et peut être cette idée m'est parue sur un coup de tête et qu'une fois partie je reviendrais à la raison mais la vérité elle est là, je me raccroche comme je peux, avec des rêves, rien de concret au final.
Les moments que nous passons ensemble me manqueront, c'est certain, mais pas plus que sa personne, son petit sourire tout mignon, le son de ses rires, la manière si unique qu'il a de me regarder avec ses yeux miel...je n'arrive pas à croire que je vais devoir laisser tout ça derrière moi et faire comme si rien n'avait été.
Cela m'est impossible.
Je ne sais toujours pas comment est-ce que les choses vont fonctionner une fois de retour sur Paris mais j'espère dans tous les cas que je ne serai pas trop chamboulé.Parce que je sais que ça arrivera.
Vivre pendant autant de temps avec une personne, l'avoir connu aussi rapidement, l'avoir découvert, avoir appris à vivre avec, découvrir chaque recoin de sa personne, sa manière d'agir et de réfléchir.
C'est vrai qu'en un an on a pas assez de temps pour apprendre des personnes qui nous entourent, mais lorsqu'on est aussi proche comme je le suis de Matt –pour qui j'ai l'impression d'être une seconde peau– on pourrait se dire qu'on a passé toute notre vie ensemble.Alors oui, j'ai peur de rentrer.
J'ai peur de laisser tout ça derrière moi.
J'ai peur de devoir me forcer à l'oublier bien que je sache que je ne pourrai pas le faire.
Je cherche une solution mais je n'en trouve pas, je pourrais demander à continuer mon travail ici au Québec mais ce n'est pas moi qui décide.Les conditions de ma venue ici ne me permettent pas d'en attendre d'avantage.
Je suis venue parce qu'il y avait un besoin, le manque de main d'œuvre. On venait de licencier pour faute grave l'ancien chef de chantier et j'étais un peu comme celle qui était libre...qui n'avait pas de chantier pour le moment.
C'est vrai on m'a pris pour mes compétences, mais avant tout c'est parce que j'étais libre.Je ne sais pas ce que je ferai une fois rentrée. Bien sûr je vais continuer de travailler mais j'appréhende la solitude qui m'enveloppera.
Ici j'ai réappris à être entouré, à pouvoir compter sur l'aide de quelqu'un d'autre qu'un membre de ma famille, à avoir des amis.Je n'imagine plus ma vie sans le voir au réveil.
Je n'ai pas toujours rêvé d'avoir cette vie là mais je l'ai trouvé en venant au Québec.
J'ai trouvé l'amour de ma vie, Matthieu, ici au Québec.Je n'aurais jamais imaginé un seul jour que j'aurais eu du mal à me défaire de quelqu'un, ou que pour une histoire d'amour je cherche à changer le cours des choses.
J'ai peur de ce qui suivra et par dessus tout, j'ai peur de le perdre.
J'ai peur de me réaclimater à la France, d'apprendre à vivre une vie où il n'est pas. D'apprendre à faire semblant de ne jamais l'avoir rencontré.
J'ai peur de vivre cette vie sans lui, de devoir m'efforcer à ignorer ce qu'a été ma vie avec lui pour pouvoir me refondre dans le moule français.Aussi fou que cela puisse paraître, je l'aime. J'ai longtemps cru au coup de foudre sans le voir mais maintenant que je le vis...je vais devoir le laisser me filer entre les doigts.
Et cela m'est insupportable.J'ai eu des relations, bon huit pour être tout à fait exacte, mais il n'y en avait que trois qui étaient potentiellement sérieuse.
Et avec lui, c'est mieux que les autres fois.C'est une relation où je me sens épanouie, une relation sans prise de tête, pleine de confiance. Une relation où chacun est libre d'aimer l'autre à sa façon tout en le respectant.
Et surtout, c'est une relation où je comprends pour la première fois la personne en face de moi et que ce sentiment est totalement réciproque. Il n'y a pas un qui fait plus d'efforts que l'autre, on se donne totalement et je sais que nous ressentons la même chose dans le plus profond de nos êtres.J'ai peur de perdre tout en rentrant en France mais malheureusement je ne pourrai pas m'y soustraire. S'il faille que je fasse un choix entre mon travail et lui, je ne saurai pas qui choisir parce que je les aime autant l'un comme l'autre.
Mon travaille parce que c'est ce qui me maintient en vie, c'est mon leitmotiv. J'ai toujours voulu être une femme indépendante, pouvoir subvenir à mes besoins, faire quelque chose qui me plaît, quelque chose que j'aime.
J'aime ce travail aussi dur soit-il, aussi rustique soit-il, aussi manuel soit-il, je l'aime.Matt quant à lui, je l'aime tel qu'il est. Je n'ai rien à ajouter, rien à retrancher. C'est l'homme parfait, l'amour de ma vie.
Ça me brise de m'en rendre compte alors que je vais devoir partir d'ici deux mois.Malgré toutes les simagrées et crises de mon client, mon séjour va devoir s'écourter dès lors qu'on aura livré le chantier. Soit dans trois semaines tout au plus.
Ça me fait mal de devoir tout laisser derrière moi, avoir à l'oublier, renoncer à lui.
J'essaie de me convaincre que c'est pour notre bien mais je n'y arrive pas, parce que ça sonne faux._ Tu veux nous tuer ou quoi ?
Matthieu me sort de ma rêverie. Il s'active autour de moi, m'ôte la poêle des mains et la met dans l'évier. Active la hotte et me regarde en explosant de rire.
_ Je te sais mid en cuisine mais de là à brûler des œufs...
_ Je sais, je souffle passant ma main sur mon front, j'étais à mille lieux d'ici, dans mes pensées.
_ Ne t'inquiète pas, j'ai sentie la fumée, tout va bien. Tu voulais me faire une surprise pour ma promotion même un mois plus tard ?! Il rigole et sors une bouteille de jus et entreprends de nous en servir. On va faire simple, deux bols de céréale. Je sais que tu aimes ça, alors je te propose à côté du fromage blanc et des fraises, il m'embrasse dans le cou.
_ Je...oui mais je voulais te faire plaisir...je suis désolée, je ressens les larmes me monter aux yeux, je ne sais pas ce qui m'a pris de me perdre comme ça.
_ Hey, hey ne t'inquiète pas cœur, ce n'est rien, il se rapproche de moi et me prend dans ses bras, je sais ce qui ne va pas, il caresse ma tête, arrête d'y penser...
_ J'arrive pas, je respire fort, je t'assure j'essaye mais je n'y arrive pas, je me raccroche à lui, je ne veux pas qu'on arrête.
_ On n'est pas obligé d'en arriver là.
_ Avec plus de 5000 kilomètres entre nous je ne vois pas quel autre choix on aurait, je le lâche.
_ On pourra toujours se voir, du reste tu connais ma position par rapport à nous. Il est hors de question que je rompe avec toi, t'es ma moitié, ma tête entre ses mains il poursuit, maintenant est-ce que ce serait possible de se faire ce petit-déjeuner? Je crève la dale, à moins que ce ne soit toi qui est au menu.
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How it's started
RomanceJudie Koffi est une jeune femme pleine d'ambition à qui la vie a toujours sourie. Sa famille et son travail représentent à eux seuls toute sa vie. Mais elle ignore qu'en immigrant pour le Québec, à l'occasion d'une promotion, son univers changera...